Autrefois, en Israël, Moshe Farchi était officier chargé de la santé mentale au sein de l’armée. Il a développé une méthode originale de « premiers soins » psychologiques à dispenser après un choc et partage désormais à l’étranger son expérience dans la prévention du stress post-traumatique.

Il est récemment intervenu à Manchester, en Grande-Bretagne, où un attentat suicide a fait 22 morts et plus d’une centaine de blessés le 22 mai.

Cette attaque est survenue alors que Dov Benyaacov-Kurtzman, un travailleur social écossais qui a vécu en Israël pendant des années, s’apprêtait à créer à Manchester un centre d’aide d’urgence pour les cas de stress et de traumatismes.

L’attentat l’a poussé à accélérer son projet et à s’adresser à Moshe Farchi, aujourd’hui responsable des études sur le stress, le traumatisme et la résilience au Tel-Haï College (nord d’Israël), pour former des secouristes professionnels et volontaires.

« J’y suis allé immédiatement », raconte M. Farchi, qui avait déjà participé à la formation de professionnels en Allemagne, aux Philippines et en Argentine, chaque fois en tenant compte des spécificités culturelles de ces pays.

Les principes de sa méthode sont simples et faciles à mettre en pratique, même s’ils peuvent sembler contraires à la logique pour le profane: ils sont une sorte de « premiers soins » psychologiques applicables immédiatement après l’évènement traumatique, un attentat par exemple.

Sentiment d’impuissance

« On pourrait penser que quelqu’un en situation de détresse devrait être maîtrisé, contenu », explique à l’AFP M. Farchi, travailleur social de formation.

Or penser et prendre des décisions sont les choses qu’une personne doit faire pour se libérer du « sentiment d’impuissance », dit-il.

Quand il était dans l’armée, il a constaté les défauts des traitements qui ne parvenaient pas « à réduire l’élément d’anxiété et la perception de la dimension traumatique de l’événement », et utilisé son expérience comme volontaire dans des équipes médicales d’urgence pour développer sa méthode.

Durant des décennies de conflits, Israël a acquis « une grande expérience » en matière de traumatismes. « Nous avons commis de nombreuses erreurs dont nous avons tiré les leçons ». Ce qui a permis de créer des modèles de travail efficaces et scientifiques, raconte-t-il.

Stimuler

Moshe Farchi travaille sur le ressenti: « L’événement (traumatique) s’est produit – par exemple, une roquette a explosé. La menace ne peut plus être supprimée mais ce que nous pouvons faire, c’est diminuer ce sentiment d’impuissance », explique-t-il.

« Le contraire de l’impuissance, c’est de pouvoir agir. Voilà pourquoi la première des choses à faire est de stimuler la personne », dit-il. Cela implique, selon Moshe Farchi, de lui poser des questions concrètes et factuelles pour lui permettre d’utiliser sa capacité à prendre des décisions, aussi simples soient-elles, comme de faire une pause ou de boire de l’eau.

Cette idée de « relancer » ou « redémarrer » immédiatement la réflexion d’une personne choquée par un événement traumatique peut avoir des effets positifs immédiats et à long terme, estime le psychiatre qui dirige le service clinique du département de l’armée chargé de la santé mentale.

« Les deux principaux objectifs sont de permettre à quelqu’un de (…) réduire le risque de se faire tuer et celui de développer des désordres (psychologiques) plus sérieux » dans le futur, tels le syndrome de stress post-traumatique, explique ainsi le Dr et lieutenant-colonel Ariel Ben Yehuda.

Les personnes qui ont été confrontées à un danger de mort ont tendance à être confuses, isolées, désorientées, dit-il. Mais les méthodes de Moshe Farchi « permettent d’affronter ces questions ».

« Il ne s’agit pas d’un traitement psychiatrique mais de quelque chose de très ciblé que vous pouvez faire en deux minutes, l’idée étant de +redémarrer+ la personne », poursuit le Dr Ben Yehud.

Comme pour un ordinateur qu’on souhaiterait « rebooter ».

Pas besoin d’être médecin 

Cette méthode est actuellement utilisée dans le cadre de l’entraînement médical des soldats israéliens et peut être enseignée en quelques heures.

L’un de ses atouts est qu’elle n’est pas cantonnée aux personnels de santé mais peut être enseignée à tous.

« La probabilité qu’une personne qui vient de vivre un traumatisme se trouve juste à côté d’un professionnel de santé est mince, mais celle qu’un quidam se trouve là est beaucoup plus grande », souligne M. Farchi, qui va partir à Londres pour dispenser d’autres formations.

En Israël, sa méthode a été expérimentée à l’occasion de la guerre dans la bande de Gaza de l’été 2014, notamment à Ofakim (sud), une localité israélienne cible de roquettes tirées à partir de l’enclave palestinienne. Avec succès, selon M. Farchi.

AFP

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