Pourquoi la France devrait faire appel à des centrales au charbon cet hiver

La mise à l’arrêt de certaines centrales nucléaires met sous tension l’approvisionnement français en électricité.

D’ordinaire, la part de la filière charbon dans la production d’électricité en France ne dépasse guère les 1 à 2%. Loin derrière les énergies renouvelables et surtout le nucléaire, largement dominateur (environ 70%). Mais cela pourrait être un petit peu plus dans les mois à venir.

Car le gestionnaire de réseau de transport français d’électricité, RTE, s’inquiète de la disponibilité d’ensemble du parc nucléaire français, « en deçà des minima historiques et notamment de l’année passée », note-t-il sur son site Internet. Le gestionnaire met en avant « les répercussions des confinements de l’année 2020 », mais surtout, « la prolongation ou la mise à l’arrêt des quatre réacteurs des sites de Chooz et Civaux (palier N4) annoncée par EDF le 15 décembre en lien avec l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) à la suite de la détection d’anomalie à proximité des soudures dans le circuit d’injection de secours ». Ces difficultés « privent le système électrique d’une puissance pilotable de 4,5 GW par rapport à la capacité attendue au cours du mois de janvier ». Sans compter la fermeture de la doyenne des centrales, celle de Fessenheim, en 2020.

La situation devrait rester sous contrôle au moins durant la première quinzaine de janvier, compte tenu des conditions météorologiques favorables. RTE n’exclut rien au-delà : « En dernier ressort, le recours à des coupures ciblées de consommateurs demeure une solution à laquelle RTE devra potentiellement recourir en cas de conditions météorologiques difficiles (vague de froid durant plusieurs jours couplée avec une absence de vent en France et dans les pays voisins) ou de nouvelle dégradation des capacités de production, notamment nucléaires. »

Ce que le gouvernement souhaite avant tout éviter. Le recours aux centrales à charbon, fortement limité depuis le 1er janvier à environ 700 heures de fonctionnement sur l’année – 0,7 kilotonne d’équivalents dioxyde de carbone par mégawatt de puissance électrique – pourrait donc être rehaussé à 1000 heures (1 kilotonne d’équivalents CO2), selon un projet de décret du ministère de la Transition écologique, en consultation jusqu’au 20 janvier.

Compensation

La sollicitation d’une filière très polluante, amenée à disparaître, serait de courte durée. Les centrales de Cordemais, en Loire-Atlantique, et celle de Saint-Avold, en Moselle, les deux dernières en activité, pourraient être sur-sollicitées jusqu’au 28 février. A l’Agence France-Presse, le ministère précise que cette décision « ne change pas le calendrier de fermeture des centrales à charbon ». Une promesse du président Emmanuel Macron. Celle de Saint-Avold est d’ailleurs prévue pour le printemps.

La centrale de Cordemais pourrait cependant continuer de fonctionner jusqu’en 2024, en raison du risque de tensions sur le réseau, et le temps que le réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche) entre en service.

Afin de compenser cet écart, le gouvernement souhaite par ailleurs abaisser le seuil annuel de 0,7 kilotonne d’équivalents dioxyde de carbone par mégawatt de puissance électrique à 0,6 pour la suite de l’année. Celui-ci serait remonté à 0,7 au 1er janvier 2023. « Cette mesure est nécessaire pour assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité au regard des alertes de RTE. Elle est proportionnée puisqu’elle permet donc de redonner des marges de production électrique uniquement sur la période hivernale la plus problématique en janvier et février 2022, tout en gardant l’objectif final d’une mise à l’arrêt définitive des centrales à charbon en France métropolitaine », insiste le gouvernement.

Politiquement, la manœuvre fait le jeu des oppositions. A gauche, les verts s’offusquent face contre le recours à une énergie aussi polluante. A droite, Eric Ciotti a dénoncé sur Twitter le « grand bond en arrière et l’affaiblissement énergétique de la France », conséquence d’une « politique anti-nucléaire » menée par Emmanuel Macron. Un message partagé par la candidate LR à l’élection présidentielle, Valérie Pécresse.

M.R. www.lexpress.fr

La France est contrainte de faire tourner à plein régime ses centrales à charbon.
afp.com/Sebastien SALOM-GOMIS

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