A Cannes, le réalisateur aurait estimé que la qualité de Melancholia n’aurait pas réussi à générer le buzz et a donc privilégié la polémique puérile comme nous l’apprend l’édition DVD du film.

Après avoir été déclaré persona non grata du festival de cannes pour ses déclarations aussi connes que douteuses (« Je comprends Hitler » et le fameux « ok je suis un nazi »), Lars Von Trier avait fait profil bas, présentant ses excuses à Thierry Frémeaux et se disant même « consterné ». On pensait l’affaire classée, c’était oublier un peu vite que le fond de commerce du réalisateur danois n’est pas le cinéma élégiaque, l’esthétique mélancolique et les slow motion apocalyptiques, mais la provocation puérile. Et ce depuis ses débuts. On ne voit pas pourquoi LVT se serait donc arrêté en si bon chemin et le DVD/blu-ray de son film Melancholia est le prétexte idéal à de nouvelles rodomontades accablantes.

L’histoire sans fin

Réalisé en compagnie d’un maître de conférence danois, le commentaire audio semble au début impitoyable. C’est la technique Von Trier : il fait preuve d’auto-critique et pointe les erreurs ou les faiblesses du film. Ici, il regrette un plan inutile ou raté, là revient sur une surenchère malvenue – « le film est suffisamment kitsch. J’en ai trop fait » – jouant au lucide et au génie conscient de ses petites baisses de forme. OK

Mais le loup sort vite du bois : commentant la scène du dîner, pendant laquelle John Hurt subtilise les petites cuillères, LVT explique que c’est une plaisanterie qu’il s’amuse à faire régulièrement, ajoutant : « C’était comme la conférence de presse à Cannes. C’était censé être une blague, mais ça n’a pas marché du tout. J’essayais seulement d’être drôle ». Surpris, le conférencier avoue : « Le producteur m’a fait promettre de ne pas commenter l’événement que vous venez d’évoquer ». Lorsque LVT demande pourquoi, le conférencier répond : « J’ai aussi promis de ne pas répondre à cette question ». On l’aura compris, LVT veut continuer le débat mais son host fait semblant de ne pas vouloir rentrer dans son jeu.

Faux-semblant ?

Semblant ? Aucun doute n’est permis puisque le film a été largement vendu et marketé sur le scandale cannois (bien plus par exemple que sur l’extraordinaire délire critique qui a accompagné sa projection cannoise ou les prix remportés par Dunst). Pourquoi alors que le film sort en Angleterre auréolé de la mention triomphale « Persona non Grata » faudrait-il éviter d’évoquer l’affaire sur le commentaire audio du DVD ? Pourquoi se priver de l’argument-massue qui amènera tous les journalistes/critiques (nous les premiers) à revenir sur cette édition DVD et parler (encore et encore et encore) du film sous un seul et même angle vendeur et performant (le scandale) ? On reste donc scotché au com audio pour guetter le moindre dérapage. 

Alors qu’on croit (ou faisons semblant de croire) que le sujet est finalement clôt (le commentaire audio n’évoque plus l’affaire), LVT se vautre in fine dans ses obsessions ! A la toute fin de générique (2h10 plus tard donc) Lars Von Trier persuadé que plus personne n’écoute son commentaire (tu parles !), lâche : « c’est l’heure de notre débat sur le troisième Reich ». Le masque tombe et le réalisateur explique dans un grand geste cynique que, pensant que son film n’était « pas assez bon pour la Palme », il s’est délibérément engouffré dans la provoc antisémite. Ses déclarations sur le nazisme ne seraient finalement qu’un argument marketing : « Au final, ça m’a fait plus de pub que si j’avais gagné la Palme ». Et quand son interlocuteur manifeste une nouvelle fois son incrédulité (amusée, faut pas pousser) LVT acquiesce : « vous savez bien que chez moi, la vérité… tout ca se mélange un peu ».

Le commentaire se finit sur la responsabilité des spectateurs à supporter ses propos.

Vertigo

Beau boulot marketing ou procédé un peu crade ? On ne va pas se draper dans une confortable posture morale. On remarquera juste que, une fois de plus, le film est réduit aux dérapages d’un cinéaste malade et prêt à tuer père et mère pour un bon mot (ou une bonne pub). Le DVD est finalement révélateur du marketing du film-scandale, marronnier que les journalistes et (dans une moindre mesure) le public attendent comme les soldes. C’est ce qu’a bien compris Lars Von Trier (qui avoue – blague ou pas – la stratégie médiatique dégueulasse) et son éditeur. 

L’ennui finalement c’est que ce disque ne permet pas de voir Melancholia débarrassé de ses effluves rances et de son parfum nauséabond. De (re)découvrir Melancholia pour ce qu’il est vraiment. Au contraire : cette édition enferme un peu plus LVT dans le rôle de la diva dépressive prenant son pied non pas en filmant (bien), mais en foutant le bordel et en organisant son suicide médiatique. Le système paraissait épuisé à Cannes, il semble aujourd’hui pathétique et totalement has been. On ne jettera pas la pierre à l’éditeur qui surfe sur le scandale pour vendre le film (sinon pourquoi avoir mis en plus la fameuse conférence de presse sur le DVD) : on attendait que ça pour en parler. On regrettera juste l’occasion manquée de déciller notre regard sur un cinéaste qui fut majeur et qui n’est plus aujourd’hui qu’une tête de gondole pour une promo fumeuse. 

Gael Golhen et Claire Fortier-Durand

Première.fr

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Chalellouche

{Mais le plus triste c’est que, lors de sa déclaration fumeuse à la présentation de son film à Cannes :

l’actrice Kristen Dunst, choquée, a crié un « oh My G-od » (oh Mon D.) mais…

…mais « notre » fille de Gainsbourg, la Charlotte, « convertie » au judaïsme, a juste béatement souri !!}