Des Révoltes juives contre Rome à la destruction du Temple

Les révoltes juives anti-romaines

Soixante ans après la mort d’Hérode éclate un soulèvement général des Juifs. La présence romaine étant devenue insupportable, l’agitation entretenue par les nationalistes juifs anti-romains ou sicaires prend une grande ampleur.

En 64-66, le procurateur romain de la Judée, Florus, vole 17 talents d’or dans le trésor du Temple ce qui déclenche une réaction populaire.

Très rapidement par dérision, une quête est organisée dans les rues de Jérusalem pour le « pauvre procurateur ».

Furieux, Florus envoie ses troupes qui se livrent dans Jérusalem à de sanglants combats. Mais les Juifs se défendent avec courage : Florus doit battre en retraite et retourne à Césarée. Cette insurrection, modeste, encourage les partisans de la lutte ouverte contre les Romains, les Zélotes.

D’une lutte contre Florus certains vont se tourner vers le combat contre la domination romaine ; des Zélotes s’emparent de la forteresse de Massada et massacrent la garnison romaine. Le fils du Grand Prêtre, refuse d’apporter le sacrifice quotidien offert en l’honneur de l’empereur. Ce sont les points de départ de la révolte.

La guerre va durer plus de trois ans. En 69 après avoir conquis la Galilée, le Golan et le reste de la Judée, le général Vespasien est élu empereur et laisse à son fils, Titus, le soin de prendre Jérusalem.

La prise de Jérusalem par les Romains

Titus installe son camp au mont Scopus. Malgré une défense acharnée des Juifs affamés, il fait une brèche dans le troisième rempart, celui d’Agrippa I, puis le deuxième rempart tombe sous les coups de béliers des assaillants.

Les Juifs se réfugient alors derrière le mur le plus ancien, prêts à mourir plutôt que de céder. Titus fait construire un mur à l’extérieur de ce dernier rempart pour affamer davantage la population. Il essaie d’entrer en relation avec les Juifs  par l’intermédiaire de Flavius Josèphe.

Après la chute de la forteresse Antonia, les Juifs se retranchent dans l’enceinte du Temple qu’ils croient inexpugnable. Le siège est rendu plus terrible encore par la famine ; les assiégés qui essaient de s’échapper de la ville, sont pris par les Romains, éventrés ou crucifiés.

« Il y en avait tellement qu’on manquait de place pour les croix et de croix pour les corps.

Quand l’armée n’eut plus rien à tuer ni à piller, faute d’objets où assouvir sa fureur – car si elle avait eu de quoi l’exercer, elle ne se serait abstenue par modération d’aucune violence

– Titus lui donna aussitôt l’ordre de détruire toute la ville et le Temple, en conservant
cependant les tours les plus élevées, celles de Phasaël, d’Hippicos, de Mariamme, et aussi
toute la partie du rempart qui entourait la ville du côté de l’ouest. Ce rempart devait servir
de campement à la garnison laissée à Jérusalem ; les tours devaient témoigner de l’importance et de la force de la ville dont la valeur romaine avait triomphé.

 

Tout le reste de l’enceinte fut si bien rasé par la sape que les voyageurs, en arrivant là, pouvaient douter que ce lieu n’eût jamais été habité. Telle fut la fin de Jérusalem, cité illustre, célèbre parmi tous les hommes, victime de la folie des factieux», rapporte l’historien juif Flavius Josèphe, alors reconnu, interprète par les Romains.

Après plusieurs semaines de combats effroyables, le second Temple est incendié, à la date anniversaire de la destruction du premier, les 9 et 10 du mois d’Av. Plusieurs centaines de milliers de Juifs sont massacrés ou emmenés en esclavage à Rome.

L’arc de Titus à Rome commémore la victoire romaine contre les Juifs. Il ne reste de la ville qu’une muraille de soutènement, le mur occidental, qui devient alors le « Mur des Lamentations ».

Aucun événement n’a autant marqué la mémoire juive pendant près de deux millénaires que la destruction du Second Temple. Tous les courants du Judaïsme sont éliminés par la violence de la guerre.

La dernière révolte juive

Soixante ans après la grande révolte juive, sous le règne de l’empereur Hadrien, une seconde grande révolte juive éclate. Lorsqu’il prend la charge suprême de l’empire romain, à 42 ans Hadrien se considère comme le meilleur défenseur de la civilisation gréco-romaine.

A la suite de sa visite en Judée, il prend des mesures antijuives. La première année de la guerre, les révoltés conduits par Bar Kokhba enregistrent des victoires contre les armées romaines : un semblant de service est rétabli sur les ruines du Temple.La riposte romaine est terrible, l’empereur Hadrien vient lui-même en Judée : Jérusalem est reprise et les Juifs atterrés par cette nouvelle se replient vers la Mer Morte, Massada et Bétar.

En 73 la révolte continue, des juifs se retranchent à Massada qui est prise et détruite par les Romains

 Les Romains pourchassent les Juifs et leurs familles réfugiées dans les grottes et toutes les poches de résistance sont vaincues.

Jérusalem est alors complètement rasée. Débaptisée, elle porte désormais le nom romain d’ « Aelia Capitolina » où un temple est dédié à Jupiter sur l’emplacement du Temple des Juifs qui n’ont plus le droit d’entrer dans la Ville sous peine de mort, la Judée désormais baptisée Palestine, est désertée.

Pendant ce temps, le centre de la vie juive se reconstitue en Galilée autour de rabbins et d’érudits installés à Safed, Tibériade et Zippori où ils rédigent le Talmud.

Après la première révolte juive, le Talmud de Babylone raconte que Johanan Ben Zakkaï serait parvenu à sortir de Jérusalem caché dans un cercueil. Il obtient de Vespasien, futur empereur, l’autorisation de fonder une école rabbinique à Yavné.

Avec ses successeurs, il va refonder un Judaïsme privé du Temple et de tout pouvoir temporel : élaboration de la Mishna (codification de la loi orale), du Talmud dont celui de Babylone dépasse en renommée celui de Jérusalem.

Un des deux Talmud est appelé Talmud de Jérusalem, alors qu’il a été rédigé en Galilée. Le nom qui a été attribué à ce Talmud marque l’engouement qu’éprouvent ses rédacteurs envers la Ville sainte.

Désormais, ce sont les docteurs de la Loi qui vont être les régulateurs de la religion juive. Jérusalem n’est plus qu’un vœu et un symbole d’espérance.

Pendant deux siècles, Jérusalem demeure une cité païenne. Si Jérusalem cesse d’être alors la capitale d’un état juif, durant le temps de la perte d’indépendance nationale, la ville demeure malgré tout le centre de la foi religieuse.

Pendant plus de 300 ans il est interdit aux Juifs d’entrer à Jérusalem ou même de s’en approcher sous peine de mort. Saint Jérôme, violemment anti-juif, témoigne déjà au IVesiècle, de l’habitude des Juifs de venir pleurer le long du mur :
« Jusqu’à ce jour, ces locataires hypocrites ont l’interdiction de venir à Jérusalem, car ils sont les meurtriers des prophètes et notamment du dernier d’entre eux, le Fils de Dieu ; à moins qu’ils ne viennent pour pleurer car on leur a donné permission de se lamenter sur les ruines de la ville, moyennant paiement ».

Pour illustrer notre réflexion, on relate cette histoire mettant en scène le célèbre Rabbi Akiva qui a soutenu l’une des dernières révoltes juives anti-romaines dirigée par Bar Kochba.
Rabbi Akiva, raconte le Talmud, passa un jour avec ses élèves près du Mont du Temple, quand ils aperçurent un renard qui rôdait sur l’emplacement du Saint des Saints. Les compagnons de Rabbi Akiva fondirent en larmes, mais Rabbi Akiva sourit :
« Pourquoi ris-tu ? » lui demandèrent-ils. « Et pourquoi vous, pleurez-vous ? ». « Nous voyons l’endroit où seul le grand Prêtre avait accès hanté par les renards et nous ne pleurerions pas ? » « C’est pour cela, répond Akiva que je ris. Si la menace divine de détruire son sanctuaire s’est bien réalisée, sa promesse de le reconstruire plus beau qu’avant s’accomplira certainement aussi » et les autres de s’écrier « Akiva, tu nous as consolés ».

Cette anecdote contient les thèmes majeurs de l’histoire : la splendeur, la destruction et la renaissance du monde juif.

Adaptation par Jforum

Le Prophète Jérémie a écrit son livre des Lamentations et nous psalmodions encore aujourd’hui le texte qui commence par « Ekha, Hélas ! Comme elle est assise solitaire, la cité naguère si populeuse ! Elle si puissante parmi les peuples, ressemble à une veuve ; Elle qui était souveraine parmi les provinces, a été rendue tributaire ! »

Aujourd’hui, malgré le retour d’Israël sur sa terre, La destruction du Temple de Jérusalem reste un événement vivace dans notre mémoire et notre cœur, un deuil et seule la reconstruction du troisième Temple pourra rédimer totalement notre Histoire !

ליבי במזרח
MON CŒUR POEME de YEHOUDA HALEVI
Traduction Jacky Lavauzelle
ליבי במזרח ואנוכי בסוף מערב –
Alors que mon cœur se trouve au levant, je me trouve au couchant
איך אטעמה את אשר אוכל ואיך יערב?
Comment avaler mon repas, comment l’apprécier ?
איכה אשלם נדרי ואסרי, בעוד
Comment faire face à mes engagements, à mes obligations
ציון בחבל אדום ואני בכבל ערב?
Quand Sion à la croix s’attache et
quand ma corde au croissant est prise ?
ייקל בעיני עזוב כל טוב ספרד,
Tout oublier, tout abandonner et l’Espagne et ses abondances
כמו ייקר בעיני ראות עפרות דביר נחרב!
Mes yeux tant veulent contempler la poussière du sanctuaire désolé !
***************** A.B

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2 Commentaires
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Moshe

Merci pour ce magnifique article d’Histoire!!! Je n’avais que des connaissances parcellaires…

stevenl

The destruction of the Temple was day ONE of Zionism!