VIDEOS. Attentats de Paris : les victimes dénoncent les ratés de l’administration

Caroline Langlade, vice-présidente de l'association Life for Paris - 13 novembre 2015, a raconté les trois heures passées avec quarante personnes dans une loge du Bataclan. Durant ce temps, impossible de joindre police-secours.
Caroline Langlade, vice-présidente de l’association Life for Paris – 13 novembre 2015, a raconté les trois heures passées avec quarante personnes dans une loge du Bataclan. Durant ce temps, impossible de joindre police-secours.
(Capture d’écran/LCP.)
«Nous avons mille questions et nous attendons des réponses.» Plusieurs victimes des attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis ont été entendues lundi par une commission d’enquête parlementaire.

Elles ont raconté les ratés des dispositifs d’aide et d’information et questionné la responsabilité de l’Etat.

Ce n’est ainsi qu’un jour après que des proches de Georges Salines, président de l’association «13 novembre, fraternité et vérité» ont appris la mort de sa fille, présente au Bataclan, par des tweets d’inconnus. Lui n’était pas encore au courant. Les annonces de décès sont allées «au-delà de tout ce qu’on peut imaginer comme ratage», a sobrement commenté ce médecin. Et de pointer «l’atroce impréparation» des dispositifs d’information le soir même et les jours suivants.

Le comportement «honteux» de certains employés

Sophie Dias a elle perdu son père, de nationalité portugaise, devant le Stade de France. Si le consulat du Portugal lui a appris sa mort le 14 novembre, l’appel des autorités françaises n’est arrivé qu’un jour et demi plus tard. Un délai «inadmissible», selon cette communicante, qui a également regretté n’avoir toujours pas eu accès au rapport d’autopsie, «important pour faire le deuil».

Numéros de téléphone saturés, identifications tardives, institut médico-légal (IML) dépassé… A l’IML, dont elle a dénoncé le comportement «honteux» de certains employés, Sophie Dias, venue reconnaître son père, a entendu : «Ne vous inquiétez pas si on ne vous montre pas la tête, vous verrez un pied».

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Un rapport rendu en juillet

Tels sont quelques uns des témoignages que la commission d’enquêteparlementaire a entendu lundi pour ses premières auditions. Elle porte  sur les «moyens mis en œuvre par l’Etat pour lutter contre le terrorisme» depuis les attentats de janvier 2015 à «Charlie Hebdo» et à L’Hyper Cacher.  Elle rendra sa copie en juillet, selon son rapporteur, le socialiste Sébastien Pietrasanta.

«Nous ne sommes ni des procureurs ni des juges mais des commissaires d’enquête» recherchant «la transparence», «la vérité» et «des solutions» a assuré son président Georges Fenech (Les Républicains).

Impossible de joindre police-secours

Des failles dans la communication ont également été rapportées durant l’intervention policière au Bataclan, dont l’efficacité a par ailleurs été saluée. Caroline Langlade, vice-présidente de l’association Life for Paris – 13 novembre 2015, a raconté les trois heures passées avec quarante personnes dans une loge, dont la porte était barricadée par un frigo et un canapé. Un jihadiste a tenté de se faire passer pour un gendarme pour qu’on lui ouvre. Demande rejetée par «vote à main levée».

Durant ce temps, impossible de joindre police-secours. «Il a fallu que j’appelle ma maman à Nancy pour qu’elle appelle la police de Nancy et leur communique les informations», a expliqué Caroline Langlade. Une policière lui a ensuite raccroché au nez parce qu’elle «chuchotait». «Ça a été constamment à nous de chercher l’information. C’est le cas depuis le début (…) On ne devrait plus se battre pour ça», a-t-elle observé, en référence au marathon administratif et judiciaire des victimes et leurs proches.

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«Ni présence policière ni fouille» au Bataclan

Les carences des services de renseignement et les réponses politiques aux attentats ont également été épinglées. Le patron du bar La Belle Equipe, Grégoire Reibenberg, s’est vivement agacé que le débat se focalise autour de la déchéance de nationalité pour les personnes condamnées pour terrorisme: «On a un problème de moteur et on va changer la couleur de la banquette?».

«Comment se fait-il qu’un terroriste interdit de territoire français et européen se retrouve à diriger une attaque de cette ampleur?», s’est pour sa part interrogé Mohamed Zenak, trésorier de l’association 13 novembre, au sujet d’Abdelhamid Abaaoud, un des organisateurs présumés des attentats.

Et Mohamed Zenak, dont la fille a été blessée lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser au restaurant Comptoir Voltaire, de s’interroger sur «la question des responsabilités» de l’Etat. Il n’y avait «ni présence policière ni fouille» au Bataclan, alors que le risque d’attaque contre une salle de concert était connu des autorités, a aussi déploré Alexis Lebrun, membre de Life for Paris.

Les attentats du 13 novembre ont fait 130 morts et des centaines de blessés. Le nombre total de victimes, physiques ou psychologiques, est estimé à 4.000, a rappelé la commission.

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VIDEO. La commission d’enquête parlementaire sur les attentats laisse la parole aux victimes

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