Le développement des facultés cognitives dès le jeune âge peut améliorer la compréhension de lecture des dyslexiques, selon une étude de l’Université de Tel-Aviv

Une étude dirigée par le Dr. Smadar Patael du Département des troubles de la communication de la Faculté de Médecine de l’Université de Tel-Aviv, a montré que le développement des compétences cognitives dès l’âge préscolaire peut aider les enfants dyslexiques à surmonter les difficultés de lecture et à améliorer leur compréhension écrite.

Selon les chercheurs, ces résultats pourront contribuer au développement de programmes éducatifs plus efficaces pour affronter la dyslexie, basés sur des jeux exerçant la réflexion stratégique, la vitesse des réactions et la mémoire.

La recherche, menée en collaboration avec le laboratoire brainLENS du Prof. Fumiko Hoeft de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF), a été publiée récemment dans la revue PLoS ONE.

La dyslexie est un trouble d’apprentissage parmi les plus répandus, qui se caractérise par une difficulté pour ‘décoder’ les formes visuelles et les sons de la langue écrite.

On estime que près de 7% de la population en souffre. Cependant, selon le Dr. Patael, « Il s’avère qu’environ un tiers des enfants dyslexiques présentent une sorte de ‘réaction immunitaire’ qui leur permet de développer un niveau de compréhension de lecture particulièrement élevé malgré leur difficulté à déchiffrer. On les appelle des ‘dyslexiques résilients’.

Plus de matière grise

Pour découvrir ce qui distingue ce sous-groupe, les chercheurs ont examiné par IRM (‘imagerie par résonance magnétique) le cerveau de 55 enfants âgés de 10 à 16 ans, présentant divers niveaux de difficultés de lecture, dont la moitié avait déjà été diagnostiqués comme dyslexiques.

Ils ont trouvé une corrélation entre le nombre et la densité des cellules nerveuses dans l’hémisphère gauche de leur cerveau et l’écart entre leurs capacités de lecture et celles de compréhension.

Les enfants qui lisent bien, mais ont du mal à comprendre ce qu’ils ont lu, présentaient une densité relativement faible de matière grise dans cette région du cerveau; par contre, chez les ‘dyslexiques résilients’, qui ont du mal à lire mais présentent un niveau de compréhension élevé, la densité est forte.

Le phénomène a été constaté en particulier dans la zone du cortex préfrontal dorsolatéral, que l’on peut assimiler à une ‘tour de contrôle’ ou à un ‘chef d’orchestre’ des fonctions exécutives et cognitives du cerveau.

La structure cérébrale en question

« Les fonctions de planification et la mémoire de travail (ou mémoire à court terme) permettent la coordination entre les différents processus de traitement de l’information par le cerveau, et sont essentiels pour l’apprentissage et le fonctionnement quotidien », explique le Dr. Patael.  » Pendant les processus de lecture et de compréhension, il faut retenir l’information, tout en absorbant de nouvelles données que l’on relie aux précédentes. Un cerveau normal réalise tous ces processus complexes presque automatiquement, grâce aux capacités de gestion et la mémoire de travail de la fameuse ‘tour de contrôle’ ».

S’est alors posé la question de savoir si ce mécanisme de résilience existe chez les enfants dyslexiques avant qu’ils apprennent à lire, ou bien s’il se développe plus tard comme stratégie de compensation.

« Nous avons voulu vérifié si ces dyslexiques résilients ont une structure cérébrale qui permette cette caractéristique, ou bien si leur capacité de lecture est le résultat d’une stratégie de compensation qui modifie la densité des neurones dans une région donnée du cerveau », raconte le Dr. Patael.

« Vacciner » les enfants contre la dyslexie

Les chercheurs se sont alors de nouveau tournés vers l’imagerie par résonnance magnétique, scannant cette fois le cerveau de 43 enfants d’âge préscolaire qui n’avaient pas encore commencé à apprendre à lire de manière formelle.

Les capacités de lecture de ces enfants ont été testées trois ans plus tard. Les résultats ont révélé que la densité des cellules nerveuses dans la zone préfrontale dorsolatérale du cortex chez les dyslexiques résilients est antérieure à l’apprentissage de la lecture.

Il est donc possible de prédire le rapport entre les capacités de lecture et de compréhension de l’enfant, avant même qu’il apprenne à lire, et par conséquent de développer des exercices pour ces enfants dyslexiques résilients qui mettent l’accent sur la ‘mémoire de travail’, améliorant par là leur capacité à comprendre les textes.

Pour le Dr. Patael, on peut améliorer les capacités de ces enfants en leur lisant des histoires, même à l’âge scolaire.

« Pendant la lecture, il est nécessaire de s’arrêter de temps pour parler de l’histoire », conseille-t-elle. Elle recommande aussi de « jouer à des jeux de société qui exigent une réflexion stratégique ou des réactions rapides et à des jeux de mémoire, avec ou sans les parents ».

L’entretien des capacités de gestion et de la mémoire de travail du cerveau

Selon elle, les résultats de la recherche pourront s’avérer essentiels pour le développement des programmes éducatifs.

« Aujourd’hui, la plupart des programmes d’intervention pour les enfants dyslexiques travaillent sur l’amélioration de leurs compétences de base en lecture. En outre, la préparation à la lecture des enfants d’âge préscolaire se concentre sur l’apprentissage des lettres et la prise de conscience des sons de la langue.

Les résultats de l’étude, cependant, soulignent l’importance de l’amélioration et de l’entretien des capacités de gestion et de la mémoire de travail du cerveau, à la fois chez les enfants dyslexiques et chez les enfants d’âge préscolaire en général. Ces capacités peuvent ‘vacciner ‘ les enfants contre les conséquences de la dyslexie, soit qu’elle ai déjà fait son apparition, soit qu’elle soit susceptible de se produire avec apprentissage de la lecture ».

SOURCE : site de l’Association française de l’Université de Tel-Aviv

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Soliloque

Apprendre à lire ne consiste pas seulement à déchiffrer des sons et des groupes de sons en mots pour deviner leur sens; c’est avant tout désirer entrer en relation avec l’auteur de l’écrit, et cette entrée en relation se fait à travers l’adulte qui accompagne l’enfant dans son apprentissage et son déchiffrement. L’adulte doit un temps jouer le rôle de l’auteur de l’écrit et lire le texte à déchiffrer avec l’attention de l’enfant.
Je gage que l’on découvrirait moins de dyslexiques par ce moyen, quelque soit les IRM avant et après apprentissage de la lecture.
Le déchiffrement peut être très fastidieux pour l’enfant de 5-6 ans décourageant et contraignant, si l’adulte se contente d’accompagner silencieusement l’enfant dans cette tâche.