Asymétrie psychologique : 
comprendre les manifestations du « retour » à Gaza

 

  • L’asymétrie psychologique est l’avantage relatif de la partie la plus faible dans un conflit à s’engager dans un comportement autrement immoral et illégal contre un adversaire militairement plus fort.
  • Le Hamas et d’autres groupes ont utilisé leur asymétrie psychologique pour affronter Israël pendant des années, exploitant et mettant des civils en danger pour atteindre des objectifs stratégiques.
  • Les manifestations actuelles à Gaza sont un excellent exemple de l’asymétrie psychologique utilisée comme arme stratégique par le Hamas.
  • La différence de perception entre les personnes qui soutiennent et ceux qui critiquent Israël pour les pertes civiles à Gaza n’est pas due à des «faits» ou à une «logique» liée à la situation.
  • C’est plutôt le résultat d’une idéologie de regroupements anti-discriminatoires qui considèrent les civils de Gaza comme des victimes et, à ce titre, à l’abri de toute responsabilité face à tout ce qui leur arrive.
  • Par conséquent, dans ce cadre idéologique, le parti le plus puissant, à savoir Israël, doit assumer la responsabilité de préserver ces civils et de maintenir leur sécurité.
  • Renonçant à assumer cette responsabilité et en a délégant à Israël,le Hamas se sert de cette situation inversée pour présenter son dossier de revendications fantasmatiques
  • Le dilemme auquel est confronté Israël est exacerbé par les reportages médiatiques, qui adoptent cette vision subjective de l’idéologie des luttes anti-discriminatoires et des descriptions moralement symétriques actuelles, dans une situation où l’asymétrie abonde.

Vidéo de l’attaque des Gazaouites contre la clôture d’Israël près de Nahal Oz avec des cisailles et des haches. ( Presse arabe / @RamAbdu | Twitter ) Twitter feed translation: « Tentative de passage des jeunes rebelles dans nos terres occupées près de la position de Nahal Oz à l’est de la ville de Gaza pendant la Grande Marche de retour. »

Perceptions différentes de la même réalité

Pourquoi ceux qui se considèrent comme sympathisants d’Israël sont-ils frustrés par la couverture des manifestations actuelles à Gaza?

Pour les partisans d’Israël, la situation est plutôt simple : un régime terroriste organise le rassemblement d’autant de citoyens que possible sous le couvert d’une manifestation pacifique, pour provoquer et couvrir d’autres personnes, qui attaquent violemment des soldats israéliens et tentent de s’infiltrer en Israël, proprement dit, pour y mener des attaques terroristes. Des années de construction de tunnels d’attaque, de lancement de roquettes et de tentatives de franchissement de la barrière, d’innombrables fois, servent de toile de fond à ce qui se passe actuellement.

Mais pour les critiques d’Israël et les partisans des Palestiniens, ce qui se passe n’est rien de moins qu’un massacre, un déni de droits et une oppression liée à la perpétuation d’un blocus cruel, qui anéantit les espoirs des gens qui ont simplement le désir de retourner dans leurs foyers et de vivre une vie meilleure.

Comment les gens qui assistent aux mêmes événements peuvent-ils avoir des perceptions si divergentes de ce qu’ils voient?

On a déjà décrit le principe d’«asymétrie psychologique», courante dans la guerre contre Israël, menée par les organisations autoproclamées de « résistance » palestiniennes et arabes 1. De même que l’utilisation de la non – violence comme stratégie psychologique contre Israël. 2 Cette « asymétrie » fait référence à l’avantage militaire clair d’Israël et à son désavantage psychologique ultérieur en raison précisément de cette supériorité.

Les événements des dernières semaines sont des exemples clairs de cette forme de guerre psychologique et, à l’ère des micro-ondes et des tweets instantanés, de la façon dont l’asymétrie psychologique entre Israël et le Hamas est utilisée à fins de compléter et masquer une approche terroriste pour combattre Israël. Cela comprend, dans le cadre de cette stratégie, l’utilisation de victimes civiles pour faire connaître ses griefs et attaquer Israël.

Le dilemme du parti le plus puissant

Causer la mort d’êtres humains innocents est universellement condamné dans les milieux occidentaux. C’est considéré comme illégal et, par extension, immoral en vertu du Statut de Rome3. Alors qu’il est facile de comprendre « pourquoi » des civils innocents peuvent être blessés, il est tout aussi difficile de soutenir que tout civil non armé pourrait « mériter » d’être tué et blessé, simplement à cause de sa présence dans une zone de guerre.

Israël, en tant que partie la plus forte et la plus influente du conflit avec le Hamas, est considéré comme ayant une plus grande responsabilité. Par conséquent, la partie la plus faible est donnée comme «molle» et n’est pas perçue sous le même jour. De plus, les civils de la partie faible sont doublement dotés d’un statut spécial, d’abord en raison de leur position d’être victime d’une occupation oppressante et, seulement ensuite, en tant que victimes d’un régime oppressif. Ainsi, ils sont absous de la culpabilité, absous de la responsabilité, et certainement absous de tout blâme.

Alors, que reste t-il du jeu à « qui porte blâme » quand ces victimes sont blessées? Bien que des arguments peuvent certainement être exposés, montrant que le Hamas est responsable de l’exploitation de ses citoyens, en les mettant en danger 4, ces arguments ne tiennent finalement pas l’eau quand on les contre par ce qui est considéré comme un principe intangible : ne jamais porter atteinte à des civils non armés. Alors que de nombreuses victimes à Gaza sont des terroristes, tous ne le sont pas. Ce sont ces victimes «innocentes» qui sont considérées comme relevant de la responsabilité d’Israël et non du Hamas.

Ceux qui soutiennent et apprécient la position d’Israël comprennent le principe de la protection des civils de Gaza innocents et non armés, mais comprennent aussi probablement que ces civils sont exploités par leur gouvernement. Ce n’est pas le point de vue de ceux qui ont une vision discriminatoire de toutes les victimes, un point de vue qui absout non seulement les victimes de tout blâme, mais attribue aussi la responsabilité à tout parti puissant qui contrôle le mieux la situation. Comme l’a noté Jonathan Haidt, « [dans les luttes anti- discriminatoires] on dit que les dimensions binaires de l’oppression sont imbriquées et se chevauchent … Ils doivent tous se rassembler pour combattre leur ennemi commun, le groupe qui se trouve au sommet de la pyramide de l’oppression : le Blanc, cisgenre (bien dans sa peau et son identité sexuelle), valide, chrétien ou juif ou peut-être athée. C’est pourquoi un léger affront contre un groupe de victimes appelle à des protestations de la part de tous les groupes de victimes. C’est pourquoi tant de groupes issus des campus s’alignent désormais contre Israël. L’intersectionnalité (la lutte contre toutes sortes de discrimination) est comme l’OTAN pour les militants de la justice sociale5 ».

Lorsque l’idéologie et le journalisme se rencontrent

Il en résulte une vision plutôt simpliste et fondamentale du «bien contre le mal» et du «fort contre le faible» où c’est la quantité de victimisation et non la qualité du comportement réel de la victime qui détermine la rectitude morale. En conséquence, ce tweet du correspondant de CNN Sulome Anderson serait parfaitement logique :

Je condamne la mort de tous les civils. Mais, en réalité, ils doivent d’abord mourir en premier, et il n’y a eu aucune victime israélienne. 6

Si les chiffres montrent plus de victimes arabes palestiniennes que de victimes israéliennes, le déséquilibre des pouvoirs est clairement affiché pour tous et soutient davantage la responsabilité du parti le plus fort (Israël) et, par extension, sa culpabilité.

Les images qui montrent une partie de ce qui est considéré comme une lutte civique, avec des personnes en civil ne portant pas d’armes sérieuses autres que des frondes improvisées et des cerfs-volants incendiaires contre des militaires bien armés et en uniforme, de l’autre côté. Les différences entre ces images sont encore plus frappantes quand les civils les plus faibles et clairement désarmés sont présentés (comme dans cette vidéo du New York Times ) en train d’absorber des gaz lacrymogènes entrants et des tirs à balles réelles, faisant des blessés et des morts, en direct « live », alors que la partie israélienne est engagée dans une célébration très « correcte» de l’ouverture d’une ambassade, apparemment totalement imperméable à la souffrance de l’innocent. 7

La capture d'écran du New York Times

La couverture du New York Times le 14 mai 2018.

Que les «faits» racontent une histoire différente n’a aucune pertinence sur le pouvoir de colorer psychologiquement la réalité. Ainsi, lorsque les journaux déclarent que «Israël tue des dizaines de personnes à la frontière de Gaza, alors que l’ambassade américaine ouvre à Jérusalem»8 , la symétrie absolue entre les deux événements implique une motivation active et offensive, et non réactive ou défensive, de la part d’Israël. .

La perte ultime de l’objectivité

Tout cela n’est pas perdu pour le Hamas, qui a pris conscience de sa position et a utilisé l’asymétrie psychologique au fil des ans. Traiter de cette question n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, et expliquer, décrire et fournir des preuves dans les contre-arguments peut aider quand il s’agit de ceux pour qui l’interprétation des événements repose plus sur la logique et moins sur l’émotion. Mais pour ceux pour qui l’idéologie l’emporte sur tout, fournir des explications, a posteriori sur les événements de Gaza, en se fondant sur des événements réels, n’est pas susceptible d’être efficace.

Institut des affaires contemporaines

Fondé conjointement avec la fondation de la famille Wechsler

Vol. 18, n ° 12

Psychological Asymmetry: Understanding the Gaza “Return” Demonstrations

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Remarques

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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Tamara

Wait and see donc mais jusqu a quand ? Mais en attendant les plus ages vivent avec la hantise d un mauvais monde qui attend leurs descendants et ce, en Israël et en Europe à moins que….

Marc A

Le Hamas a de la chance, il s’adresse à une masse inépuisable d’idiots. Contre cela, seul le temps est de notre côté.