France Télévisions : motion de défiance adoptée contre Michel Field

Michel Field

Les journalistes de l’audiovisuel public ont affirmé à plus de 65% qu’ils n’avaient pas confiance en leur directeur de l’information. Ce dernier exclut de démissionner.

«Faites-vous confiance à Michel Field pour diriger l’information à France Télévision?»: Non, ont répondu les journalistes de France 2, France 3 et Francetvinfo. La motion de défiance, soumise au vote ce mardi, a recueilli 65,14% de réponses négatives. Le scrutin a mobilisé les rédactions du groupe public, avec 67,65% de participation.

L’issue de cette motion de défiance ne faisait guère de doute. Le directeur de l’information, nommé en décembre, cristallise les critiques depuis plusieurs semaines. Le flou autour de la chaîne publique d’information, dont le lancement est prévu en septembre, inquiète les journalistes. Francetvinfo s’insurge que cette chaîne soit nommée France Info, créant une confusion avec la radio publique et faisant de facto disparaître une marque forte sur Internet. Du côté de France 2, on s’émeut que l’arrêt des Paroles et des Actes ait été annoncé sur Europe 1 sans que les équipes ne soient prévenues. La rédaction a également vu rouge quand Michel Field a envisagé de confier à une société de production externe la réalisation d’une émission politique en prévision de la présidentielle. La préparation de l’interview de François Hollande dans Dialogues Citoyens a, elle, causé bien des remous.

Pour beaucoup, la prestation de Michel Field dans Le Supplément de Canal + a été la goutte d’eau. La grève du site Francetvinfo «m’en touche une sans faire bouger l’autre», commentait le directeur de l’information. Ce dernier appelait aussi Nicolas Poincaré, le présentateur de Complément d’enquête, «à ne pas se suicider tout de suite» après l’annonce de la refonte de son émission. Une blague qui n’est pas passée en interne. Dans un communiqué, les sociétés des journalistes (SDJ) de France 2, France 3 et Francetvinfo dénoncent pêle-mêle «la désinvolture», «le mépris» et la «grossièreté» de leur patron.

Michel Field a fait son mea culpa samedi dans Le Parisien. Le directeur de l’information reconnaît «avoir eu tort d’adopter une attitude désinvolte sur le plateau de Canal +». «Par ailleurs, j’aurais dû mieux associer les cadres de la rédaction aux décisions que j’ai prises», ajoute-il. Mais pas question de quitter son poste. «Une motion de défiance, c’est un singulier rappel à l’ordre. On écoute ce que cela veut dire et on y répond. Je n’ai pas l’intention de démissionner.» Michel Field entend au contraire «tisser un lien que je n’ai pas su tisser à mon arrivée» avec les rédactions.

Le vote d’une motion de défiance, pratique de plus en plus répandue dans les rédactions, symbolise un ras-le-bol des équipes mais ne contraint pas un dirigeant au départ. «La décision appartient à Delphine Ernotte», la PDG de France Télévisions, affirment les SDJ. Le directeur de l’information est assurément affaibli dans ses fonctions, mais d’autres avant lui ont su se relever d’une telle sanction. L’un de ses prédécesseurs de Michel Field, Thierry Thuillier, avait été visé en 2012 par la rédaction de France 3. Le directeur de l’information n’est parti qu’en juin 2015 pour rejoindre brièvement le groupe Canal +. Le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, avait également essuyé une motion de défiance en avril dernier, alors qu’une grande grève de la radio publique battait son plein. Le mouvement s’était terminé deux semaines plus tard, et Mathieu Gallet est toujours à son poste.

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