André-Jean Lafaurie, Dictionnaire amoureux du golf. Plon (L’abeille)

Cette collection intitulée Dictionnaire amoureux de… peut traiter de tout au motif de l’amour que l’on témoigne à l’objet traité. Ce qui m’a frappé dès les premières lignes de cette histoire du golf, c’est l’aspect multifacette du sujet. Je n’ai jamais pratiqué l’art golfique (pour user d’un néologisme) et je suis avide d’apprendre quelque chose à son sujet. La tentative de définir ce qui fait l’excellence ou la prédilection de ce sport, apparemment réservé à une certaine classe sociale.

Mais ce qui retient l’attention, c’est le premier thème traité dans la lettre A puisque l’ordre de traitement des notions ou des entrées est alphabétique. Eh bien, c’est l’âge. Et je crois que c’est bien vu car on a souvent pensé (à tort ?) que le golf est, je cite, un «sport de vieux». L’auteur prouve pourtant, en citant des statistiques fiables, que la moyenne d’âge a considérablement baissé jusqu’à toucher les moins de vingt-cinq ans…

Ce livre, remarquablement écrit et solidement documenté, est l’œuvre d’un auteur qui aime ce sport et cherche à le rendre attrayant aux yeux du plus grand nombre. Et il faut l’en féliciter. Pourtant, quand on y réfléchit un peu, mais à quoi rime donc ce jeu qui consiste à introduire une petite balle (cinq centimètres de diamètre) dans un trou ? Et comment se fait-il que tant de pratiquants y puisent un élixir de jeunesse, une manière de combattre le surmenage, l’angoisse et la dépression ? Je renvoie le lecteur à l’article sur la psychanalyse… Cette longue marche à travers les espaces verts, l’attention exclusivement portée au mouvement de la balle et la paix avec la nature, nous font oublier nos préoccupations et nous aident à affronter certains problèmes.

On pourrait rétorquer que c’est là la vocation de tout exercice physique, mais ce n’est pas entièrement vrai. On vit d’bord un dépaysement, même si on est fidèle en tant que pratiquant au même club, au même green, le résultat est toujours le même : on s’est délesté de tout ce qui nous préoccupait.

Mais il est un aspect sociologique qui a joué en défaveur de ce sport, je peux parler de son enracinement dans certaines classes sociales huppées, capables de s’offrir de tels loisirs sportifs. Et je ne parle même pas des interminables listes d’attente pour intégrer un club… Réussir à y adhérer est devenu une sorte de marqueur social, même si je ‘aime pas beaucoup cette expression… J’apprends aussi beaucoup, notamment ce que veut dire le birdie, l’eagle et l’albatros. Que de mots réservés aux seuls pratiquants plus doués que la moyenne…

Il faut bien suivre les différences séparant les professionnels des amateurs, leurs obligations et leurs devoirs. Mais ce qui m’a le plus frappé en feuilletant cet épais volume, c’est la déchéance d’un grand champion qui, après avoir gagné tant de coupes et de trophées, n’y arrive plus. Et malgré toutes les tentatives de comprendre, de déceler si une maladie dégénérative en était la cause, devait simplement se plier au verdict du destin : notre homme n’était plus un champion, il ne savait plus jouer au golf… Quelle tristesse !

Tout sport requiert des juges et des arbitres. Ils sont plusieurs millions de par le monde à exercer cette activité : et plus le nombre de pratiquants augmente, le nombre d’arbitres suit dans une égale proportion.

Je suis contraint de relever des notions qui me paraissent aider à une meilleure compréhension de ce sport, sans parvenir à construire quelque chose de systématique. Par exemple, je passe au cri Fore ! Fore ! lorsque la balle d’un golfeur se trouve accidentellement sur la trajectoire d’un autre joueur. Elle peut menacer l’intégrité physique d’un golfeur innocent qui peut recevoir ce projectile en plein crâne. Par chance, les accidents graves sont rares mais il arrive qu’ils surviennent… Ce cri Fore avertit du danger.

Saint-Andrews en Ecosse est la ville-matrice du golf mondial et comme toujours on a cherché à comprendre d’où venait ce terme GOLF. On a proposé une étymologie qui est sûrement fantaisiste mais qui, faute de mieux, offre une direction : Gentlemen only ladies forbidden… (Aux hommes exclusivement, interdit aux dames). Ce qui est très peu probable, dans les faits. Mais faute de mieux, on s’en contentera.

En tout état de cause, le golf a été appelé à se propager dans le monde entier, y compris en Chine communiste qui avait un œil sur Hong Kong où ce noble sport se portait très bien et était trusté par les diplomates et les hommes d’affaires étrangers. C’était, en plus, le meilleur moyen d’acquérir des dollars dont le plus grand pays communiste au monde avait grand besoin. Le président Teng Tsiho Ping ordonna la construction de quelques golfs en Chine continentale. Je pense que la Corée du Nord doit être le seul pays au monde où le golf peine à s’installer. On parle d’une future organisation d’une compétition internationale dans ce pays.

Il existe probablement une philosophie du golf et des golfeurs : elle consiste à s’isoler en compagnie de la nature, durant un laps de temps assez prolongé.

Ais-je le droit de faire une remarque amusante ? Grâce à ce livre j’ai tout appris sur ce sport distingué, notamment que chaque espace avait dix-huit trous et un dix-neuvième… le bar.

Maurice-Ruben HAYOUN

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève.  Son dernier ouvrage: La pratique religieuse juive, Éditions Geuthner, Paris / Beyrouth 2020 Regard de la tradition juive sur le monde. Genève, Slatkine, 2020

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