Joe Biden et le prince d’Abou Dhabi Mohamed bin Zayed al-Nahyan en mars 2016. ©WAM / Xinhua NewsAgency/Newscom/MaxPPP

Abou Dhabi dangereux fournisseur d’armes lourdes

Abou Dhabi est dans la ligne de mire des Etats Unis à cause de son financement massif à différents groupes militaires agissant sur de nombreux champs de batailles très sensibles.
Les livraisons d’équipements d’origine russe, chinoise, voire nord-coréenne d’Abou Dhabi à ses poulains vont être utilisées par Washington pour reprendre la main sur plusieurs dossiers régionaux.

Washington commence à mettre la pression sur Abou Dhabi. La publication le 23 novembre du rapport de l’Inspector General (IG) du Pentagone, mentionnant que la Defense Intelligence Agency (DIA) estime que les opérations du groupe paramilitaire russe Wagner sont financées avec l’aide d’Abou Dhabi, fait figure de ballon d’essai, alors que Washington multiplie les griefs contre le petit émirat.

Comme Intelligence Online l’a éventé en octobre, en plus de financer les opérations de Wagner sur place, c’est le conglomérat de défense International Golden Group (IGG), très proche du prince héritier Mohamed bin Zayed al-Nahyan, qui achète une large partie des matériels utilisés par Wagner

Par des commandes d’IGG, aussi partenaire local de nombreux groupes de défense occidentaux, notamment français, les Emirats ont envoyé sur zone des hélicoptères Mi-24P, des systèmes antiaériens SA-3 et des chars T-72. La plupart ont été achetés sur étagère dans les entrepôts biélorusses. Abou Dhabi entretient les meilleures relations avec Minsk, qui a d’ailleurs envoyé des hommes de sa société fétiche, 558 Aircraft Repair Plant, (ARP 558) à Benghazi afin de soutenir les opérations.

C’est aussi via IGG qu’Abou Dhabi a suppléé en chars l’Arménie lorsqu’elle était engagée en octobre contre l’Azerbaïdjan, qui recevait un soutien massif d’Ankara, adversaire des Emirats. Et ce, bien que l’Azerbaïdjan soit l’un des meilleurs alliés régionaux d’Israël, le nouvel allié officiel de Mohamed bin Zayed. Pour ce dernier et contrairement à son allié israélien, la lutte contre les Frères musulmans emmenés par la Turquie l’emporte sur son opposition à l’Iran, qui a soutenu l’Arménie dans le conflit.

Prolifération nord-coréenne

Les chars récemment livrés par IGG aux troupes du maréchal Khalifa Haftar ont aussi été passés au crible par les services américains de renseignement. Certains de leurs équipements sont nord-coréens. Le blog Oryx, très précis, a aussi fait état de véhicules d’artillerie lourde issus de Pyongyang. La connexion nord-coréenne d’Abou Dhabi en matière d’achat d’armement pour la Libye date de plusieurs années, notamment via Al-Mutlaq Technology (IOL nº747).

Les opérateurs parapublics russes utilisent aussi les équipements disponibles sur place. Ainsi, les hélicoptères de fabrication française Gazelle à la main d’Haftar, qui avaient connu une véritable saga, sont aujourd’hui pilotés par les hommes de Wagner. L’histoire ne dit pas si l’audit technique de la DGSE sur ces appareils afin de connaître leur état (IOL nº855) leur a été utile. Ils sont désormais utilisés en opération.

Prolifération chinoise

La publication de l’Inspector General du Pentagone est une première salve. Le Sénat a déjà commandé plusieurs rapports au Director of National Intelligence (DNI) sur les sources d’acquisition et les capacités de prolifération des technologies militaires de pointe par les Emirats (IOL nº866). Des chefs militaires américains avaient déjà effectué une visite en août afin d’éclaircir la stratégie – ou la non-stratégie – émiratie en matière de prolifération de technologies militaires, notamment chinoises (IOL nº866). Car outre la Russie, Washington s’alarme des accords de drones entre les Emirats et la Chine, notamment sur les théâtres extérieurs (Libye, Erythrée, Sinaï, etc.). Et ce, bien qu’Abou Dhabi leur a rétorqué que le pays a bien dû aller s’équiper ailleurs, Washington lui ayant toujours refusé la vente de drones armés de précision (IOL nº790). Les plus amers à Washington cherchent aujourd’hui à limiter les accords de transfert de technologie avec le pays.

Ces coups de semonce américains sur les activités émiraties permettent à Ankara et Doha de pousser plus avant le narratif à Washington d’une nouvelle victoire russe en Libye grâce à l’aide émiratie, leur ennemi atavique. Des sites créés dans cette guerre de l’information, comme Emiratesleaks.com, reprennent ces informations.

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