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Le 3 février 2015, l’Etat islamique a franchi une nouvelle étape dans l’horreur, en annonçant l’exécution d’un pilote jordanien et en diffusant le film de son immolation par le feu dans une cage en métal, le 3 janvier 2015. Dans sa spirale monstrueuse, l’organisation islamique a même offert 100 pièces d’or à ceux qui tueraient d’autres pilotes jordaniens (appelés  croisés) dont le nom figure sur une liste accompagnée de l’adresse des intéressés. Comble de l’abomination, l’EI a même, le 2 janvier 2015, décrété une fatwa confirmant la licéité de l’acte consistant à brûler vif des non musulmans, à l’instar du sort réservé aux personnes qui rejetaient l’Islam, à l’époque de Mahomet.

 

La réponse de la Jordanie ne s’est pas faite attendre avec l’exécution d’une jihadiste irakienne, le 4 février 2015, précédemment condamnée à mort pour sa participation à un attentat terroriste commis en 2005, et dont l’EI demandait la libération (on peut toutefois s’interroger sur l’opportunité d’une telle exécution qui s’apparente plus à un acte de vengeance, qu’à l’exécution d’une décision de justice).

 

Pour autant, les méthodes sadiques de l’EI deviennent monnaie courante : 3 jours plus tôt, l’organisation jihadistes a diffusé les images de la décapitation d’un journaliste japonais, exécuté une semaine après celle d’un autre japonais victime du même sort. Les enfants ne sont pas non plus épargnés : le 5 février 2015, le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies a publié un rapport accablant dans lequel il dénonce l’assassinat, la décapitation, la crucifixion ou encore l’ensevelissement vivant, d’enfants appartenant à des minorités ethniques ou religieuses, qui n’ont pas été vendus comme esclaves, ou utilisés comme kamikazes voire comme boucliers humains.

 

Aussi, de nombreux articles de presse ont-ils fait part de l’inquiétude grandissante des sociétés occidentales quant aux milliers de nouvelles recrues venues gonfler les rangs de l’armée de l’EI, et qui ont rejoint le champ de bataille en Irak et en Syrie. La question se pose donc de savoir si le réservoir humain de candidats au jihad continuera indéfiniment de compenser les milliers de jihadistes éliminés par l’armée américaine et par la coalition internationale.

 

Selon tout vraisemblance, la réponse devrait être négative : la source d’approvisionnement des candidats au jihad devrait rapidement se tarir. Tout d’abord, le risque de se faire éliminer par les frappes aériennes en Irak ou en Syrie, fera réfléchir les futurs candidats, d’autant que la cause pour laquelle les terroristes se battent n’est ni juste, ni éthique, ni valorisante.

 

Se battre pour une cause suppose d’être convaincu par son bien fondé, ce qui n’est pas le cas des valeurs de l’EI, loin de constituer un modèle pour les occidentaux. Les assassinats terrifiants n’ont aucun fondement moral puisque le combat de l’EI vise à venger les attaques faites à l’Islam, ce qui ne fait pas partie de la culture occidentale, pendant que les musulmans rejettent majoritairement l’Islam radical.

 

C’est le problème majeur auquel l’EI devrait être rapidement confronté. Les combattants doivent être endoctrinés pendant de nombreux mois avant d’être opérationnels et de passer à l’acte. Or, le renouvellement des nouvelles recrues pose inévitablement un problème de temps, celui de leur préparation. Si l’EI n’a pas le temps de préparer ses candidats, il se contentera d’exploiter la violence et l’agressivité naturelle de ses nouveaux candidats, mais ne pourra en conditionner mentalement de nouveau.

 

Or, comme il n’y a rien de glorifiant ou de valorisant à massacrer sans raison, les nouveaux adeptes se lasseront vite de l’idéologie de l’EI qui fera rapidement l’unanimité contre lui, y compris au sein de ses membres. D’ailleurs, si les musulmans sont toujours plus nombreux à rejoindre le monde occidental, c’est précisément parce qu’ils refusent la Charia, le manque de liberté, l’impossibilité de s’exprimer dans les pays musulmans, et qu’ils  aspirent à une libéralisation des mœurs.

 

En fin de compte, le seul atout dont dispose l’EI, tient à l’exploitation de la dimension religieuse des jeunes personnes en manque de spiritualité, qui imaginent pouvoir entrer en communication avec le surnaturel en adoptant les méthodes dures, et agressives contenues dans le Coran. Les jeunes désoeuvrés en France ou plongés dans un mal identitaire imaginent donc de trouver leur salut dans la destruction des institutions, de la culture et de la morale françaises, sans pour autant lui substituer un autre modèle.

 

Il n’est donc pas surprenant que l’Etat Islamique s’en prenne à la France et suggère de la faire exploser, d’y faire le Jihad ou d’y mourir en martyr : le malaise contemporain qui touche la jeunesse française en terme professionnel, de perspectives d’avenir, ou de  méfiance à l’égard des institutions politiques, n’est pas compensé par un message religieux judéo chrétien, abandonné au profit d’une laïcité qui s’est progressivement transformée en athéisme, contrairement aux pays du sud de l’Europe, gardiens des traditions religieuses (Portugal, Espagne, Italie, Grèce).

 

Aussi, une partie de la jeunesse en France se réfugie-t-elle dans un message qui parle de transcendance et qui remplit un vide spirituel, alors même qu’il n’est pas adapté. Or, plus la France se plonge dans l’athéisme et abandonne ses traditions chrétiennes, plus les mosquées se construisent. Il était donc prévisible que l’EI y décide d’y étendre son champ de bataille.

 

L’horreur nazie s’est construite sur un continent ou le christianisme a stigmatisé les juifs pendant 2000 ans avant que la séparation de l’église et de l’Etat dissocie les règles de fonctionnement étatique et les règles du fonctionnement religieux. Il n’en demeure pas moins vrai que les européens ont été bercé pendant deux millénaires  avec le principe de la responsabilité collective des juifs dans la mort de Jésus. La haine des juifs qui en est devenu le corollaire, était d’ailleurs relayée par le texte Biblique des « malédictions » devant s’abattre sur les juifs en cas d’oubli des préceptes transmis par le Ciel. Le principe d’aversion des juifs s’est donc progressivement ancré en Europe, y compris chez les intellectuels et les scientifiques et il faudra attendre le massacre des juifs au cours de la seconde guerre mondiale pour que Vatican II remette en question le message antisémite historique de l’Eglise.

 

Pour leur part, les méthodes de l’EI et les valeurs de l’Islam ne font pas partie de la culture occidentale. Faute de pouvoir endoctriner de nouvelles recrues, L’EI ne trouvera ses nouveaux adeptes en Europe, qu’au sein d’une partie de la jeunesse frustrée ou violente, marginalisée au sein des sociétés européennes.

 

Même si l’Etat Islamique va essayer de causer des dégâts sur le territoire européen, en préconisant des attentats aveugles, et en suscitant des personnes qui se diront être des loups solitaires, (alors qu’ils sont parfaitement structurées et informées comme l’étaient les frères Kaouachi lorsqu’ils ont assassinés les membres fondateurs du journal hebdomadaire « Charlie hebdo »), à court ou moyen terme, les valeurs prônées par l’EI ne devraient pas pouvoir prospérer sur le vieux continent. Contrairement au phénomène qui s’est produit dans les années 39-45, la conscience de l’horreur du message et des méthodes de l’EI suffira à son élimination.

 Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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