Nomination ciblée: Téhéran et ses supplétifs sous la main de fer du responsable désigné de l’institution (Mossad)

D., nommé chef du Mossad, devrait ramener l’organisation dans l’ombre, après un mandat plus « haut en couleurs » de Yossi Cohen (bande-annonce d’une future carrière politique, selon les « rumeurs » autorisées)

• « L’Institut » continuera à nouer des alliances, certaines toutes aussi surprenantes que les précédentes de l’ « Alliance d’Abraham »

• Motivation : Lutte contre l’Iran et son armement nucléaire : ce qu’on a dit précédemment, concernant un affrontement au sommet entre AMAN et Mossad masque la réalité de l’application de la devise du Mossad : en hébreu : « בתחבולות תעשה לך מלחמה » en traduction littérale : en français « guerre par voie de tromperie », « Avec ruse tu feras la guerre ».

Plus « honnête » serait « par l’intelligence la guerre se gagne ». INTELLIGENCE, « intelligencia », est à rapprocher de « intelligence » en anglais, « investigation », base du renseignement, qu’on retrouve dans « CIA » (Central Intelligence Agency).

Les précédentes allégations, mettant le recours à la force (ou à la violence) entre les mains du seul Mossad (éliminations ciblées, contestées par certains états plus « blanche colombe que d’autres »• et le recours à la « diplomatie », du côté de Tsahal, peuvent refléter un certain spectre de l’opinion, ou une distribution des avis dans la sphère « politique » (Gantz contre Netanyahu et Cohen), mais reposent sur une mauvaise interprétation de la répartition des rôles et missions… C’est encore moins fondé, quand on sait que le programme Elan, promulgué par Aviv Kochavi, chef d’Etat-Major de Tsahal, en Israël a également prévu la création d’un quartier général de commandement spécial chargé de se concentrer uniquement sur la menace du «troisième cercle» de l’Iran (émanant directement de son territoire)… Que l’on doit, en grande partie, la constitution d’un bloc « diplomatique » et sécuritaire, autour des Accords d’Abraham à l’action souterraine de l’Agence extérieure et de son chef actuel, Yossi Cohen. Bref, ce schéma d’affrontement qui régale les « politiques », met en doute une complémentarité, une coordination qui deviennent la norme depuis les années 2000, aux incidents de parcours près

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  • D., comme Yossi Cohen, est un partisan clair de l'approche de la «pression maximale» en Iran // Illustration: Getty Images
    D., comme Yossi Cohen, est un partisan convaincu de l’approche de la « pression maximale » en Iran
    La photographie: Getty Images – Illustration
Il y avait quelque chose de sain et de normal cette semaine dans la nomination de D. à la tête du Mossad. Pas de pressions, de rumeurs et de bruits qui courent, pas d’intrigues et d’insultes, pas de conférences de presse pompeuses. Annonce laconique, à midi, de la nomination en bonne et due forme d’une personne digne de confiance, dont le nom restera confidentiel jusqu’à ce que la nomination reçoive l’approbation du Comité des nominations supérieures dans la fonction publique.
C’était un moment de bon sens dans la réalité politico-gouvernementale troublée en Israël, qui a été immédiatement éclipsé par la nomination d’un nouveau commissaire Shabtaï veillant à faire taire les critiques et les allégations d’intérêts cachés. Tout cela a été épargné à D. , précieux et très important, il vaut mieux pour lui et l’institution de le rester (discret, caché).
les archives : exfiltration, le 27 novembre, du corps de Mohsen Fakhrizadeh vers l’hôpital, à un moment où on ne sait pas très bien s’il est encore vivant ou cliniquement mort… 
La nomination de D. était moins surprenante, du fait de l’homme désigné à la plus haute fonction, qu’à cause du timing : Le Premier ministre Netanyahu n’a pas tendance à nommer facilement. Il hésite et se débat, décide et réitère les scénarii et essais. Il a décidé la nomination de Yossi Cohen bien au-delà de la 90e minute (en temps footballistique), après avoir déjà eu tendance à nommer une autre personne au poste. Il en va de même pour la nomination de son prédécesseur, Tamir Pardo, qui a finalement été préféré à Yuval Diskin (ancien de l’AMAN justement).
Cette fois, Netanyahu a décidé six mois avant que Cohen ne termine son mandat. C’est sain? non seulement? parce que D. sera en mesure de terminer confortablement son mandat à son poste de chef adjoint du Mossad, de prendre un court congé pour se rafraîchir l’esprit, puis de participer à un binôme de chevauchement ordonné avant de prendre la direction de l’organisation, mais principalement parce qu’il a été épargné. «Et A» (le concurrent qui a perdu) était sûrement accompagné d’une campagne inutile et nuisible de pressions et de rumeurs.

Le chef du Mossad Yossi Cohen // Photo: Gideon Markovich

Le chef du Mossad Yossi Cohen // Photo: Gideon Markovich

Les considérations relatives à la nomination n’ont pas été rendues publiques – ni à propos de l’homme ni du moment choisi – mais on peut supposer que Netanyahu craignait que la campagne électorale et le processus de formation du gouvernement ne retarde, voire ne complique la nomination. Cohen a déjà indiqué clairement qu’il avait l’intention de terminer en juin (après avoir déjà accepté une prolongation de six mois) et de prendre sa retraite après cinq ans et demi de succès au pouvoir et à la tête de l’organisation, et il est probable que Netanyahu voulait s’assurer que ce serait lui qui nommerait son successeur.

Contrairement au titulaire, D. n’est pas l’homme de Netanyahu. Ses connaissances disent qu’il n’est l’homme de personne. Aussi pompeux que cela puisse paraître, D. a intégré le Mossad par sionisme. Et l’intérêt pour ce rôle professionnel, bien sûr. Il était déjà sur une piste civile, travaillant dans l’investissement et la finance, mais cherchait à agir et s’est enrôlé grâce à un cours de formation d’agent opérateur, qui est appelé, dans le jargon de l’institution : de recouvrement (agents de recouvrement).
David Meidan (65 ans), ancien de l’Unité 8200 de l’AMAN et du Mossad, agent de recouvrement dans la division « Tzomet », responsable du recrutement et de l’activation des agents et était responsable de plusieurs branches du Mossad à l’étranger. En 2006, il est devenu chef de la division « Tevel » du Mossad ; puis ex-coordinateur du Premier ministre Benjamin Netanyahu sur la question des prisonniers de guerre et des MIA (Gilad Shalit). Envoyé spécial en Turquie, poste particulièrement délicat. 
La personne qui a autorisé D. comme opérateur était David Meidan, plus tard chef du département diplomatique de l’institution (« Tevel »), mais son mentor dans ses fonctions était Cohen. Le chef sortant du Mossad a accompagné son successeur presque depuis le début: dans ses différents postes dans la Division des opérations des agents («Junction»), qu’ils commandaient tous les deux, et enfin quand il l’a nommé en* tant que son adjoint et l’a soutenu pour qu’il devienne son successeur. Bien que les deux hommes soient de caractère différent – D. est moins extraverti, et sous lui, l’organisation est susceptible de retourner dans l’ombre – mais réfléchir en profondeur de la même manière, à la façon dont l’institution devrait fonctionner, en particulier face à son objectif principal : l’Iran.
D., comme Cohen, est un partisan clair de l’approche de «pression maximale» en Iran. Le crédit de ce slogan peut être attribué à l’administration Trump, mais l’institution (Mossad) joue un rôle important dans sa mise en œuvre. C’est une pression sur tous les fronts: diplomatique-politique, économique, militaire, scientifique et religieux. Il s’agit de mettre en œuvre tout ce qui peut aider à réduire la puissance et la mauvaise influence de l’Iran, dans ses efforts d’expansion géographique et en particulier dans ses tentatives de s’armer d’armes nucléaires.

Carotte et Bâton théoriques et pratiques

L’Iran est dans une situation complexe. Financièrement, le pays est à genoux. La réalité quotidienne est à un niveau sans précédent :  le chômage est à son apogée, le public est désespéré. Avec le coronavirus qui s’est fait un nom, l’Iran a désespérément besoin d’horizon socioéconomique et sanitaire. Il fera donc tout ce qui est en son pouvoir pour revenir au plus vite au Traité sur le nucléaire (JCPOA), tout en feignant par fierté mal placée ne pas y toucher (dernières déclarations de Kazem Gharibabadi, l’ambassadeur d’Iran auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne, contre Rafael Grossi), afin de pouvoir bénéficier des dividendes qui l’accompagnent : la levée des sanctions économiques américaines qui ont étouffé son économie.
Pendant ce temps, les Iraniens accumulent des actifs, principalement dans le domaine nucléaire. L’Agence internationale de l’énergie atomique a drépertorié six violations de l’accord de sa part, notamment l’accumulation d’une quantité beaucoup plus (12X) importante que ce qui est autorisé pour l’uranium enrichi de faible activité et l’installation  souterraine de centrifugeuses avancées dans l’installation d’enrichissement de Natanz. La dernière violation est particulièrement troublante pour Israël : la combinaison de centrifugeuses avancées qui permettent un enrichissement rapide avec une immunité relative, en raison de l’activité exercée dans une installation opérant dans les profondeurs des montagnes.
Comme moyen de pression supplémentaire, l’Iran a décidé (mais ne l’a pas encore mis en œuvre) de commencer à enrichir de l’uranium à un niveau de 20 pour cent, une autre étape sur la voie de ‘acquisition de la bombe. Elle l’aurait probablement évité à la lumière des informations sur les discussions de Trump, le mois dernier, évoquant la possibilité d’attaquer les installations nucléaires avant la fin de son mandat (peu raisonnable de laisser une guerre inachevée entre les mains de ses successeurs). À ce stade, tout ce que veulent les Iraniens, c’est de mettre fin au chapitre Trump et de passer à l’administration Biden, en espérant que ce sera plus pratique pour eux.

Les pays de la région devront choisir s'ils sont dans le camp du bien. Hassan Rohani avec le ministre syrien des Affaires étrangères, ce mois-ci à Téhéran // Photo: Reuters

Les pays de la région devront choisir s’ils sont dans le camp du bien. Hassan Rohani avec le ministre syrien des Affaires étrangères, ce mois-ci à Téhéran // Photo: Reuters
Biden et ses hommes ont déjà déclaré qu’ils travailleraient pour revenir à l’accord nucléaire, mais en même temps ont clairement indiqué qu’ils ne permettront pas à l’Iran de devenir nucléaire.
Cela permet à Israël un domaine d’activité considérable (politique et de renseignement) à Washington, pour influencer la réalisation d’un meilleur accord. Le discours – au moins au niveau politique – sera moins intime qu’avec l’administration Trump, mais la nouvelle administration est également pavée de personnes pour lesquelles Israël et sa sécurité sont très chers, y compris Biden lui-même qui s’est déclaré, par le passé après avoir visité le mont Herzl, qu’il se définit comme un « sioniste ». Il y a eu des hauts et des bas et il y en aura d’autres (à propos des implantations, de la souveraineté, de la solution à deux Etats, de l’opportunité d’un ou de plusieurs accords, etc.), mais il aura à cœur d’éviter des heurts frontaux ou la « douche écossaise), après en telle période d’entente avec le camp républicain-pro-Trump.
Outre la partie diplomatique, Israël doit également avoir un bâton levé et prêt à frapper – sur le plan théorique et de la pratique. Théorique du côté du renouvellement de l’option d’attaquer les installations nucléaires, qui a été retirée du chapitre au début des négociations sur l’accord nucléaire précédent (2012-2015), et pratique du côté de la poursuite de la neutralisation des facteurs qui mettent en danger sa sécurité (armement de pointe au Hezbollah, remplaçants de Soleimani, Fakhrizadeh et consorts…).
Dans certains endroits, ce sera facile : en Syrie, par exemple, Israël ne risque pas de rencontrer des problèmes, s’il continue de contrecarrer l’intensification et la consolidation des positions de l’Iran dans la région. Ailleurs, cela peut être plus difficile: sous l’administration Trump, Israël pouvait également opérer sur le sol iranien, sachant qu’il y a un large parapluie américain au-dessus. Cela a permis le vol des archives nucléaires et diverses actions attribuées à Israël – de l’assassinat du programmateur nucléaire Muhsin Fahrizadeh, en passant par l’explosion de l’usine de centrifugation de Natanz, jusqu’à l’élimination du haut responsable d’Al-Qaïda Abdullah Ahmad Abdullah (Al Masri), qui avait été commandité par les Américains, qui ont eux-mêmes éliminé Qassem Suleimani).
L’institution sous D. aura un rôle central dans tous ces domaines. Sur le plan opérationnel bien sûr, mais aussi sur le plan diplomatique. L’un des atouts les plus importants qu’Israël détient actuellement est une série d’alliances ouvertes et secrètes au Moyen-Orient. En fait, il n’y a aucun État sunnite dans la région qui n’entretienne aucune sorte de liens avec Israël (y compris des liens particulièrement surprenants). Le motif commun de toutes ces relations est l’intérêt partagé, dont l’un des plus importants est la lutte commune en Iran.
Avec une multiplication d’actions, Israël peut tisser ces intérêts pour faire pression sur les Américains et l’Occident, afin de parvenir à un meilleur accord nucléaire, et plus important encore: pour établir avec eux une alliance politico-militaire non déclarée qui mettra un contrepoids pratique contrebalançant les tentatives et provocations des Iraniens et présentera un dilemme difficile à régler aux autres éléments de la région. Les extrémistes, comme la Syrie, veulent-ils continuer à appartenir au camp des méchants du Moyen-Orient ou aménager les positions vers le camp des bons?
JForum avec sources de Yoav Limor, d’IsraelHayom

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