Cécile Duflot ou la déchéance… de la politique

Libérée du ministère du Logement, où son passage coïncide avec la régression des constructions sociales, Cécile Duflot s’efforce de passer pour la plus déterminée des opposantes de gauche. Redevenue députée de la sixième circonscription de Paris, obtenue en bataillant ferme rue de Solferino et non sur place, elle se sert de la tribune de l’Assemblée Nationale pour se refaire une image. En ces lieux chargés d’histoire, elle croit prononcer ce que l’on appelle un discours historique.

LES JUIFS D’ALGÉRIE SE VOYAIENT PRIVÉS DE LA CITOYENNETÉ FRANÇAISE

La voici, donc, refusant le principe de déchéance de la nationalité, en martelant une ânerie qu’elle avait déjà proférée dans les médias. La déchéance de la nationalité a été massivement utilisée par le régime de Vichy ! Il est possible qu’elle ignore le sens de cette peine et ses modalités d’application sous le gouvernement de Pétain. Car le plus grand nombre de déchéances de nationalité ne résultait pas de décisions de justice, mais de décrets signés par le chef de l’Etat. Le statut des juifs promulgué en octobre 1940 fut suivi de l’abrogation du décret Crémieux de 1870. Les juifs d’Algérie se voyaient privés de la citoyenneté française. En Algérie comme en métropole, ils furent aussitôt exclus de la fonction publique. Beaucoup d’hommes furent internés, par les autorités de Vichy, dans les camps du Sud algérien. En métropole, n’étant plus français, ils pouvaient être livrés aux nazis. C’est toujours par décret que le gouvernement de Vichy annula les naturalisations actées dans les dernières années de la Troisième République, mettant les juifs et tous les autres réfugiés d’Europe centrale à la merci de l’Occupant. Dans la logique de ces décrets, les enfants nés en France de parents étrangers ne pouvaient être considérés comme français. En faisant le tour de sa circonscription, Cécile Duflot saura ce que sont devenus ces enfants : leurs noms figurent sur les écoles qu’ils fréquentaient avant d’être expédiés dans les camps de la mort, où la plupart furent gazés.

Ce n’est pas seulement une faute que de comparer les dénaturalisations de Vichy avec une mesure visant exclusivement des terroristes condamnés pour avoir porté les armes contre la France, tuant sans discernement des Français ou, avec discernement, des dessinateurs, des journalistes, des militaires, des policiers et, bien sûr, des juifs. C’est une ignominie. S’il est une comparaison entre cette époque et la notre, elle commence à Toulouse et se poursuit à la Porte de Vincennes. Une fillette abattue à bout portant, des femmes et des hommes assassinés simplement parce qu’ils étaient juifs. C’est également à ce titre que leurs parents ou leurs grands-parents avaient été déchus de la nationalité française. Des juifs, assassinés parce que juifs, cela ne s’était pas vu en France depuis la fin de l’Occupation allemande.

La déchéance de nationalité pose, certes, quelques problèmes de droit

Qui reproduit les crimes de Vichy et de ses maîtres allemands ? Le président François Hollande, le gouvernement de Manuel Valls ou les terroristes islamistes ? S’inquiéter de la contradiction entre l’état d’urgence et l’état de droit relève du débat légitime. Définir les terroristes comme les victimes potentielles d’une injustice renvoyant à celles de Vichy est une insulte aux victimes, aux Français et aux amis de la France que Pétain et Laval ont humiliés avant de les livrer à l’ennemi.

La déchéance de nationalité pose, certes, quelques problèmes de droit. Simplement parce qu’elle concerne exclusivement des binationaux, ce qui, une fois plus n’a rien de commun avec les dénaturalisations du régime de Vichy, visant des individus n’ayant d’autre patrie que la France. Nombre d’entre eux étaient déjà déchus des nationalités des pays d’origine, annexés par le Reich nazi. Ces populations exclues par Vichy avaient massivement manifesté leur amour de la France. Ceux qui n’étaient pas concernés par la conscription s’étaient engagés massivement dans l’armée française en 1939. Républicains espagnols, réfugiés tchèques, antifascistes allemands, juifs venus de toute l’Europe. Ils ont été privés de la nationalité française par un maréchal félon qui avait tout cédé à l’ennemi. Qu’ont-ils de commun avec des gens nés en France qui manifestent leur haine envers le pays d’accueil et portent les armes contre lui ?

Mais Cécile Duflot reconnaît cette haine. Elle cite Germaine Tillon, hors de son contexte : « Vous ne pouvez rien contre un jeune homme de 17 ans décidé à poser une bombe ». Germaine Tillon écrivait ces mots pendant la guerre d’Algérie, en appelant à désarmer la haine, et donc à négocier l’indépendance de l’Algérie. Ce qui fut fait, par le général De Gaulle. L’islamiste djihadiste serait-il, pour Cécile Duflot, engagé dans un combat libérateur comparable à celui des peuples colonisés ? Du haut de la tribune du Palais Bourbon, celle qui entend rassembler la gauche de la gauche adresse un signe à ces mouvements qui prétendent incarner on ne sait quelle oppression afin de combattre la République et la laïcité. Car en détournant une phrase de Germaine Tillon, datant de la guerre d’Algérie, l’ancienne ministre offre une justification aux islamistes.

GERMAINE TILLON ET GENEVIÈVE ANTHONIOZ DE GAULLE SAVAIENT QUE LA VIOLENCE DE L’ALLEMAGNE NAZIE N’APPELAIT D’AUTRE RÉPONSE QUE LA GUERRE TOTALE
En outre Cécile Duflot mélange cette position prise par la grande résistante, avec la période précédente pour affirmer : « on ne répond pas à la violence par la violence ». Quelle ignorance et quel déni d’histoire, quand Cécile Duflot appelle les spectres de Germaine Tillon et Geneviève Anthonioz De Gaulle pour énoncer cette navrante profession d’angélisme !Germaine Tillon était membre d’un tous premiers réseaux de la Résistance, le réseau du Musée de l’Homme. Les pacifistes étaient alors à Vichy, ils avaient suivi Pétain lorsqu’il leur demandait de cesser le combat. Le réseau de Germaine Tillon appelait lui à relever le glaive brisé de la France ! Et Geneviève De Gaulle combattait, elle aussi, répondant à l’appel de son oncle, au sein du mouvement Défense de la France. C’est à ce titre qu’elles furent l’une et l’autre déportées à Ravensbrück – qui ne se prononce pas « brouque », contrairement à ce que croit Cécile Duflot, il y a un tréma sur le u ! Comme tous les Résistants, comme les chefs des Etats alliés, Germaine Tillon et Geneviève Anthonioz De Gaulle savaient que la violence de l’Allemagne nazie n’appelait d’autre réponse que la guerre totale. Ce ne sont pas de doux rêveurs, des pacifistes, qui libérèrent Germaine Tillon et Geneviève Anthonioz De Gaulle de Ravensbrück, mais les soldats de l’Armée rouge, le 30 avril 1945. Les Résistantes et les Résistants ne répétaient pas ce bêlement stupide « on ne répond pas à la violence par la violence ».

Dans les rues de sa circonscription, Cécile Duflot trouvera aussi quelques plaques commémorant des Résistants, et tout particulièrement les FTP du groupe Manouchian Rayman, qui vivaient dans ces quartiers alors ouvriers des XIème et XXème arrondissement. Par respect pour eux, la députée de leur quartier gagnerait à ne pas se réclamer d’un pacifisme de résignation. La violence que nous affrontons aujourd’hui provient, comme celle qu’ils combattirent les armes à la main, d’une idéologie totalitaire. Blanchir cette idéologie, dans l’enceinte du Parlement, faire passer les tueurs qui s’en réclament pour des victimes dont nous devrions comprendre la haine, cela porte un nom, c’est une forfaiture. Qu’importe si l’ignorance l’emporte sur la volonté délibérée de falsifier l’histoire. L’effet est à la hauteur de la médiocrité de l’objectif qui est de se placer en situation de candidate à l’élection présidentielle. L’enjeu du débat parlementaire était d’une autre nature, la réponse de la France aux agressions répétées du terrorisme islamiste. Mais il est vrai que Cécile Duflot n’était pas la seule à le ternir pour servir de petits objectifs politiciens.

marianne.net

 

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blum

Je supposequ’elle a été placée au gouvernement, à un moment, pour obéir à l’obsession gauchiste de la parité, la compétence n’intervenant nullement dans le choix des personnes : Duflot, est ignare, et confond tout. C’est sans grande conséquence, sinon que nous payons très cher les lubies de parité, de mixité, et autres stupidités démagogiques du chef de l’Etat, lui-même empêtré dans des promesses et des décisions absurdes qui font de la France un objet de risée pour le monde.