Giroud, idole d’une France qui gagne?

Notre équipe nationale de football a toujours été le miroir identitaire de son époque.

Traité de «karting» par Karim Benzema qui se prenait pour «une Formule 1», Olivier Giroud incarne aujourd’hui une France unie et confiante, capable de garder son titre de championne du monde, victoire dont le pays a besoin pour se remonter le moral et rayonner dans d’autres domaines que le foot. Tribune libre du président du groupe RN au conseil régional du Centre–Val de Loir.

Mardi 22 novembre 21h30, devant 13 millions de téléspectateurs français, Olivier Giroud vient de marquer son second but contre l’Australie, son 51ème en équipe de France, devenant ainsi le co-meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France avec Thierry Henry. Ce record et la victoire 4-1 pour notre entrée en coupe du monde ont enflammé les réseaux sociaux par un concert de joie et de louanges pour beaucoup, par des moqueries, parfois des insultes pour de nombreux supporters de Karim Benzema. Comme à chaque but de Benzema et Giroud en club ou en sélection, les réseaux sociaux sont surtout le miroir des fractures culturelles entre deux France.

Tout oppose Giroud et Benzema. D’un côté Olivier Giroud, Français à part entière malgré deux grand-mères italiennes, chrétien, discret sur les réseaux sociaux, a une image de gendre idéal. Un joueur, jugé moyen techniquement, qui jouait encore en Ligue 2 à 24 ans avant d’exploser sur le tard à Montpellier et de confirmer ses qualités de pivot et de buteur à Arsenal, à Chelsea, au Milan AC mais surtout en équipe de France.

De l’autre, Karim Benzema revendique lui que « l’Algérie est son pays de cœur, la France pour le sport ». Un jour en qamis islamique, le lendemain dans un clip de rap de Booba avant de jouer ce côté gangsta dans la vraie vie au cœur des affaires Zahia et Valbuena, il incarne une jeunesse française des cités qui mélange ces deux cultures antagonistes. Benzema, dernier Ballon d’or, 60 fois plus de followers sur Instagram que Giroud, star de l’OL à 17 ans, parti très jeune au Real Madrid, le club le plus suivi au monde, se voit comme « une Formule 1 » et Giroud « un karting ».

Leurs profils de jeu n’étant pas complémentaires, très rapidement, une rivalité est née entre les deux joueurs. Après l’exclusion de Benzema en 2015, ses supporters sont rentrés en opposition totale contre l’équipe de France et contre son remplaçant, le trop « franchouillard » Olivier Giroud. Finale à l’Euro 2016, victoire à la coupe du monde 2018, leur haine fut exacerbée par les succès de l’équipe nationale et de son attaquant titulaire.

Des succès que l’équipe de France n’a jamais connus avec Karim Benzema. Élimination au premier tour à l’Euro 2008, quarts de finale en 2012 (0 but pour Benzema dans les deux compétitions), quarts de finale à la coupe du monde 2014 et huitième de finale pour son retour en 2021 à l’Euro. Rajoutez à ça, le record de 20h sur le terrain sans marquer en 2012-2013 opposé au record de buts de Giroud et vous obtiendrez une frustration énorme que les grands succès en club de la Formule 1 ont du mal à compenser.

Avec ces deux joueurs, ce sont deux visions de la France qui s’opposent. La France de Giroud idéalise inconsciemment une identité française homogène culturellement, quelles que soient les différentes origines présentes sur notre sol. Elle aspire à ce que tous les Français se revendiquent de leur nationalité officielle par le cœur et l’esprit, ou du moins ils ne rejettent pas son histoire et ses lois.

La France de Benzema vit sur un territoire sans identité propre mais où différentes cultures que tout oppose cohabitent côte à côte ou face à face. Cette France plus jeune et urbaine a normalisé, dans son vocabulaire, les « wallah » et « frère » qui ponctuent les phrases de Benzema sur les lives des réseaux sociaux. Elle rejette souvent la France traditionnelle et décore ses profils Instagram et Twitter par des drapeaux algériens ou palestiniens, nouveaux signes d’un repli sur soi communautaire banalisé.

Notre équipe nationale de football a toujours été le miroir identitaire de son époque. Dans les années 1950, Raymond Kopa, fils de Polonais, avait un nom et un prénom francisés pour s’assimiler totalement ; dans les années 1970 et 1980, Michel Platini, fils d’Italiens avait un prénom français au sein d’une communauté nationale soudée naturellement. Dans les années 1990-2000, Zinedine Zidane, fils d’Algériens, se sent tirailler entre deux nations. La mise en avant des « diversités » est passée par là mais par son talent, sa mentalité et son respect de la France, Zidane a gagné l’amour de tous les Français.

Aujourd’hui, comme depuis 12 ans, notre équipe nationale est systématiquement jugée et fracturée : trop multiculturelle pour certains, trop française pour d’autres. Le millésime 2022, sans Benzema, penche plus vers la France de Giroud. D’ailleurs, seul Marcus Thuram s’est rendu au chevet de Benzema après l’annonce de son forfait. Le journal L’Equipe révélait samedi dernier qu’« il y a un avant et un après dans la vie de groupe depuis le départ de Benzema. À l’hôtel, l’atmosphère semble plus légère. C’est même un sujet de discussion en interne ou entre les joueurs et leur entourage ».

Après deux victoires convaincantes à la coupe du monde, la France est la première nation à se qualifier pour les huitièmes de finale et ce n’est peut-être pas un hasard. Libéré de Benzema, Kylian Mbappé s’épanouit dans le rôle incontesté de leader sportif de la nation, ce qui lui permet d’atteindre un niveau rarement vu en football. Il pourra compter sur un grand Giroud en attaquant pivot, sur les caviars d’un Griezmann retrouvé mais surtout d’un collectif équilibré et apaisé.

Unie, clairvoyante sur ses forces, fière de son hymne et de son drapeau, la France de Giroud gagne souvent. On ne peut qu’espérer qu’elle l’emportera le 18 décembre prochain pour conserver son titre de championne du monde. Du jamais vu depuis 60 ans, un rayonnement dont notre nation aurait bien besoin pour s’en inspirer dans tous les domaines !

Aleksandar Nikolic causeur.fr

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