L’EI kidnappe au moins 400 civils après une tuerie à Deir ez-Zor

Des rebelles dans une rue de Deir ez-Zor en Syrie, le 10 mars 2014. Photo d’archives AFP Photo/Ahmad Aboud

SYRIE

Parmi les personnes enlevées, toutes de confession musulmane sunnite comme l’EI, « figurent des femmes, des enfants, des familles ainsi que des combattants pro-régime.

L’organisation Etat islamique (EI) a enlevé au moins 400 civils dans la ville syrienne de Deir ez-Zor après y avoir tué des dizaines de personnes, la plupart exécutées, dernière atrocité en date du groupe jihadiste dans le pays en guerre.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), parmi les personnes enlevées samedi en fin de journée, toutes de confession musulmane sunnite comme l’EI, « figurent des femmes, des enfants, des familles ainsi que des combattants pro-régime ». Elles ont été kidnappées à Al-Bgheliyeh, banlieue nord-ouest proche de la ville de Deir ez-Zor (est) et dans des secteurs alentours, avant d’être emmenés vers des régions aux mains de l’EI dans la province éponyme riche en pétrole et dans celle voisine de Raqqa, selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Ce dernier a dit craindre que l’EI « n’exécute les civils ou ne réduise les femmes à l’esclavage sexuel comme il l’a fait plusieurs fois dans le passé ».

Samedi, l’EI a lancé une offensive d’envergure sur plusieurs secteurs de Deir ez-Zor, qui lui a permis d’en contrôler environ 60%. Le régime contrôle toujours des portions de la ville ainsi qu’un aéroport militaire à proximité.

Des combats intermittents opposaient dimanche les forces du régime à l’EI dans le nord-ouest de la ville, alors que la banlieue d’Al-Bgheliyeh a été la cible de raids nocturnes de l’aviation de la Russie, alliée du régime, selon l’OSDH. Avant d’emmener les 400 civils, les combattants de l’EI ont tué à Al-Bgheliyeh au moins 85 civils et 50 combattants prorégime, la plupart exécutés, selon l’OSDH.

 

Combats à Alep
L’agence officielle syrienne Sana a dénoncé un « massacre » et parlé de « 300 civils tués ». Si ce bilan était confirmé, il serait l’un des plus élevés pour une seule journée dans ce conflit déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques réclamant des réformes, qui a dégénéré en guerre civile complexe avec plusieurs protagonistes.

L’EI, qui a profité du chaos en Syrie pour s’emparer de vastes territoires, est responsable d’atrocités -exécutions, viols, rapts, nettoyage ethnique- aussi bien en Syrie qu’en Irak voisin et a revendiqué de nombreux attentats particulièrement meurtriers dans d’autres pays. Accusé par l’Onu de crimes contre l’Humanité et cible d’une large coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, le groupe jihadiste a mené plusieurs exécutions de masse en Syrie dans le passé, dont celle qui avait coûté la vie à 900 membres de la tribu des Chaitat à Deir ez-Zor, qui s’était opposée à l’EI en 2014.

L’organisation ultraradicale a également massacré quelque 200 soldats syriens en août 2014 quand elle avait pris la base militaire de Tabqa dans la province de Raqqa. Le nouveau bain de sang survient alors que les forces favorables au régime de Bachar el-Assad affrontent l’EI dans la province d’Alep (nord).

Les prorégime ont mis en échec une attaque de l’EI contre leur position près de la ville d’Al-Bab, sous la couverture de raids russes. Ils tentent de reconquérir Al-Bab, aux mains de l’EI depuis fin 2013, après avoir repris plusieurs villages aux alentours et s’y trouvent désormais à moins de dix km.

 

Efforts diplomatiques

En difficulté l’été dernier, le régime a repris l’offensive après l’intervention le 30 septembre dans le conflit de la Russie, fidèle allié de Damas qui a depuis mené des milliers de frappes. Les combattants prorégime tentent notamment de couper l’accès des rebelles à la ville d’Alep, divisée entre quartiers prorégime et quartiers rebelles.

« L’armée tente d’élargir sa zone de sécurité autour de la ville » d’Alep, et d’empêcher les rebelles de se réapprovisionner depuis les environs, selon une source de sécurité. Le régime espère affaiblir l’EI qui contrôle une partie de la province d’Alep, voisine de celle de Raqqa, dont le chef-lieu est la capitale de facto du groupe jihadiste.

Depuis le début du conflit, 260.000 personnes sont mortes en Syrie et des millions ont été poussées à la fuite.
Alors que jusqu’à présent les efforts pour une solution politique ont échoué, l’Onu tente de réunir à partir du 25 janvier en Suisse régime et opposition pour des négociations sur un cessez-le-feu et une transition politique. Pour les préparer, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov rencontrera mercredi à Zurich son homologue américain John Kerry.

17/01/2016

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