les progrès de la levée des sanctions va accélérer les luttes internes de pouvoir en Iran et pousse à l’affrontement avec l’Arabie Saoudite

L’observatoire nucléaire a confirmé samedi soir 16 janvier que l’Iran aurait rempli sa part des obligations liées à l’accord nucléaire avec les six puissances mondiales et que les sanctions pouvaient être levées, alors que John Kerry, Secrétaire d’Etat américain, Federica Mogherini, de l’UE et Mohammad Javad Zarif, des affaires étrangères iraniennes sont restés suspendus depuis tôt le matin, en attente du verdict de l’AIEA, d’une valeur de 100 à 150 millions de $ au bénéfice de Téhéran. La formulation n’a pas explicitement confirmé que l’Iran s’est conformé à tous les termes de l’accord nucléaire ni qu’il avait mis en sommeil l’essentiel de ses centrifugeuses d’enrichissement d’uranium. 

Depuis le commencement, cet accord a été perçu avec une profonde méfiance par Israël, l’Arabie Saoudite et les représentants américains au Congrès. Même si le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest s’est déplacé vendredi pour commenter que « les Etats-Unis veulent s’assurer que l’Iran ne prend pas de raccourcis ». 

Les sources iraniennes et des renseignements de Debkafile rendent justement compte du délai pris dans la publication du rapport de l’observatoire nucléaire international par ces biais que l’Iran tente encore de prendre. Selon nos sources, l’Iran a réussi à esquiver de se mettre en conformité avec les termes centraux de cet accord nucléaire. Neuf tonnes d’uranium enrichi ont bien été transportées vers la Russie, mais la plupart des observateurs experts ont de sérieux doutes à propos de trois autres engagements fondamentaux :

1. Washington et Téhéran ont prétendu que les Iraniens avaient rempli leurs obligations de bétonner le coeur du réacteur d’Arak pour désactiver sa capacité à produire du plutonium. Deux jours plus tard, jeudi, les responsables iraniens ont démenti l’avoir fait : il n’y aurait qu’une opération destinée à le faire croire qui s’y serait déroulée, si jamais elle a eu lieu.

Des responsables associés aux radicaux, les Gardiens de la Révolution iranienne, qui se bat bec et ongles contre l’accord nucléaire, ont commenté ce chapitre en disant que plutôt que de verser du béton dans le réacteur d’Arak, il devrait être versé dans le coeur du Président Hassan Rouhani et du Ministre des affaires étrangères Zarifpour avoir osé négocier cet accord avec les six puissances mondiales.

De tels commentaires atteignent rarement les médias occidentaux. Ils sont cruciaux parce qu’ils reflètent les luttes internes de pouvoir, incessantes à Téhéran, qui sont lourdement alimentées par les thèmes de l’accord nucléaire et des sanctions.

2.  Cet accord stipule que le nombre de centrifugeuses d’enrichissement d’uranium du centre de Natanz devaient être réduites de 19 500 à 5050. Nos sources révèlent qu’au moins 9.000 sont encore opérationnelles actuellement.
3. Il n’y a aucune confirmation que le nombre de centrifugeuses opérant au sein de l’installation souterraine de Fordo ait été réduit à un millier, comme convenu.

Tout-à-fait au courant de ces déviations et entorses, l’Administration Obama a reconnu la semaine dernière que la controverse au sujet des missiles iraniens à capacité nucléaire, testés le mois dernier, est toujours ouverte, en totale défiance à l’encontre des résolutions du Conseil de Sécurité. Cela expose Téhéran à un nouveau train de sanctions, comme certains responsables américains l’ont indiqué.

L’arraisonnement de deux navires patrouilleurs américains par les Gardiens de la Révolution iranienne mardi dernier, avec dix marins à bord contraints de se rendre avant d’être relâchés, était clairement une tentative de dernière minute, de la part des radicaux iraniens pour faire dérailler l’accord nucléaire, avant d’atteindre la date-butoir de samedi.

Ce ne sera pas le dernier épisode de ce genre : les radicaux iraniens sont susceptibles de se lancer dans d’autres actions du même type pour contrer l’accord nucléaire en prenant d’autres cibles américaines en joue et en cherchant à générer des troubles avec l’Arabie Saoudite et ses alliés du Golfe.

Le fait est que les factions radicales de Téhéran ne souhaitent pas que les sanctions soient levées, parce qu’ils les perçoivent comme créditées au bénéfice net du Président Rouhani et de ses conservateurs modérés, ainsi que son principal appui, Hashem Rafsanjani, chef de la puissante Assemblée des Experts. 

 

Le Ministre iranien des finances, Ali Tayyebnia, a donné aux radicaux du grain à moudre, lorsqu’il a déclaré la semaine dernière que même 100 millions de $ de sanctions annulées ne suffiraient pas à sortir l’économie iranienne du pétrin ni à rééquilibrer le budget de l’Etat, par de que l’endettement du pays est bien plus excédent que cette énorme somme d’argent. 

Le bras de fer régional irano-saoudien est un autre facteur capable de bousculer l’accord nucléaire, bien que de façon paradoxale, puisque les prix du pétrole plongeant en-dessous de 30$ le baril, les Gardiens de la Révolution et Riyad ont un intérêt commun à leur effondrement.

Le retour escompté de l’Iran vers un marché déjà saturé – à travers l’annulation des sanctions – conduira les prix à chuter encore plus bas. C’est pourtant ce que ni les Gardiens de la Révolution, qui contrôlent le secteur pétrolier, ni les Saoudiens ne souhaitent voir survenir.

La spirale de l’hostilité lancée par l’exécution saoudienne du chef spirituel chiite prédominant, Nimr al-Nimr,  suivi par la mise à feu et à sac de l’ambassade saoudienne à Téhéran et du consulat à Meshaad, ainsi que la multitude de mesures restrictives dans les liens diplomatiques et commerciaux entre les Emirats du Golfe et Téhéran, pourraient avoir un effet réversif pour la tendance à la baisse des prix du pétrole en provoquant une soudaine poussée. 

Par conséquent, les perspectives peintes en rose par l’Administration Obama d’un accord historique permettant de faire fléchir les capacités nucléaires de l’Iran sont très loin d’être pleinement réalisées.

DEBKAfile Reportage Special, 16 janvier 2016, 8:55 PM (IDT)

debka.com

 

Adaptation : Marc Brzustowski

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