On a longuement évoqué ces derniers jours la longueur du règne de Netanyahou à la tête de l’état. Les comparaisons ont abouti à constater que Netanyahou avait dépassé en juillet dernier, le record détenu jusqu’à présent par David Ben Gurion, le fondateur de l’état.

La démission de David Ben Gurion de son poste de Premier ministre en 1963 avait créé une étrange période que certains avaient décrite comme crépusculaire pour l’état juif. Un départ marquant la fin de la direction visionnaire de celui qu’on appelait familièrement, affectueusement,  »le vieux ». Nombre d’intellectuels qui le critiquaient sévèrement se demandaient à voix haute, si son départ n’était pas une ruse pour revenir et réaliser des changements majeurs dans la société israélienne. Clairement, le spectre de Ben Gurion hantait encore deux ans après son départ, ceux qui avaient tant désiré le voir quitter la scène politique  après l’avoir qualifié péjorativement de  »messie laique’. Son départ était -il un événement politique ou culturel ? s’interrogeaient des universitaires de l’Université Hébraique de Jérusalem comme Shlomo Avineri qui concluait qu’il s’agissait bien d’un événement culturel obtenu par des moyens culturels.

Le désaveu de Binyamin Netanyahou par une partie décisive des électeurs le 17 septembre dernier  qui ont crédité le parti Bleu Blanc de Benny Gantz de 33 sièges contre seulement 31 au Likoud de Netanayhou n’est pas étranger au sentiment de lassitude qui accompagne naturellement une direction politique qui s’éternise. Quelque soit l’évaluation de la contribution de Ben Gurion en 1948, les israéliens se répétaient  »personne n’est indispensable. » Et la gouvernance après le départ politique de Ben Gurion a suivi naturellement son cours. Les opposants à Ben Gurion attendaient depuis un moment,un changement, un virage, celui de vivre dans un pays ou un nouveau gouvernement leur apporterai disaient -ils  »une aire de normalité, la possibilité de respirer normalement  » sans les visions grandioses, les batailles politiques sur tous les fronts. Bref l’aspiration à une direction du pays plus attentive  aux  besoins des citoyens, en mettant un peu moins en avant le destin de la nation.

À l’observation des phénomènes qui ont accompagné la fin du règne de David Ben Gurion on ne peut s’empêcher de repérer certaines similitudes dans l’aspiration des Israéliens aujourd’hui qui annoncent être  » fatigués de Netanyahou. » Un Premier ministre qui n’ est pas parvenu à former une coalition gouvernementale lors du vote d’avril et qui a dû se résoudre à convoquer de nouvelles élections.en conduisant deux fois de suite une campagne agressive de dénigrement de tout ce qui n’était pas lié à lui. Le  »terme eux et nous  » répété à l’envi par le Premier ministre a été caractéristique du langage de sa campagne jusqu’à ce que le président de l’état Reouven Rivlin le dénonce. 

Enfin lors du vote du 17 septembre, ce sont les Arabes israéliens qui ont été la cible de tous les dénigrements et des attaques de la campagne conduite par le Likoud. La liste Arabe Unifiée est aujourd’hui la troisième force politique du pays et elle a annoncé qu’elle recommanderai au président de l’état lors des consultations qui débuteront ce dimanche Benny Gantz comme Premier ministre.

Benny Gantz le principal rival de Netanyahou est apparu au moment politique opportun ou la société israélienne était lasse de ces tensions artificielles internes. Et dans le même temps inquiète du débordement constaté des structures sociales de l’état. Conséquence de la démographie, les hôpitaux saturent, le fardeau de la vie chère s’est considérablement accentué sur les familles les plus modestes,leurs souffrances ne sont pas entendues et elles perdent l’espoir de relever la tête. Le centre libéral agite la sonnette d’alarme d’une décomposition possible de la fragile démocratie, après l’annonce   des coups de boutoir de l’extrême droite et d’une partie du Likoud soutenu par Netanyahou  contre  les prérogatives de la haute Cour, le contre-pouvoir par excellence. La loi de l’état – nation que Netanyahou a fait voter, a été mal perçue par les minorités ethniques, en particulier les Druzes, elle  ajoute à la confusion entre droit et identité.

Benny Gantz a eu la tâche facilitée par ces tumultes. Il s’est employé à jouer l’apaisement,la rupture, il affirme vouloir empêcher l’émergence d’un État binational, en séparant Israël des Palestiniens   »politiquement et géographiquement ».

Question sécuritaire, face à Netanyahou qui s’attribue le qualificatif  »de monsieur sécurité » Gantz rassure, soulignant  que  lui – même, Moshé Yaalon et le numéro quatre de  Bleu-Blanc , Gaby Ashkenazi, anciens chefs d’état-major de l’armée, cumulent à eux trois, plus d’un siècle d’expérience sous l’uniforme, une bonne raison d’affirmer que la sécurité de l’état sera en de bonnes mains.

Enfin au Likoud une certaine agitation se révèle à l’approche de l’audition de Netanyahou par le procureur de l’état, début octobre. Avichai Mandelblit qui pourrait faire de Netanyahou s’il déclare sa mise en examen, un problème pour l’accession du Likoud au pouvoir, dans un gouvernement d’union nationale.

Cependant Netanyahou fatigué, apparait à ses adversaires comme un lion blessé plus combatif que jamais. Un Premier ministre qui n’a pas décidé de tirer sa révérence.

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Hatchuel jocelyne

Un article bien intéressant qui nous rappelle à l’histoire et aux réels enjeux que les citoyens ont aspirés à relever dans ces dernières élections .
La politique politicienne, justifiées par les peurs semblent pouvoir être considérées avec plus de recul .

chouika

Dieu seul decidera ,BIBI a la benediction du RABBI (z.l),il est là et restera là
amen

davidex

Partira, partira pas ?

Ceux qui sont soucieux de la survie du pays pensent qu’il faudrait peut-être y réfléchir à deux fois, en pesant intelligemment le pour et le contre.
Ceux qui ne pensent qu’à satisfaire leurs envies de voir Bibi croupir dans une prison n’ont aucun état d’âme. Ceux-là sont à la limite de l’irresponsabilité.

Entre les deux, il y a ceux qui manipulent, ne reculant ni devant les inversions, ni les insinuations, voire, les omissions; ceux-là sont les plus dangereux pour l’avenir de nos enfants.

alexandra

Netanyahou connait bien les rouages de la politique internationale et à largement contribué au développement très positif de la position d’Israël sur le plan des relations diplomatiques et commerciales avec une large partie du monde, alors que Gantz est novice en la matière, tout comme les autres généraux de blanc-bleu. Une solution intelligente consisterait à répartir les tâches et les responsabilités là où chacun est le meilleur.

andre

On ne peut prejuger de ce qu’il resterait de la stature internationale de Netanyahou s’il restait malgre tout, considerablement affaibli sur le plan interieur: peut-etre faut-il envisager son depart. Si c’etait le cas, le peuple d’Israel ne devrait pas oublier tout ce qu’il a apporte en dix ans. Lui elever une statue ? non, ca ne se fait pas chez nous; mais tout au moins, le respecter, et ne pas le tracasser par des manoeuvres juridiques relatives a des questions somme toute de peu de poids.

deborah amable ohayon

bien vu bien dit il l a prouve et il le prouvera encore par deux demssions Liberman a tirer sur BIBI pour mettre en difficulte le gouvernement et encore aujourd hui …..tous ont des ambitions au dessus de leurs capacites et veulent monter sur le trone Liberman devrait etre ministres des affaires etrangeres comme cela il ne mettrait pas la pagaille a l interieur ou justement il ferait de bon travail en ministre de la securite interieure ah ah ah

Guidon

Netanyahou n’a pas l’intention de partir et en cela il est soutenu par son parti et leurs alliés politiques qui pensent qu’il a encore beaucoup à faire. En face de lui, ses opposants politiques ont initié depuis des annees une campagne de haine sur sa personne fondée sur des supposées affaires, qui si elles étaient réelles n’auraient jamais atteint cette ampleur si il était de gauche et il y a plein d’exemples pour en témoigner. Mais même cela n’a pas reussi à le faire basculé. Il a fallu la trahison de Liebermann pour en arriver à un match nul. Et il y aurait beaucoup a dire sur ses vraies raisons. Et qu’est-ce qu’il y a en face de lui si ce n’est des « bébés » politiques qui exigent qu’il s’en aille en pensant qu’avec un autre président le Likoud s’adjoindra à eux pour former une coalition. C’est là que l’on voit que ces gens ne sont pas sérieux qu’ils n’ont rien compris à la politique et à la vie tout court. Pourquoi un nouveau président ne réclamerait-il pas le poste de premier ministre ou au moins une rotation puisque rien ne peut se faire sans lui. Netanyahou s’en ira un jour lorsqu’il aura atteint tous ses objectifs et surtout lorsqu’il aura en face de lui dans l’opposition quelqu’un de sérieux ou dans son propre camp quelqu’un qui aura atteint un bon niveau. On ne dirige pas un Pays comme Israel parce que l’on se croit faire partie d’une « élite » qui serait supposée avoir tous les droits. La légitimité se gagne par les compétences à gouverner.