« Les banques du Qatar financent directement les organisations terroristes à Gaza » ONG Shurat HaDin à i24NEWS
Mettre le terrorisme à genoux en l’asphyxiant financièrement. Tel est l’inlassable objectif de l’ONG israélienne Shurat Hadin, qui traduit en justice les Etats, organisations et institutions bancaires accusés de financer et de mettre en œuvre les activités terroristes en territoire israélien.
Sur son tableau de chasse, l’Iran, la Syrie, le Hamas, le Hezbollah et l’Autorité palestinienne, mais aussi des banques prestigieuses telles que UBS ou Amex. Avec à la clé, des centaines de millions de dollars de dommages et intérêts obtenus pour les familles de victimes d’attentats. En 2015, la cour de justice de New York a notamment reconnu la responsabilité de l’Autorité palestinienne dans 24 actes terroristes commis en Israël contre des citoyens américains, et condamné Ramallah à verser 655 millions de dollars aux victimes et à leurs proches. Plus tôt en 2012, l’Iran et la Syrie, accusés d’avoir fomenté un attentat suicide à Tel-Aviv en 2006, ont été contraints par la justice de dédommager la famille de Daniel Wultz, un adolescent de 16 ans tué dans l’attaque, à hauteur de 323 millions de dollars.
Le Qatar en ligne de mire
Les batailles judiciaires endossées par Shurat Hadin pour pousser le terrorisme à la faillite se succèdent. Sa dernière cible en date : les banques et organismes de charité du Qatar, accusés de transférer des fonds à la branche armée du Hamas et au Jihad islamique, y compris durant le dernier conflit entre Israël et la bande de Gaza au mois de mai. La plainte a été déposée le 10 juin au tribunal de Jérusalem par l’ONG au nom de 24 familles israéliennes de victimes d’actes terroristes qui réclament 1,2 milliard de shekels de dommages et intérêts (308 millions d’euros). Parmi elles, la famille du petit Daniel Tregerman, quatre ans et demi, tué durant l’opération Bordure protectrice en 2014, mais aussi celle du rabbin Shai Ohayon, tué dans un attentat à l’arme blanche à Petah Tikva il y a près d’un an, et celle de la jeune Ori Ansbacher, 19 ans, violée et assassinée dans une forêt de Jérusalem en 2019.
Pour appuyer sa plainte, Shurat HaDin a fourni à la cour des documents attestant de transferts de millions de shekels provenant du Qatar aux organisations terroristes, ainsi que les comptes-rendus d’interrogatoires de terroristes palestiniens ayant confirmé que les banques et organismes de charité de l’émirat alimentaient un réseau de financement de leurs activités.
Des mécanismes financiers dans lesquels le gouvernement du Qatar est impliqué, puisqu’il possède des liens directs avec certaines de ces banques et qu’il alimente en fonds les associations caritatives incriminées, comme l’explique à i24NEWS la présidente de Shurat HaDin, l’avocate Nitsana Darshan-Leitner.
Ce qui fait la particularité de cette action en justice entreprise par l’ONG, est qu’elle vise aussi à dédommager les victimes en raison de manquements imputés à l’Etat d’Israël, pour avoir autorisé le transfert de fonds qataris dans la bande de Gaza.
« L’attitude du gouvernement israélien est contradictoire. D’un côté, il combat le Hamas, détruit ses fabriques d’armes et ses tunnels, mais de l’autre, autorise le versement d’argent qui lui sert à acheter de nouvelles armes et à reconstruire les infrastructures terroristes », souligne l’avocate. « Israël prétend contrôler à qui vont ces fonds, mais c’est absolument impossible : les transferts se font le plus souvent en espèces et le Hamas a une mainmise complète sur la bande de Gaza. L’argent censé aider les familles gazaouies tombe donc fréquemment entre les mains de ses hommes », ajoute-t-elle.
Quant à la supervision de l’ONU concernant le transfert des prochains fonds qataris, censée garantir que l’argent serve bien à financer la reconstruction dans la bande côtière palestinienne, Nitsana Darshan-Leitner assure qu’il s’agit d’une « illusion ». Elle en veut pour preuve la duplicité de l’UNRWA, « une agence des Nations unies corrompue qui collabore ouvertement avec le Hamas sans jamais condamner ses activités terroristes, et dont les écoles sont le bras de la propagande islamiste antijuive et anti-israélienne », dit-elle.
L’argent, véritable poumon du terrorisme
Si l’argent du terrorisme est visé, c’est qu’il en est véritablement le poumon. « Les organisations terroristes ne peuvent survivre sans source de financement. On l’a bien vu avec le groupe Etat islamique. Pendant des années, les Etats-Unis ont tenté d’en venir à bout en frappant ses membres, ses infrastructures et en assassinant ses dirigeants. Mais la seule chose qui a porté un coup presque fatal à Daesh a été de bombarder les puits de pétrole qu’il s’était appropriés et qui lui assuraient un approvisionnement en fonds continu », affirme à i24NEWS la présidente de Shurat HaDin.
Le Hamas n’échappe pas à la règle, comme l’illustre un épisode relativement méconnu relaté dans le livre Harpoon : inside the covert war againts terrorism’s money masters (Opération Harpon : la guerre secrète contre l’argent du terrorisme) écrit par Nitsana Darshan-Leitner et Samuel Katz en 2017. Selon les auteurs, l’opération Bordure protectrice de 2014 a pris fin à la suite d’un coup très dur porté par les forces israéliennes sur les finances de l’organisation terroriste palestinienne.
Les services de renseignement de l’Etat hébreu avaient en effet appris que les combattants du Hamas, impayés depuis plusieurs semaines, menaçaient de mutinerie et qu’en conséquence, les dirigeants du groupe terroriste avaient lancé un appel de fonds urgent à ses donateurs.
Le 23 août 2014, le Shin Bet a été informé du fait qu’un homme dans la vingtaine traversait le Sinaï avec la somme de 13 millions de dollars en liquide. Muni de quatre valises en cuir, l’émissaire a ensuite emprunté un tunnel fraîchement creusé débouchant dans la bande de Gaza, après avoir envoyé un SMS prévenant de son arrivée.
Pour l’accueillir, une Mercedes noire avec à son bord Mohammed el-Ghoul, le responsable des salaires dans l’enclave palestinienne. Mais alors que l’argent venait d’être remis, un hélicoptère d’attaque de Tsahal a surgi et largué un missile antichar sur le véhicule, réduisant en fumée les millions destinés à payer les combattants des brigades Azzedine al-Qassam.
Deux jours plus tard, le Hamas réclamait un cessez-le-feu à Israël.
AFP PHOTO / GIUSEPPE CACACEVue générale de la capitale qatarie Doha prise le 20 décembre 2019
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