Nous avions pointé cette responsabilité turque dans l’arrestation de membres de ses services secrets, le MIT, le 16 juillet :

Analyse: des empreintes turques dans le sable du Sinaï?

L’Egypte soupçonne la Turquie de participer activement à l’insurrection islamiste contre le président al-Sissi

Le Caire – Même si ses diplomates ont invité Ankara à assister à la cérémonie d’inauguration du nouveau canal de Suez le 6 août, l’Égypte, qui a d’abord vaguement parlé de “soutien étranger” dans l’insurrection du Sinaï, suppose aujourd’hui que ce serait la Turquie qui aurait fourni de l’aide à Ansar Bayt al-Maqdis.

Les responsables de la sécurité en Egypte sont convaincus que les armes utilisées et les prouesses tactiques observées lors de l’attaque de jeudi contre le bateau de patrouille américain près de Rafah ainsi que les deux jours de siège d’Ansar dans la ville de Sheikh Zoweid dépassent les capacités du réseau de marchandise et de personnel déployés par l’Etat islamique depuis la Libye en passant par la Syrie et l’Irak.

Les médias du Hamas à Gaza ont été les premiers à publier des images de l’attaque du 16 juillet contre le bateau de patrouille et les opérations de sauvetage de la marine égyptienne. « Nous sommes confrontés à des organisations de renseignement qui ont choisi le moment et préparé l’attaque et les éléments qui l’ont exécuté pour confronter l’Etat égyptien et son armée », a déclaré le major-général Hisham El-Halaby au quotidien semi-officiel Al Ahram après des attaques menées plus tôt ce mois-ci à Sheikh Zoweid.

El-Halabi, qui enseigne au Collège de la Défense nationale, a ajouté qu’Ansar Bayt al-Maqdis dans le Sinaï a démontré par cette attaque un accès à des explosifs anti-aériens et C4 que ne possédaient apparemment pas les combattants islamistes qui ont mené des opérations dans d’autres parties de l’Egypte.

Une semaine après la féroce bataille à Sheikh Zoweid, qui a exigé du Caire le déploiement d’avions de combat F-16 et de troupes d’expédition à partir de l’est de la région du canal, des sources militaires égyptiennes ont affirmé avoir capturé des agents de renseignement turcs travaillant aux côtés du groupe État islamique (EI) dans le Sinaï.

Le site d’information Egypt Daily a fourni les noms de huit présumés détenus étrangers, dont quatre ressortissants turcs identifiés comme étant Ismail Aly Bal, un colonel de l’Organisation nationale de Renseignement d’Ankara et coordonnateur des opérations dans les champs de bataille, ainsi que les agents Diaa El Din Mehmet Gado, Bakoush Al Hussaini Youzmi et Abd Allah Al Turki.

Bien que le ministère turc des Affaires étrangères ait condamné les attaques à Sheikh Zoweid et que l’ancien président de la Turquie Abdullah Gull ait exhorté son successeur Tayyip Erdogan à poursuivre une politique « plus réaliste » envers le dirigeant égyptien Al Sissi, Le Caire n’apprécie pas du tout le partenariat d’Ankara avec le mouvement interdit des Frères musulmans et avec le Hamas à Gaza, organisations dont certains éléments sont liés selon l’Égypte à la branche de l’EI dans le Sinaï.

Nonobstant les condamnations pro forma de la violence, Istanbul est devenue une base pour la planification militaire et la communication politique de la Confrérie et du Hamas. Amr Darrag, co-fondateur du parti Liberté et Justice aujourd’hui dissout, travaille à partir de la métropole turque tout comme Saleh Arouri, coordonnateur principal pour l’aile militaire du Hamas. Les diffuseurs islamistes, Al-Sharq, Egypte Now et Rabba TV sont basés à Ankara et à Istanbul. Certaines sources de renseignement égyptiennes allèguent que la Turquie a fourni des passeports à des combattants de l’EI.

« Ces accords ont eu lieu en Turquie via des figures importantes de l’organisation internationale des Frères musulmans. Ils sont tous partenaires dans les attentats terroristes », a accusé le général Talaat Moussa, ancien chef du renseignement militaire égyptien, dans une interview accordée à Al Ahram.

Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a évité Ankara et Le Caire dans sa tournée post-accord nucléaire de cette semaine au Moyen-Orient et se concentre sur une tentative de calmer les craintes d’Israël, de la Jordanie et de l’Arabie saoudite.

Comme l’Egypte, Israël pointe de plus en plus du doigt la Turquie pour son soutien à l’islamisme dans la région. Carter devrait être briefé sur les activités organisées du Hamas à Istanbul par Salah Aruri, qui a été accusé la semaine dernière par le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon de coordonner le terrorisme à partir d’une base sûre dans un pays de l’OTAN.

Le Col. (Res.) Jacques Neriah a donné du poids aux accusations de l’Egypte en publiant une évaluation sur le site du Jerusalem Center for Public Affairs.

« Ce serait la première fois que la Turquie aurait participé activement aux efforts de déstabilisation et même de renversement du régime de Sissi, allant au-delà de la critique du régime égyptien », a déclaré Neriah.

La semaine dernière, l’Egypte a terminé les travaux de dragage pour la deuxième voie du canal de Suez, un projet financé par des millions d’acheteurs d’obligations égyptiens, ce qui donne espoir que le président Sissi peut revigorer l’économie.

Le chef des opérations de la marine américaine, l’amiral Greenert, a rencontré l’amiral Oussama Mounir Rabie quelques jours avant l’attaque d’Ansar Bayt al-Maqdis contre la frégate et a reconnu le rôle clé de l’Egypte pour faciliter les déplacements de la flotte américaine.

« Ce que l’Egypte a fait a été de garder la marine américaine en sécurité. Ils nous ont donné la priorité pour traverser le canal malgré tous les efforts d’élargissement en cours « , a déclaré Greenert à Defense News.

Le Caire est en attente d’une réponse affirmative d’Ankara pour que la Turquie se joigne au président Abdel Fattah al-Sisi pour la cérémonie d’inauguration, alors que les navires se déplacent simultanément dans les deux directions du canal pour la première fois de son histoire. Si l’invitation est refusée, cela renforcera l’hypothèse selon laquelle la Turquie est du côté de ceux qui ont l’intention des s’attaquer au parti.

Jacob Wirtschafter est un journaliste basé au Caire. Il est correspondant au Moyen-Orient pour Associated Reporters Abroad et un contributeur pour i24News

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