Mort à 96 ans d’Esther Bejarano, l’une des dernières survivantes de l’orchestre d’Auschwitz

L’orchestre du camp de la mort d’Auschwitz, composé de 40 détenues, était obligé de se produire lorsque les détenues marchaient vers le travail ou que de nouvelles détenues arrivaient en train. La sœur et les parents de Bejarano ont été tués par les nazis. Elle a été envoyée à Auschwitz à l’âge de 18 ans et soumise à des travaux forcés, jusqu’à ce qu’elle apprenne que les gardes SS cherchaient un accordéoniste pour l’orchestre du camp. Même si elle ne savait pas jouer de l’instrument, elle s’est portée volontaire. Bejarano a ensuite été transférée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück dont elle a réussi à s’échapper.

Esther Bejarano a consacré le reste de sa vie à éduquer les gens sur l’Holocauste. Elle est décédée à Hambourg à l’âge de 96 ans. Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas l’a qualifiée de voix importante dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Bejarano a cofondé le Comité international d’Auschwitz et a prononcé des discours dans les écoles sur sa vie. Elle a également joué aux côtés de ses enfants, jouant des mélodies yiddish et des chansons de la résistance juive dans un groupe qu’ils appelaient Confidence.

Née Esther Loewy, elle est morte à Hambourg des suites « d’une brève et lourde maladie », a confirmé le Comité-Auschwitz d’Allemagne, sans fournir de plus amples précisions. « Nous endurons une grande perte avec sa mort », a écrit le président de la République allemande, Frank-Walter Steinmeier, dans un message de condoléances à ses enfants. « Elle restera toujours dans nos cœurs », a-t-il ajouté, saluant la mémoire d’une « personnalité courageuse qui s’est jusqu’à la fin engagée en faveur de ceux qui ont été poursuivis par le régime nazi ».

« Voix importante »

« Une voix importante dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme est décédée », a également twitté le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, à propos de cette « formidable » personnalité, en soulignant que « sa vitalité et son histoire incroyable » forçaient l’admiration.

De son côté, la candidate des Verts à la chancellerie pour les élections législatives du 26 septembre, Annalena Baerbock, a jugé : « C’est à nous de continuer de nous souvenir et de ne jamais oublier (…) ce que nous ont dit des personnes comme Esther Bejarano ». Née à Sarrelouis, cette dernière avait d’abord été soumise au travail forcé avant d’être déportée à Auschwitz en avril 1943 puis d’être transférée en novembre de la même année au camp de Ravensbrück.*

Ses parents et sa sœur ont été assassinés par les nazis. Après la Guerre, Esther Bejarano avait vécu pendant près de 15 ans en Israël, avant de revenir en Allemagne où depuis des années, elle racontait inlassablement son histoire, notamment dans les écoles.

Très populaire dans son pays

Très populaire dans son pays, elle mettait aussi en garde ces dernières années contre la montée de l’extrême droite, notamment depuis l’entrée en force du parti AfD à la chambre des députés, le Bundestag, en 2017. Figure écoutée, elle a écrit plusieurs romans autobiographiques, s’est consacrée au chant et à ses activités au sein du Comité international d’Auschwitz.

Avec sa fille et son fils, Esther Bejarano fonda le groupe Confidence au début des années 1980 avec des chansons du ghetto et des chansons juives et antifascistes. Elle s’est aussi produite avec un groupe de hip-hop, Microphone Mafia, avec qui elle a effectué une tournée dans toute l’Allemagne.

Née le 15 décembre 1924, Esther Bejarano fut recrutée en 1943 au sein de l’orchestre des femmes d’Auschwitz alors qu’elle ne savait pas jouer de l’accordéon mais seulement du piano. Avec les autres musiciennes, elle était forcée de jouer pour les prisonniers et pour les déportés à la descente des convois. Elle raconta en 2014 à la Deutsche Welle : « Vous saviez qu’ils allaient être gazés, et tout ce que vous pouviez faire était de rester là et de jouer ».

Les déportés sur la rampe de sélection « nous faisaient signe de la main. Ils pensaient sûrement que là où il y a de la musique, ça ne peut pas être si mauvais. C’était la tactique des nazis. Ils voulaient que tous ces gens aillent à la mort sans se battre », avait-elle aussi témoigné. Avec la violoncelliste Anita Lasker-Wallfisch, 95 ans, elle était l’une des toutes dernières musiciennes connues de l’orchestre des femmes d’Auschwitz encore en vie.

Cette dernière, qui vit en Grande-Bretagne, a elle aussi témoigné à de nombreuses reprises auprès des jeunes générations des souffrances endurées dans le camp nazi situé dans la Pologne d’aujourd’hui.

Jforum avec Debka et  Le Parisien avec AFP Le 10 juillet 2021 à 17h01

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