Image : l’enfant-Roi Macron, symbolisé par le Sphinx, espère tutoyer l’éternité, s’il parvient à sauver la pyramide Europe des premiers symptômes de l’écroulement…

 

Du haut de cette pyramide, 60 années vous contemplent !

Par Gilles Falavigna

Si le Traité de Rome date de 1957, l’Europe que rejettent massivement les peuples européens  date du traité de Lisbonne en 2009. Ne se sont écoulés finalement que 10 ans.

Jusque-là, la structure politico-économique semblait sous contrôle. Le Politique et l’Economique paraissaient scindés. Nous étions encore sous la Communauté Economique Européenne. Puis vint cette proposition de Constitution. Par référendum, les Français et les Néerlandais dirent NON. Néanmoins, les outils que proposait cette Constitution sont intégralement ratifiés par le Traité de Lisbonne.

L’Union Européenne est un système unique au monde. Fondamentalement, son fonctionnement est d’ordre technocratique. Ses compétences sont déléguées à des commissions qui n’ont pas de représentativité électorale. Cette Europe n’a pas vocation à appliquer la Démocratie. Elle est pensée pour durer mille ans et plus, à l’instar de la seule des 7 Merveilles du monde encore debout : la Pyramide de Khéops. Elle n’a donc aucune intention de donner la parole aux peuples et le Traité de Lisbonne en témoigne.

Comme nous l’indiquions lors des précédents volets sur cette « pyramide », la Réunion du Conseil de l’Europe a été préparée par le Sommet franco-allemand au mois de juin. Les deux thèmes abordés étaient la crise migratoire et le budget pour gérer le budget.

Le sujet de l’immigration est régi en façade par l’intention de créer des « centres de tri de Migrants» au Maghreb. Quant à la question du budget, question absconse, Mark Rutte, Premier Ministre néerlandais, explique qu’il ne comprend même pas ce que cela signifie.

Malgré la tempête, cette Europe maintient son cap. Bien sûr, il y a un certain pragmatisme à vouloir que les centres de tri de Migrants soient sur le sol africain. Mais il ne faut pas sous-estimer le rôle du « dialogue 5+5 », cette organisation en charge des relations entre l’Europe et l’Afrique. Nous avons d’un côté, 5 pays méditerranéens d’Europe et de l’autre côté les 5 pays méditerranéens qui font partie de l’Union du Maghreb Arabe.

Il se profile un arrimage d’un Maghreb global à un ensemble européen. Le Maghreb est économiquement dépendant de l’Europe. Il y exporte les deux tiers de sa production alors que le Maghreb représente 8% des exportations européennes. Cette fixation, partielle, sélective et foncièrement inégalitaire, se manifeste par l’émergence de nouveaux territoires productifs transnationaux liés aux délocalisations d’entreprises européennes, aux zones franches et aux restructurations industrielles consécutives aux démantèlements douaniers, comme au Maroc et surtout en Tunisie, ou aux concessions pétrolières et minières, à rebours des nationalisations des années 1970, comme en Algérie et en Libye.

Ce rattachement de fait se manifeste aussi par le développement d’une agriculture d’exportation renforçant le déficit alimentaire et le surcoût de l’exploitation d’une eau rare. Le développement massif du tourisme, avec des emprises foncières considérables, est une des formes privilégiées de cet arrimage. Il se traduit par une ségrégation socio-spatiale, un remodelage des paysages, un embourgeoisement des cœurs de ville et une patrimonialisation et des reconstructions identitaires normées par la demande touristique. Cet arrimage a aussi pour conséquence un remodelage des métropoles, avec la requalification des centres orientés vers l’attraction des grandes sociétés internationales et l’émergence d’espaces de spécialisation exclusivement tournés vers l’international.

Cette mutation organique de la société arabe maghrébine est un premier élément de perte d’identité.

Mais surtout, les pays du Maghreb sont des pays d’émigration. Sur une fonction globalement de transit, ils deviennent des pays d’immigration. Le problème de l’Union européenne a été exporté en Afrique du Nord qui, de manière factuelle, fait déjà partie de cette Union. Et qu’importe ce que peuvent en penser les citoyens des pays d’Europe. Qui va leur demander leur avis ?

C’est ainsi que positionner les centres de tri de Migrants au Maghreb n’établit pas un cordon sanitaire entre l’Afrique et l’Europe mais parachève l’intégration du  Maghreb à l’Europe. Pourquoi les pays de l’Union du Maghreb Arabe accepteront-ils ? Parce que pour la première fois, ils seront en position de force face à l’Europe en prenant en charge son problème majeur. Ils y perdront leur identité et seront formatés pour intégrer l’Union Européenne. Par ailleurs, l’Islam conquérant en sera renforcé. C’est également une raison pour que l’Union du Maghreb Arabe valide cette option.

Le journal Les Echos invite à réfléchir à l’après-Europe dans l’optique de faire prendre conscience qu’elle peut s’effondrer et ainsi cette réflexion permettrait de faire face à ce qui lui semble être une catastrophe. Le quotidien économique considère que le problème des Migrants concrétise un bouc-émissaire. En bon européaniste, le journal économique énonce le désastre que serait la fin de cette Europe, à savoir la perte de la lutte contre le réchauffement climatique et de la préservation de la paix, dixit ! A aucun moment, l’idée que cette Europe a provoqué les pires catastrophes, du Moyen-Orient à la Libye, ne viendra effleurer leur esprit détenteur de toute vérité.

La Pyramide, quelle merveille ! On croit rêver !

Par ©Gilles Falavigna

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