Il y a 30 ans, la démission de Mikhaïl Gorbatchev marquait la fin de l’Union soviétique

Le 25 décembre 1991, la démission de Gorbatchev entérinait la dislocation définitive de l’URSS.

Les passants sur la Place Rouge enneigée de Moscou le soir du 25 décembre 1991 ont été surpris d’assister à l’un des moments les plus marquants du 20e siècle : le drapeau rouge soviétique, normalement hissé en haut du Kremlin, avait été retiré et remplacé par celui de la Fédération de Russie.

Quelques minutes plus tôt, le président Mikhaïl Gorbatchev avait annoncé sa démission dans un discours télévisé en direct à la nation, concluant 74 ans d’histoire soviétique.

Dans ses mémoires, M. Gorbatchev, aujourd’hui âgé de 90 ans, a amèrement déploré son incapacité à empêcher la disparition de l’URSS, un événement qui a bouleversé l’équilibre des pouvoirs dans le monde et semé les graines d’un bras de fer en cours entre la Russie et l’Ukraine, rappelle l’Associated Press.

« Je regrette toujours de n’avoir pas réussi à ramener le navire sous mon commandement dans des eaux calmes, de ne pas avoir achevé de réformer le pays », a écrit M. Gorbatchev.

Un coup d’État manqué en août 1991 par la vieille garde communiste avait constitué un catalyseur majeur à l’effondrement de l’URSS, érodant considérablement l’autorité de M. Gorbatchev et encourageant les républiques soviétiques à rechercher l’indépendance.

Tandis que le président soviétique tentait désespérément de négocier un nouveau « traité d’union » pour préserver l’URSS, il se heurta à une vive résistance de la part de son grand rival, le leader de la Fédération de Russie Boris Eltsine, qui souhaitait s’emparer du Kremlin.

Le 8 décembre, les dirigeants de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie annoncent la création de la Communauté des États indépendants, rejoints deux semaines plus tard par huit autres républiques soviétiques laissant à Mikhaïl Gorbatchev un choix difficile : démissionner ou empêcher l’éclatement du pays par la force.

Mais selon le leader soviétique, ordonner l’arrestation des dirigeants des républiques aurait pu entraîner un bain de sang en marge des positions divisées au sein de l’armée et des forces de l’ordre.

Le président russe Vladimir Poutine, dont les deux décennies au pouvoir dépassent les mandats de MM. Gorbatchev et Eltsine réunis, a décrit l’effondrement soviétique comme « la plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle ».

L'ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev au siège de sa fondation à Moscou, en Russie, le 9 décembre 2016AP Photo/Ivan SekretarevL’ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev au siège de sa fondation à Moscou, en Russie, le 9 décembre 2016

i24NEWS  25 décembre 2021

Génération post-soviétique: Vitalii Sych, quand la presse ukrainienne délaisse la langue russe

Le rédacteur en chef de NV, Vitalii Sych, en août 2021.
Le rédacteur en chef de NV, Vitalii Sych, en août 2021. © Libre de droit

Fin de notre série sur la chute de l’URSS. Il y a trente ans, l’Union soviétique connaissait ses dernières heures. Aujourd’hui, nous sommes en Ukraine. À la période soviétique, la langue russe s’était largement imposée à Kiev et dans les grandes villes du pays, au détriment de l’ukrainien, relégué dans les campagnes et dans la culture populaire. Mais 30 ans plus tard, après deux révolutions et une guerre entre l’Ukraine et la Russie, la langue ukrainienne connaît un renouveau sans précédent dans l’espace public.

En 2019, le Parlement ukrainien a voté une loi qui impose que la presse écrite soit imprimée avec un minimum de 50 % du contenu en ukrainien. Les groupes de presse ont eu plusieurs mois pour se préparer à l’échéance du 1er janvier 2022, mais Vitalii Sych, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire NV, a estimé que le bilinguisme n’était pas viable.

« D’un point de vue économique, pour nous, ça n’avait aucun sens, ça serait trop cher, les coûts d’impression seraient trop élevés, et on s’est alors dit : pourquoi ne pas prendre une décision radicale et complètement changer de langue ? »

Depuis sa création, en 2014, le titre était publié en langue russe, comme de nombreux médias de presse écrite en Ukraine. « D’abord, j’ai demandé à la rédaction : « est-ce que vous pouvez écrire en ukrainien ? Soyez honnêtes, et pas seulement pour des raisons de patriotisme de façade. » La plupart des journalistes ont répondu oui, beaucoup parlent ukrainien à la maison, même s’ils écrivaient en russe au journal. Certains ont dit que ça serait difficile, mais qu’ils y arriveraient. »

80 % des abonnés et lecteurs réguliers ont soutenu la décision d’imprimer le journal en langue ukrainienne. Et pour cause : en trois décennies, le nombre de personnes parlant ukrainien n’a cessé d’augmenter. « 50 % des Ukrainiens parlent ukrainien à la maison, un quart parle à la fois ukrainien et russe et un quart parle uniquement russe. On note une augmentation de 15 % sur 30 ans du nombre de personnes s’exprimant uniquement en ukrainien à la maison. »

« Il faut une ukrainisation douce pour assurer la construction de notre État »

Âgé de 46 ans, Vitalii Sych a quant à lui grandi à la période soviétique, à Vinnitsya, une ville de l’ouest ukrainophone, où pourtant à l’époque le russe était prédominant.

« Quand j’étais jeune, il y avait 35 écoles secondaires dans ma ville, et seulement deux d’entre elles enseignaient en ukrainien. 1992 a été la dernière année lors de laquelle on pouvait choisir entre le russe et l’ukrainien pour l’examen d’entrée à l’université. L’année d’après, il n’y avait pas le choix, c’était seulement en ukrainien. C’est pour ça que je suis un représentant de l’ancienne génération, qui a été éduquée principalement en russe. »

30 ans après la fin de l’URSS, l’éducation dans un pays indépendant a produit une nouvelle génération qui parle naturellement ukrainien. Cependant, de plus en plus de russophones font désormais un choix conscient et civique de privilégier l’usage de la langue nationale.

« Depuis 2014, un facteur politique est apparu, en raison de l’agression russe. Il y a eu une russification pendant l’Union soviétique, maintenant je crois qu’il faut une ukrainisation douce pour assurer la construction de notre État sur le long terme. Mais il faut admettre qu’il y a beaucoup qui ont plus de 30 ou 40 ans qui parlent russe pour des raisons historiques, et il y a beaucoup de patriotes parmi eux ! Je crois qu’il y avait plus de russophones que d’ukrainophones sur la ligne de front. »

Selon un sondage récent, 70 % des Ukrainiens se disent fiers de leur pays et de leur culture, c’est deux fois plus qu’en 2004. Et ils sont près de 80 % à affirmer que l’ukrainien est leur langue natale, même quand, au quotidien, ils parlent souvent russe.

Par :Stéphane Siohan

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