«Juifs d’Orient» revient sur la présence millénaire des Juifs dans les pays du Maghreb.

  • L’exposition se déploie sur 1 100 mètres carrés et constitue un événement culturel de portée internationale
  • Pour le commissaire général de l’exposition, il est nécessaire de sauvegarder ce patrimoine et d’assurer sa transmission aux générations futures

PARIS: L’exposition organisée par l’Institut du monde arabe (IMA) et inaugurée en présence du président de république, Emmanuel Macron, accueillera le public à partir du 24 novembre. 

Intitulée «Juifs d’Orient, une histoire plurimillénaire», elle se déploie sur 1 100 mètres carrés et constitue un événement culturel de portée internationale; il s’agit d’évoquer l’histoire plurimillénaire de la présence des Juifs dans les pays arabes, représentée par deux cent huit éléments: vestiges archéologiques, objets liturgiques, bijoux, costumes et manuscrits anciens, peintures, photographies, musiques, installations audiovisuelles… Issus de collections internationales (France, États-Unis, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Brésil et Maroc), ils attestent de cette cohabitation ancestrale entre les communauté juives et musulmanes.

L’exposition permet en outre aux visiteurs de découvrir l’histoire de cette cohabitation, jalonnée par des périodes de riches créations artistiques et intellectuelles ainsi que par des périodes de violence sporadique.

Benjamin Stora, professeur des universités, historien spécialiste du Maghreb et commissaire général de l’exposition, est originaire de Constantine, en Algérie. Il rappelle que les Juifs étaient présents en Afrique du Nord avant l’arrivée du christianisme et que la langue arabe s’est imposée dans la communauté juive à partir du IXe siècle.

«La communauté juive, au Maghreb, ne parlait plus qu’en arabe, sauf dans certaines régions, où l’on parlait berbère ou latino, un mélange d’espagnol, d’hébreu et d’arabe», nous fait-il savoir, précisant qu’il existait une sorte d’interpénétration de ces trois langues, qui reflétait la cohabitation des deux communautés. Benjamin Stora cite, par exemple, la présence des rabbins expatriés d’Andalousie qui se sont installés à Tlemcen, à Constantine ainsi que dans les autres villes des pays du Maghreb.

Une empreinte indéniable

Pour l’historien, les Juifs ont laissé une empreinte indéniable dans le patrimoine culturel dans l’autre rive de la Méditerranée, notamment en ce qui concerne l’artisanat. «Les membres de ma famille, originaires de Constantine, étaient bijoutiers et fabriquaient des objets en forme de serpents que les femmes portaient lors des fêtes et des mariages», indique-t-il.

French President Emmanuel Macron and President of the Institut du Monde Arabe (IMA), former French culture minister Jack Lang (R) visit the exhibition ‘Juifs d’Orient, Une histoire plurimillenaire’ (Jews of the East, a Multi-Millennial History) at the Institut du Monde Arabe (Arab World Institute) in Paris, on November 22, 2021. – The exhibition runs from November 24 to March 13, 2022. (Photo by Yoan VALAT / POOL / AFP)

Le commissaire général de l’exposition évoque également les affrontements politiques et/ou religieux entre les deux communautés. «La période du colonialisme français et le décret Crémieux de 1870 a marqué la séparation entre les deux indigènes, musulman et juif», explique-t-il. Il ajoute que, avec l’éclatement de la guerre d’indépendance, les Juifs, qui étaient devenus français depuis quatre générations, se sont positionnés aux côtés de la France. La rupture entre musulmans et juifs est alors consommée.

«Préservation de la mémoire»

Benjamin Stora, qui travaille depuis plus de quarante ans sur l’histoire du Maghreb contemporain, a abordé la thématique de la préservation de la mémoire ancienne. «On ne peut pas réduire cette question essentielle aux affrontements sur la question palestinienne, la colonisation ou le départ des Juifs. Il est aussi question de la préservation de la mémoire, qui ne peut attendre le règlement de toutes les questions politiques», déclare-t-il.

Denis Charbit, professeur en sciences politiques à l’Université ouverte d’Israël, membre du conseil scientifique de l’exposition, est en charge de la liaison entre l’IMA, le Musée d’Israël et l’Institut Yad Yitzhak Ben-Zvi. Il estime que cette exposition contribue à la lutte contre l’ignorance. Ce spécialiste de l’histoire juive du XXe siècle rappelle que la présence juive aux côtés des populations arabe et berbère remonte à mille cinq cents ans, voire à deux mille ans.

Néanmoins, il affirme qu’il était nécessaire d’intégrer à l’exposition la rupture et l’exil des Juifs des pays arabes. Si les relations n’ont pas toujours été apaisées, il ne s’agit pas non plus d’un livre noir, explique-t-il.

Interrogé par Arab News en français sur les raisons de cette rupture, Denis Charbit explique que le nationalisme arabe ne s’est pas montré suffisamment intégrateur. «On considérait que les populations juives, qui étaient aussi autochtones, arabes et non musulmanes, ne faisaient pas partie des nations algérienne, tunisienne, irakienne ou yéménite.»

Dans le même temps, Denis Charbit rappelle que, pendant cette période, la naissance du sionisme et la création de l’État d’Israël se sont présentées aux Juifs comme la possibilité d’un départ définitif. D’autres, qui ont bénéficié du projet culturel et linguistique de l’Alliance israélite universelle à Bagdad, au Maroc, en Tunisie, au Liban ou dans d’autres contrées du bassin méditerranéen, se sont exilés en France.

Pour le commissaire général de l’exposition, il est nécessaire de sauvegarder ce patrimoine et d’assurer sa transmission aux générations futures. Il estime en effet qu’«il ne s’agit pas d’une seule histoire, d’une seule religion, d’une seule culture, mais d’une pluralité d’interventions, de cultures, de civilisations de langues, ainsi que d’une circulation de populations».

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«Des passerelles»

Est-ce la fin de l’histoire des Juifs dans le monde arabe? Denis Charbit n’en est pas convaincu. «En Israël, les Juifs possèdent une histoire avec les Palestiniens, même si elle s’écrit dans la tension et dans le sang; des passerelles et des points communs existent», nous confie-t-il. Les Juifs orientaux d’Israël ont un rapport sucré-salé avec leurs pays d’origine, notamment en raison des conditions de départ difficiles, avec ce sentiment d’exil, mais ils ressentent également beaucoup de nostalgie pour leurs histoires, pour la vie sociale harmonieuse qu’ils connaissaient avant.
«Le trou noir de la Shoah n’a pas empêché les Juifs d’Europe de rester en lien avec leur patrimoine européen. Maintenir ce lien est la grande ambition de cette exposition», conclut Denis Charbit.

ARABNEWS

NDLR – On n’y croie ni ses oreilles ni ses yeux. Qui aurait dit il y a seulement 3 ans que l’on parlerait des alliés arabes d’Israël. Qu’ARABNEWS parlerait en ces termes du Peuple Juif. Quelle évolution de l’histoire, en si peu de temps, et tous les signes allant dans la même direction, à savoir le retour d’Israël sur sa place prestigieuse. La Guéoula s’est justement quand un individu ou un peuple retrouve la place pleine et entière, qu’il avait du temps de sa splendeur.

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o.icaros

Ouais, ce n’est pas par hasard que cette exposition a été créée à l’IMA, l’Institut du monde arabe comme si le judaïsme était un sous-produit du monde arabe! Je n’irai pas voir cette exposition car je n’aime pas les manipulations et les duperies.
« Il (Benjamin Stora) rappelle que les Juifs étaient présents en Afrique du Nord avant l’arrivée du christianisme et que la langue arabe s’est imposée dans la communauté juive à partir du IXe siècle. » Drôle d’historien que Stora, l’historien des raccourcis. Il rappelle que les juifs étaient enracinés en Afrique du Nord avant l’arrivée du christianisme mais en omettant de parler de l’islam. Il préfère comparer une religion (christinanisme) à une langue (l’arabe). Pas très historien et on voit bien son parti pris. Un historien a une obligation des mots qu’il emploie. Il parle d’une Afrique du Nord qui n’existe que dans sa tête. Dans la mesure où il parle de cette région dans l’antiquité (référence à l’arrivée du christianisme) il aurait dû parler de Numidie, de Berbérie voire de Tamazgha mais c’est contraire à ses partis pris historiques.

Forceetjustice

Il est vraiment regrettable qu’il n’y ait pas un Institut du Monde Juif en lieu d’un Institut du Monde Arabe pour parler du Monde Juif ! C’est une insulte à la mémoire des juifs qui ont été assassinés par les Arabes musulmans et chassés comme des moins que rien par les mêmes ! Sans oublier la SS Mohamed…les SS musulmans venus de tous les pays arabes servir les Nazis Alors quand je vois ces faux juifs, Lang le pédophile dégénéré et l’historien Trotskyste Benjamin Stora servir « Le Monde Arabo-musulman » cela me fait vomir ! Le même Benjamin Stora petit historien à la solde du FLN Algérien, qui comptait enfant, en Algérie, les terroristes abattus par l’armée française en oubliant volontairement de comptabiliser les victimes expiatoires juives, chrétiennes et harkis victimes civiles et innocentes des terroristes islamiques dans leur quête du Djihad mahométan. A dégueuler ! Macron ne vaut pas mieux….ces gens là ont vendu l’occident aux arabes dès 1973 à la suite de la guerre du Kippour, ils auraient vendus pères et mères pour quelques gouttes de pétrole, ce que n’a pas fait Israël !

Jonas

Pourquoi , l’admirable livre de Georges Bensoussan  » Juifs en Pays Arabes. Le grand déracinement ,1850/1975″. Ed.Tallandier, 2012.n’est ni cité ni pris en compte dans cette exposition? Je pense que G.Bensoussan , parle de la situation des juifs dans presque tous les pays Arabes,et ne se contente pas comme Benjamin Stora de relater uniquement celle des Juifs du Maghreb.

Bonaparte

 » allah yostor  » tu as tout à fait raison .

On aimerait voir dans cette exposition le nombre de Juifs qui restent dans les pays arabes et pourquoi .
Tous ceux qui vivaient à l’origine dans ces pays se seraient bien passés des arabes .

Les relations entre juifs et berbéres étaient bien meilleures .

LE CHAT DORT

Benjamin Stora………………………………….Allah yostor !

et, ce « français » digne de la « californie » 9/3

« NDLR – On n’y croie ni ses oreilles ni ses yeux »

ce serait mieux d ‘ écrire « on n en croit ni ses yeux ni ses oreilles »

faites un effort saperlipopette !!!!!