En photo : le lamentable esprit corporatiste et le soutien de Valls envers le diffamateur Bartolone, pour qui tous les moyens sont bons…

Bercoff : la grande farce des élections régionales

FIGAROVOX/TRIBUNE – André Bercoff estime que la campagne menée par les socialistes vis-à-vis du Front national est farcesque et grotesque.


André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.


La politique comme champ de ruines ou espace de renouveau possible? La tambouille électorale considérée comme un des beaux arts ou l’expression d’un peuple qui utilise enfin son droit de vote autrement que comme gadget plus ou moins utile? Chacun aura compris que les régionales, cette année, sont beaucoup plus que les régionales. Le découpage des apprentis sorciers n’a pas tenu une seconde devant le brutal retour à la réalité.

C’est là que le bât blesse. Pire: il saigne. Quand on conjure des citoyens de gauche de voter résolument pour des représentants du bord opposé, qu’ils conspuaient abondamment il y a encore quarante-huit heures ; quand on accepte que pendant six ans, pas un élu de son propre camp ne siègera à tel ou tel conseil régional, c’est qu’il y a vraiment quelque chose de pourri dans le royaume de la soi-disant démocratie des urnes. Ce que signale cette campagne de décembre 2015, c’est à la fois l’éloge du reniement ajouté au déni du réel: cela fait beaucoup pour des millions d’hommes et de femmes qui auraient encore le toupet d’avoir des convictions.

Car enfin il faut être clair: quelles que soient les divergences que l’on peut avoir avec le Front National – et Dieu sait s’il en existe – est-il pour autant un parti factieux? Antirépublicain? Prépare-t-il la France à une dictature auprès de laquelle celle d’un Hitler ou d’un Staline n’aurait été qu’une aimable bluette? Quelle est cette bien-pensance généralisée et omniprésente qui prétend combattre le nazisme – vaincu, rappelons-le, depuis soixante-dix ans – en faisant l’impasse sur les véritables totalitarismes d’aujourd’hui? Qui sont ces vertueux qui veulent faire barrage de leur corps à la bête immonde, sans jamais avoir demandé son interdiction? De deux choses l’une: ou le Rassemblement Bleu Marine veut la fin de la République et des libertés et l’on vote une loi pour l’interdire, ou c’est un parti comme les autres et on l’affronte avec les armes de la démocratie qui ne sont pas, loin s’en faut, rouillées ou hors d’usage.

Cette tragi-comédie médiocre, jouée par des acteurs sans talent, opère en réalité des ravages. Ce n’est pas par hasard qu’on en arrive à un Bartolone reprochant à une Pécresse de «défendre Versailles, Neuilly et la race blanche», dans un exercice de masochisme et de haine de soi qui masque évidemment des préoccupations électorales au ras des pâquerettes. Quand le corps politique n’a plus ni colonne vertébrale, ni constance, ni fidélité, la porte est grand ouverte à l’extension du domaine de la salivation aussi imbécile qu’illimitée.

Le dramaturge allemand Bertolt Brecht le disait il y a longtemps: quand le peuple gronde contre son gouvernement, celui-ci, excédé, ne pense plus qu’à dissoudre le peuple. Tout se passe comme si le présent enfumage, entre COP21 et état d’urgence du côté du pouvoir et, de l’autre bord, querelles intestines et fantasmes primaires du côté de la droite, sait qu’il ne fera rien oublier. Ni chômage ni précarité, ni violence ni insécurité, ni identité malheureuse et encore moins angoisse de l’avenir. Evidence: les princes qui nous gouvernent ou qui aspirent à le faire, n’ont rien à se reprocher, ne font aucune autocritique, ne rendent aucun compte de leurs errements, de leurs aveuglements, de leurs impuissances: ils vont, impavides, moutons d’un Panurge dont ils ont oublié depuis longtemps la légitimité, obsédés par une seule préoccupation: garder le poste. Le pouvoir. Le fromage. Jusqu’en 2017 et au-delà. Et après eux, le déluge.

Bon vote.

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o.icaros

Le scrutin à deux tours est complètement imbécile, comme si on avait besoin d’un tour de chauffe, pour la répétition générale, avant de s’exprimer définitivement. Le « peuple » manquerait-il de maturité? Mais n’est-ce pas le scrutin à deux tours qui engendre ce manque de maturité? Le vote à scrutin unique est tout à fait démocratique. Notre manière de voter, spécifique à la France, revient à dire: vous avez voté une première fois, vous avez mal voté, votre vote ne nous convient pas, on efface tout et on recommence.
Si on veut faire des économies, on pourrait en faire là. J’aimerais savoir quel est le coût d’une élection, je parle évidement de la mise en place des bureaux de vote, de leur tenue et de tout ce qui s’y rapporte en amont et en aval.
Je ne me déplace donc qu’une fois pour éliminer. Avouez que c’est excitant de supprimer. C’est le seul moment dans sa vie qu’un citoyen a le pouvoir, voire le droit, de tuer quelqu’un sans que cela ne le conduise aux Assises.
Vu les résultats du premier tour, j’étais sûr que cette andouille de Bartlone (« allez, allez, taisez-vous! », c’est monsieur « allez, allez » à toutes les phrases) allait passer et j’avais même acheté de la bière pour me soûler, moi qui ne boit pas, ou qui boit avec beaucoup de modération.
Finalement, ma soirée n’a pas été si moche mais vivement la VIème République et qu’on arrête avec ces dérives monarchiques grotesques. Soit on redevient une monarchie héréditaire avec son apparat, soit on reste une République mais alors il faudra que nos présidents se conduisent en président et pas en rois, en président sobre qui ne grimpent aux rideaux et sans pouvoir déclarer des guerres et la paix car telle est son bon plaisir. Même la reine d’Angleterre n’a pas ce pouvoir qu’on nos présidents.

Chauchaud

Oui parce que Valls, Hollande s’appellent ;

Abou di souffle

André

Valls parle de guerre civile concernant le FN alors que c’est bien évidement eux qui à force de refuser à des millions d’électeurs le moindre député, la moindre mairie, département ou région, tout en arguant, tartuffes, de défendre la démocratie représentative, ce sont eux qui mènent la France vers une pente dangereuse.