Du Bataclan à Tel Aviv sur sang. Par Francine Girond


Du Bataclan à Tel Aviv sur sang. Par Francine Girond

OPINION

Encore combien d’assassinats ? Combien de jeunes assis aux terrasses ? Combien d’enfants criblés ? Il faudra encore combien d’attentats, à Paris, à Bruxelles, à Tunis, à Madrid, en Indonésie, peut-être à Maurice, à Jérusalem et à Tel Aviv pour que l’on ouvre enfin les yeux et pour que l’on sorte enfin d’un déni qui a sans doute de bonnes raisons – électoralistes, idéologiques, historiques, économiques ?- d’être entretenu ?Le retour vers un monde où il fera de nouveau bon vivre, vers une société ouverte – vraiment ouverte- où toutes les diversités – à commencer par la diversité homme/femme- auront leur place, passe par 4 conditions simultanées ici en France:

1) une réaction forte de la communauté musulmane ;
2) une remise en question de l’information et de la communication politique;
3) l’affirmation sans ambiguïté du soutien à Israël. ; et forcément
4) une transformation du logiciel économique et entreprenarial

Tous les attentats sont revendiqués au nom de l’islam : c’est la réalité des terroristes. Or, cette réalité n’est pas celle de membres de la communauté musulmane ni d’une partie de ses guides, ces imams qui s’expriment pour condamner sincèrement ces horreurs. Cependant, concrètement, quelles sont leurs actions ? Des mots, des invitations à partager un thé et des gâteaux dans des mosquées sympathiques, la création d’associations inter-religieuses ou, parfois, de soutien aux chrétiens d’Orient. C’est bien. Mais c’est bien peu. Les Français musulmans ne sont pas comptables des actes monstrueux commis au nom d’un islam effrayant et ce serait, en effet, les renvoyer à ce seul marqueur religieux que de leur demander des comptes.

Mais alors, on ne peut à la fois intenter des procès en islamophobie et refuser de prendre ses responsabilités en tant que musulmans. On ne peut pas prévenir contre l’amalgame et, à la fois, défendre les mêmes signes et les mêmes discours vus et entendus dans les dictatures. Tous les Français musulmans ne sont pas islamistes ni défenseurs de l’application de la sharia ; comme tous les Allemands n’étaient pas nazis. Mais si tous les Allemands qui n’étaient pas nazis avaient neutralisé Hitler et accompli des gestes forts, on aurait sans doute évité au moins une partie des monstruosités des camps d’extermination.

La France a perdu son unité: on peut commencer par le déplorer; on peut aussi la reconstruire. On peut surtout faire appel aux intelligences plutôt qu’aux affrontements. La France périphérique délaissée, qui s’abstient ou rejette la politique installée depuis longtemps, serait sensible à la marque visible d’une véritable volonté des autorités religieuses ou communautaires qui interviennent en tant que telles: la demande officielle par les dirigeants musulmans d’expulsion de salafistes et des règles internes claires édictées contre les pratiques quotidiennes intégristes, l’organisation d’un grand meeting, à l’opposé de ceux qui accueillent les discours d’un T.Ramadan, la décision d’une journée « femmes sans voile », etc. seraient particulièrement appréciées et déclencheraient un regain de fraternité.

De même, tous les leaders d’opinion et de communication ne sont pas les militants actifs de l’idéologie qui nourrit ce terrorisme ; mais si toutes ces voix importantes – politiques, médiatiques, universitaires- qui se répandent sur la barbarie infligée aux Parisiens, aux journalistes de Charlie et, du bout des lèvres, aux victimes juives de l’Hyper casher, rapidement aux enfants tués à bout portant à Toulouse et si peu sur le calvaire d’Ilan Halimi, sortaient de la bien-pensance quand il s’agit des attentats commis en Israël et si, d’autre part, elles ne fermaient pas les yeux avec bienveillance, au nom du « vivre ensemble », devant des comportements communautaristes limites, comme le dénonçait le député Malek Boutih, on éviterait peut-être cette complaisance métamorphosable en complicité. La lutte quotidienne contre la désinformation est l’une des clefs pour sortir de ce cauchemar.

Pour exemple, la manière dont BFM a formulé cette nuit : « Attaque sanglante près d’un QG de l’armée à Tel-Aviv… »… l’annonce de l’attentat terroriste islamiste palestinien qui a fait quatre morts civils qui prenaient un verre…

Ensuite, il est grand temps d’adopter une nouvelle attitude envers Israël, à l’Assemblée nationale, à l’ONU, à l’UNESCO, sur les chaines de télévision et à Paris. Entre autres. Que l’on soit Juif ou non Juif.

A-t-on oublié la projection des trois couleurs du drapeau français à Jérusalem, en novembre, sur le Kotel, le mur du Temple de Salomon ?

Au lieu d’appeler à un boycott illégal, au lieu de refaire l’Histoire, de se coucher devant les dictatures islamiques en détournant ses yeux des députés arabes israéliens, d’un parti arabe, qui siègent à la Knesset, de feindre d’ignorer que les subventions destinées à la construction de bâtiments dans Gaza – le territoire palestinien aui a une frontière avec l’Egypte- sont utilisées à la construction de tunnels de plusieurs kilomètres, où des terroristes en mobylette réussissent à franchir la frontière de l’Etat hébreu et à viser des écoles israéliennes, au lieu de croire que la barrière de sécurité est un nouveau mur de Berlin (et qu’il serait d’ailleurs le seul mur au monde!), on ferait mieux, dans les institutions et dans les chaumières, de comprendre que nous avons les mêmes ennemis. Et surtout que nous défendons les mêmes valeurs. Et même, que l’on serait étonnés du nombre Palestiniens qui travaillent, sont éduqués et soignés par Israël. La polémique qui avait entouré l’organisation de « Tel Aviv sur Seine » en août dernier à Paris est un symbole de ce non-sens irrationnel : et si l’évènement avait été maintenu, Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie de Paris chargé de la culture, s’était justifié sur Twitter : « Pas d’amalgame entre Tel-Aviv, ville symbole de la tolérance et de la paix, et la politique brutale du gouvernement israélien »…

On n’en fait pas tant pour l’Iran, la Chine ou l’Arabie saoudite…

Enfin, pour sortir de la victimisation comme de l’absence de perspectives des jeunes adultes qui se tourneraient vers la radicalisation ou ne la condamneraient pas, la réponse doit être politique. Et constructive. La priorité doit être donnée à la formation et la création d’entreprise doit être facilitée. S’il est vrai que certains emplois seront automatisables, d’autres, dans de nouveaux secteurs, seront créés si l’on n’asphyxie pas les créateurs. Si l’on ne les prive pas d’embaucher à cause de l’obligation de l’affiliation au RSI, si les taxes et les normes sont allégées. Si l’on permet à tous, issus des « quartiers » comme du monde rural, d’avoir une expérience internationale, aux côtés de « mentors », comme l’a monté avec succès l’expérience de l’ancien ministre Frédéric Lefebvre « Partez à la conquête du monde ». Si l’on intègre vraiment, intelligemment, le numérique ainsi que les nouvelles économies collaboratives, non pas au détriment des autres mais comme choix alternatif. Et si l’on montre la réalité de la jeunesse israélienne à cette jeunesse française qui s’accroche à la doxa haineuse véhiculée pour la manipuler, alors nos enfants se tourneront beaucoup moins vers les ayatollahs et beaucoup plus vers les start-ups de Tel Aviv.

Mais Tel Aviv est aujourd’hui sous les larmes et dans le sang. Comme Paris, il y a seulement quelques mois.

Francine Girond

Juin 09, 2016

europe-israel.org

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Francine Girond

Merci… nous sommes nombreux chaque jour à tenter d’ouvrir les yeux et les dénis…

Abisror Joel

Bravo Mme Girond ! tout est dit dans votre article , j’espère seulement que vous réussirez à convaincre ceux qui ne comprennent pas ce qui se passe vraiment autour d’eux . Il y a surtout la désinformation des médias en France qui a atteint un niveau de sophistication tel qu’on peut affirmer qu’il s’agit d’une norme absolue .