Les vestiges de Kahal Zur Israel, dans le centre historique de Recife (Etat du Pernambouc), ont été restaurés et récemment ouverts au public. Le lieu de culte «reconstitué» rappelle aux Brésiliens leurs liens avec la vieille Europe de la Renaissance. Cette synagogue est en effet devenue un centre culturel.
La mise à jour d´un « mikve » fût capitale, car ce bain servant aux ablutions du culte judaïque, a permis de lever les derniers doutes. Et à la fin du XXe siècle, dans le vieux centre historique de Recife, une maison de la rue du Bon-Jésus, autrefois appelée rue des Juifs, a pu être identifiée comme la plus ancienne synagogue des Amériques.  

Longtemps, leurs descendants, qui constituent toujours une forte communauté à Recife, évoquèrent ce lieu, décrit dans de vieux documents, mais sans savoir le localiser.

La maison est désormais un musée où l´histoire des murs et du contexte politique y est didactiquement relatée. La rue pavée qui la borde accueille chaque année le festival de la culture judaïque. Sa 20e édition s’est tenue début décembre 2011.


Au XVIIe siècle, les Juifs fuyant l´Europe et l´Inquisition avaient trouvé refuge dans cette cité dynamique et commerçante du nord-est du Brésil ; et dans ce quartier dominé par la synagogue Kahal Zur Israel. Leur tranquillité fut liée au pouvoir des Hollandais.
 


La prospérité au temps des Hollandais
 


Si Recife est aujourd´hui un port florissant, grâce au boum économique et industriel qu´a connu le « nordeste » et le reste de ce pays émergent, le premier essor de la ville date de la domination coloniale hollandaise, entre 1630 à 1654.
 


A la tête de la Compagnie des Indes occidentales, le futur prince Joao Mauricio de Nassau débarqua, envoyé de La Haye sous ces chaudes latitudes, pour prendre pied aux Amériques, et relancer l´économie liée à la canne à sucre et au tabac. Nassau fit bien plus, transformant cette bourgade côtière en capitale tropicale attrayante de la capitainerie du Pernambouc, subdivision territoriale à l’époque de la colonisation.
 


Calviniste et humaniste, Nassau avait autorisé la liberté de culte dans cette Nouvelle-Hollande où se réfugièrent des membres de la communauté juive hollandaise puis espagnole et portugaise, où l´hégémonie chrétienne de la péninsule ibérique les excluait. La paix et la prospérité durèrent pour les juifs de Recife autant que pour les Hollandais du Pernambouc.
 


Les bonnes récoltes d´exportation permirent aux colons d´entreprendre des travaux d´infrastructures, canaux, digues, ponts, palais et jardins, offrant à Recife un embellissement qui lui vaut encore le surnom de « Venise brésilienne ».
 


Cependant, même dans ce « nouveau monde », les juifs commencèrent à souffrir de la domination des chrétiens majoritaires. En 1637, dans un document officiel présenté à l´Assemblée d´Olinda, la ville voisine, les Portugais catholiques avaient demandé aux autorités de suspendre l´accueil de juifs. Il n´en fût rien, leur communauté étant très active, et influente, dans le commerce local.
 


Mais cette communauté ne survit pas longtemps au rappel de Joao Nassau aux Pays-Bas, suivi par la capitulation hollandaise face aux Portugais en 1654. Peu à peu marginalisés, les juifs quittèrent alors Recife. Retour vers l´Europe pour la plupart, pour d´autres direction le nord, pour chercher meilleure fortune dans la Nouvelle Amsterdam… la future New York des Etats-Unis.

Annie Gasnier

RFI.fr

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