Il n’est pas d’usage de commencer une chronique par un avertissement. Mais l’affaire est ici trop grave pour ne pas violer cette règle. Avertissement donc : ce qui suit est une fiction sur l’affaire Strauss-Kahn. Avec de vrais éléments, d’autres inventés, et une vraie leçon.Il est temps de le dire : DSK est en fait la victime… du général de Gaulle.

Tout commence le 4 février 1965. Lors d’une conférence de presse, le général de Gaulle dénonce l’impéritie financière des Etats-Unis. L’Amérique est le seul pays qui peut imprimer des billets pour s’acquitter de ses dettes. Le grand Charles a raison : elle va bientôt abuser de ce pouvoir. Pour financer la guerre du Vietnam, elle abandonne la rigueur budgétaire, ce qui fera exploser en 1971 le système monétaire international fondé sur un lien fixe entre l’or et le dollar. Mais les Américains veulent tout faire pour perpétuer l’avantage fabuleux que constitue la capacité d’émettre la monnaie du monde. Ils l’ont imposé en 1944 à Bretton Woods, contre la volonté de l’Anglais John Maynard Keynes. Et accepté en échange la proposition britannique d’un Fonds monétaire international.

Trois mois après les propos du général de Gaulle, l’administration Johnson demande donc à William Raborn, le tout nouveau patron de la CIA, de mettre en place une cellule secrète chargée de surveiller les ennemis du dollar. Au sein même de l’Agence, personne ne sait ce que fait cette petite équipe, qui s’est baptisée « IDWB » pour « In dollar we believe » ( « En le dollar nous croyons », allusion au « In God we trust » inscrit sur tous les billets verts). Certains croient savoir qu’elle s’occupe du Tatanistan, une région riche en pétrole aux confins de l’URSS et de la Chine qui présente l’étrange particularité de ne pas exister.

L’équipe tisse ses réseaux au FMI, à la Banque des règlements internationaux, dans les Trésors des grands pays, au sein des agences de notation. Elle tient évidemment les Français à l’oeil, par tradition très attentifs au pouvoir monétaire. Elle discrédite les positions de Paris à la fin des années 1970, quand un accord a failli être trouvé pour faire monter en puissance le DTS (droit de tirage spécial), la monnaie synthétique du FMI qui pourrait faire de l’ombre au dollar. Elle sonne l’alarme quand l’Iran puis l’Irak parle de ne plus facturer leur pétrole en dollars – deux pays qui ont encouru depuis les foudres des Etats-Unis.

L’équipe IDWB a été renforcée depuis 2008, car les moyens déployés par les Etats-Unis pour lutter contre la crise financière puis économique ont de quoi saper la confiance dans le dollar : un déficit budgétaire astronomique financé par de la création monétaire pure et simple. Début 2009 à Davos, les Premiers ministres chinois et russe attaquent tous deux le billet vert. Mais il ne s’agit pas d’adversaires dangereux : Pékin a trop de réserves en dollars pour prendre le risque de les saper et Moscou n’existe pas sur la scène financière internationale. Le vrai péril est en la demeure, à Washington même. Au FMI pour être plus précis. Dans deux rapports parus en avril 2011, le Fonds critique la politique budgétaire américaine comme jamais dans le passé. Une semaine plus tard, l’agence de notation annonce d’ailleurs la mise sous surveillance de la dette américaine. Une gorge profonde révèle une information encore plus inquiétante : le directeur général du Fonds, le Français Dominique Strauss-Kahn, s’apprête à lancer un appel solennel à un nouveau système monétaire mondial où le dollar deviendrait une devise comme les autres. Ayant brillamment piloté le FMI et au-delà l’économie planétaire dans la plus grave crise depuis près d’un siècle, c’est l’homme le plus crédible au monde pour le faire. Et cet appel effacerait sa réputation d’homme du grand capital si gênante pour mener campagne en France…

DSK devient dès lors l’homme à abattre, et vite. Des télégrammes de l’ambassade américaine à Paris non publiés par WikiLeaks confirment son point faible : le beau sexe. L’équipe IDWB monte l’une de ces opérations logistiques qui constituent l’un des grands savoir-faire des Etats-Unis, avec une femme venue de nulle part, dotée seulement d’un faux frère, mise au secret… La suite de l’histoire remplit l’actualité depuis plus d’une semaine.

Bien sûr, tout ceci n’est que fiction. Mais la mission première du successeur de DSK à la tête du FMI sera bel et bien de faire en sorte que l’Amérique ne fasse plus n’importe quoi avec sa monnaie.

Jean-Marc Vittori – Les Echos

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Armand Maruani

(suite)

Si cette femme de ménage n’avait pas été musulmane , ils auraient pu « monter » le coup dans un couvent .Cette « histoire » me fait penser au « petit chaperon rouge » .

Armand Maruani

Je dirai tout simplement qu’on a l’impression qu’une main invisible a mis une bombe à retardement dans cette chambre du Sofitel . Il aurait suffi qu’une femme de chambre bien sous tous rapports :immigrée , discrète , bonne musulmane , pauvre etc…croise le patron du FMI , juif , riche , ayant une réputation d’aimer les femmes , pour qu’elle explose et c’est l’apocalypse . On vit dans un monde de fous.

Hubertn2002

et pourquoi pas il ne voulait être candidat aux primaires mais continuer son mandat ay fmi simple comme tout on n en voulait plus de lui il était dérangeant