Boat in the Stockholm harbor | Paquebot dans le port de Stockholm 04/03/2018

Covid-19 : une Annécienne raconte « l’enfer à bord » de Costa Croisières, visé par une information judiciaire

– Par France Bleu 

 

Costa Croisière visé par une information judiciaire, pour les chefs de tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires et non assistance à personne en péril et mise en danger de la vie d’autrui. À la tête d’un collectif de plaignants, une Annécienne raconte « l’enfer à bord » en mars 2020.

Le Costa Magica à bord duquel Stéphanie Dubois a voyagé en février et mars 2020.
Le Costa Magica à bord duquel Stéphanie Dubois a voyagé en février et mars 2020. – Stéphanie Dubois 

« Tous les choix pris à bord par les responsables de Costa Croisières ont été pris dans un prisme économique et non dans un prisme sanitaire » explique Stéphanie Dubois. L’Annécienne de 35 ans a voyagé à bord du Costa Magica entre le 28 février et le 14 mars 2020 avec son petit garçon âgé de cinq ans, asthmatique.  À la tête d’un collectif de plusieurs centaines de plaignants, tous passagers de ce bateau, la haut-savoyarde dénonce la gestion de la crise sanitaire par le croisiériste. Costa Croisières est maintenant visé par une information judiciaire pour les chefs de tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires et non assistance à personne en péril et mise en danger de la vie d’autrui.

« Quand on arrive en rupture de gel hydroalcoolique, il sera remplacé par de l’eau plutôt que de nous dire : aller vous laver les mains avec du savon dans vos cabines. […] Le manque de moyen a cherché à être dissimulé. « – Stéphanie Dubois

Quand Stéphanie Dubois embarque le 28 février 2020 en Guadeloupe, elle imagine le paradis en eau turquoise. « J’ai un travail très prenant donc ces vacances c’est l’occasion de me retrouver avec mon fils de cinq ans, asthmatique. De partager des moments magiques dans la magie des Caraïbes » raconte l’Annécienne. Finalement, rien de magique à bord du Costa Magica. « Très rapidement les premières îles vont fermer leurs portes et on aura pas d’explication » raconte Stéphanie Dubois. Grâce à des familles d’Antillais en revanche, les informations parviennent jusqu’au navire : il y a des cas de coronavirus suspectés sur le bateau et contrairement à ce qui a été dit aux passagers, pas moins de 400 Italiens en provenance de Milan sont à bord. Pourtant le croisiériste s’engage à l’époque à ne plus accepter de ressortissants chinois et ceux venant des zones rouges Covid, comme les Italiens du nord. Dès le lendemain le Costa Magica change de cap. C’est le début d’une semaine d’errance en mer et du chaos à bord.

« L’ensemble des 10 restaurants ont été fermés sauf un, d’une capacité de 400 places en intérieur et complètement clos pour 2.300 passagers ». – Stéphanie Dubois

« Ils font route vers la Barbade, une île capable de réaliser des tests PCR car au delà des membres du personnel, ce sont les passagers qui commencent à être malades » explique la Haut-savoyarde. « Le préfet de Martinique a enjoint le capitaine de ce navire de confiner les passagers dans leur cabine avec un portage de la nourriture. Il n’a aucunement respecté cette consigne« , ajoute l’avocat des plaignants, Me Courtois.

L'une des photos prises par Stéphanie Dubois à bord du Costa Magica au moment des repas. Des passagers tentent de se cacher le visage.
L’une des photos prises par Stéphanie Dubois à bord du Costa Magica au moment des repas. Des passagers tentent de se cacher le visage. – Stéphanie Dubois

Sans respect des gestes barrières, sans aucune mesure poursuit Stéphanie Dubois, l’angoisse et la tension monte « jusqu’à ce que le personnel Costa en vienne à s’enfermer dans les bureaux et à littéralement abandonner les passagers à bord. Il y a eu des scènes de bagarres, de heurts, de violences : mon fils en fait encore des cauchemars« . La réponse est toujours la même, « une phrase laconique qui finira par nous hanter : la situation est saine, ne vous inquiétez pas, allez dépenser au casino. Finalement, c’est carrément la préfecture de la Martinique qui vient nous montrer que Costa Croisières nous ment« .

Un trafic de Doliprane pour quitter le bateau

Pour quitter cet enfer les passagers ne reculeront devant rien. « Un trafic de Doliprane s’organise à bord, en fait un groupe Whatsapp se monte où l’on se parle pour éviter les contacts. Et tout le monde demande : est-ce que tu as un Doliprane ? S’il y a un contrôle de température et que j’ai le Covid-19, je ne veux pas rester à bord avec ces fous dangereux » raconte la jeune maman. Au débarquement, la haut-savoyarde se souvient de ces passagers en larmes avouant à l’Agence Régionale de Santé sur place qu’ils ont pris un médicament pour quitter le bateau.

« Il y a une angoisse, une atmosphère à peine descriptible de peur sur le bateau. […] Il y a des scènes qui éclatent entre les gens qui sont persuadés que Costa Croisières nous ment et ceux qui ne veulent pas y croire parce qu’on se dit que c’est improbable qu’une entreprise comme ça cache un problème sanitaire d’une telle ampleur' ». – Stéphanie Dubois

La vacancière de 35 ans contractera le coronavirus tout comme son fils atteint d’asthme à la veille de quitter le bateau. Après avoir frôlé l’hospitalisation, elle souffre toujours de séquelles. Aujourd’hui Stéphanie Dubois demande justice pour les victimes, « que l’on reconnaisse les mensonges et les responsabilités de Costa Croisières et que l’on explique ce qu’il s’est passé sur ce bateau« . Pour qu’à l’avenir l’industrie de la croisière évolue, que plus jamais personne ne vive ça, « c’est inconcevable avec une entreprise comme Costa Croisières aujourd’hui« .

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