Pétrole: le front Arabie-Russie est-il en train de se fissurer ?

Les pays de l’Opep + ont convenu de prolonger la réduction de leur production de pétrole afin d’enrayer la chute des prix. Ce qui ne fait pas les affaires de Poutine. 

Réunion sous tension à l’Opep +. Les pays exportateurs de pétrole se sont réunis jusqu’au 4 juin afin d’arbitrer les solutions pour stabiliser les prix. Il en est ressorti, notamment, que dans le prolongement des décisions prises en avril, les baisses de production vont se poursuivre en 2024. L’Arabie saoudite ayant annoncé qu’elle allait réduire ses extractions de brut d’un million de barils par jour dès cet été. Le pays aura, au total, fait baisser sa production de 16 % en un an. Une politique qui devrait faire mécaniquement remonter les prix. Avant la réunion, le baril de Brent se négociait à peine plus de 76 dollars. Une chute de près d’un tiers de son prix d’il y a un an.

Mauvaise nouvelle pour la Russie qui finance sa guerre en Ukraine avec ses hydrocarbures qu’elle brade aux pays n’appliquant pas les sanctions contre elle. La seconde ayant été qu’elle n’a pas été autorisée à augmenter sa production pour compenser. Son rapprochement stratégique opéré avec l’Arabie saoudite a révélé dans ce dernier round de discussions leurs intérêts divergents. Pas de rupture mais pas de lune de miel non plus. Les discussions se sont prolongées à Vienne un week-end entier dans de multiples tensions entre les parties présentes. Le compromis n’a pas été simple à arracher. Des médias, comme Bloomberg ou le Wall Street Journal, ont été interdits d’accès, sur fond de tiédeur entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis.

Tensions

Des pays africains ont plusieurs fois failli claquer la porte des négociations. L’Angola, le Congo et le Nigeria n’ont notamment pas apprécié que les Emirats arabes unis aient, eux, obtenu un relèvement de leurs quotas de pétrole brut. Au final, et depuis des mois, l’action de l’Opep + n’a pas eu l’effet escompté sur les marchés pétroliers. En France, la pression sur les prix à la pompe est retombée et, globalement, le pétrole continue de baisser malgré les réductions successives de production. Le baril à 100 dollars disparaît des projections des analystes, alors qu’il était monté jusqu’à 110 dollars à la suite de l’invasion de l’Ukraine. On peut même imaginer qu’ils ne retrouvent jamais ces niveaux alors que la transition énergétique progresse et s’impose au monde.

JForum avec Les Echos

 

 

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