L’oeil de Goldnadel. Aujourd’hui, il invite la droite à « complexer »… la gauche.

Ainsi, François Fillon vient lui aussi de verser une dernière pelletée de terre sur ce prétendu « front républicain » qui aura sans doute incarné dans toute son ineptie le cadeau le plus immérité fait à la gauche la plus gauchisante de toute l’Europe.

Ce n’était pas la peine, d’instruire le procès en droitisation de Sarkozy et Copé, pour aller plus loin qu’eux quelques semaines plus tard.

N’ayant jamais été particulièrement complexé d’être rangé à la droite d’un échiquier politique français dont le curseur est situé extrêmement à gauche, je ne me sens pas très concerné par ce phénomène salutaire de « décompléxation » de la droite française. Mais si la droite républicaine veut vraiment réussir son aggiornamento, elle ferait mieux, plutôt que de ratiociner sur un Front National qui n’a toujours pas accompli sa mue définitive, de rappeler inlassablement et jusqu’au rabâchage cette évidence tellement aveuglante qu’elle ne la voit pas : ce n’est pas elle, mais le Parti Socialiste, qui est marié officiellement à des parties extrêmes et rétrogrades. Et c’est ce parti, lui même partiellement radicalisé par capillarité (la motion de Stéphane Hessel avait obtenu 11% à son dernier congrès), qu’il convient de sommer de renoncer à ses alliances électorales et gouvernementales obscènes.

Je ne parle pas seulement du Front de Gauche de M. Mélenchon, fréquemment et à juste titre invoqué par la droite, je parle aussi du Parti Communiste de M. Laurent et des pseudo-écologistes de Mme Duflot dont la radicalité n’a rien à envier aux deux premiers.

Faut-il que la gauche extrême et médiatique ait profondément domestiqué les esprits pour que ceux-ci se soient habitués sans s’émouvoir à voir les héritiers assez fidèles du soviétisme donner fièrement des leçons de démocratie plutôt que de renoncer à un drapeau rouge sang ?

Lundi dernier, un porte-parole du parti socialiste, M. David Assouline, par ailleurs fort sourcilleux envers François Fillon, annonçait l’organisation d’un « grand forum sur la République contre l’extrémisme » à Paris le 5 octobre. Formidable ! Il pourra ainsi tancer son alter ego M Rihan-Cypel et les autres éminences socialistes, présents à la fête de l’Huma…

J’imagine déjà les imprécations de M. Assouline, au cas où un conseiller municipal UMP était aperçu dans un rayon de 10 km de la fête Bleu-Blanc-Rouge.

On l’aura compris : le travail le plus urgent de la droite désormais décomplexée, est donc de complexer la gauche. Une gauche narcissique qui ne doute jamais d’une supériorité morale et intellectuelle qui n’existe plus que dans le reflet d’un miroir médiatique flatteur mais ébréché par les coups de marteau de la réalité.

Ce ne devrait plus être très difficile, à l’heure trop tardive, où la société française et son économie se délitent sous les yeux de français qui non seulement comprennent, mais osent questionner les apprentis sorciers de l’immigrationnisme extatique et de l’assistanat systématique.

Certes, la gauche en responsabilité tente désespérément de rafistoler les pots qu’elle a contribué à casser méthodiquement.

Lundi dernier, je participais à la stimulante émission animée sur LCI par Valérie Expert. J’y étais notamment confronté à la radicale, mais honnête Marie-Noëlle Lienemann. Questionné sur le pacte sur la laïcité de Vincent Peillon, je reconnaissais sans difficulté, qu’il s’agissait d’une initiative symbolique mais positive. J’ajoutais qu’il était désespérant de voir un esprit aussi modéré et bienveillant que Dalil Boubakeur la taxer d’islamophobe, sous le prétexte insensé que le texte incriminé prônerait l’égalité entre garçons et filles ! Faut-il que le recteur de la mosquée de Paris, esprit par ailleurs si subtil, soit soumis à fortes pressions, pour paraitre admettre ainsi que l’islam serait consubstantiellement et définitivement attentatoire à la dignité des femmes ?

Je terminais en spéculant, sans grand risque, sur la manière dont la gauche aurait réagi, dans l’opposition, si la droite au pouvoir avait proposé un pacte de la même farine laïque.

J’avais oublié qu’en 2011, cette droite avait effectivement proposé un débat sur la laïcité et que dans le Nouvel Observateur (25 mars), le ban et l’arrière ban de la gauche morale (E.Benbassa, P.Bergé, J.Birkin, J.Bové , Cabu, E.Morin, C.Taubira, L.Thuram…) avait d’avance stigmatisé par voie de pétition, et en la flatteuse compagnie de Tariq Ramadan, « l’islamophobie » d’une droite qui exclut.

C’était il y a deux ans, c’était il y a deux siècles.

Mais pour complexer la gauche, inutile de remonter le cours du temps. Le cruel présent suffit, sans parler des projets des ministres extrêmes d’un gouvernement rose-rouge-vert, qui semble avoir organisé un concours Lépine de la loi la plus inepte.

J’évoquais la semaine dernière celui, littéralement criminogène, de Mme Taubira qui reviendrait, en cas d’adoption, à motiver le délinquant et à démotiver la police.

La Garde des Sceaux, à en croire la presse, ferait un forcing pour faire adopter son texte avant les élections municipales.

Connaissant le prudent M. Hollande, je suis prêt à parier le contraire, à voir monter l’exaspération du peuple français à l’aune de la montée des violences multiformes.

Les réactions enregistrées après le drame survenu dans une bijouterie niçoise de la rue Masséna en témoignent amplement. Derrière un débat juridique mais théorique sur l’occurrence de la légitime défense dans cette affaire, une réalité politique et psychologique nouvelle se dégage : le début de la fin de la perversion des normes de la compassion : l’agresseur délinquant, exerçant une occupation à risques, n’est plus une victime à plaindre avant son agressé.

Mais Mme Duflot, n’a rien à envier à Madame Taubira, dans le domaine des projets de loi insensés.

On a déjà beaucoup glosé, même à gauche (M Carresche), sur des dispositions censées enrayer la progression des loyers d’habitation. On y a vu la défense caricaturale et stéréotypée des gentils, pauvres, locataires toujours de bonne foi contre les méchants et fortunés vautours. Et on a eu raison.

On a vu dans le projet de fonds de garantie d’État du paiement des loyers impayés, un système déresponsabilisant et dont le coût, grandement sous-évalué, est générateur d’une énième nouvelle taxe (voir notamment Le Point « Duflot, une brillante idée à 2 milliards d’euros »). Et on n’a pas eu tort.

Mais je voudrais personnellement insister sur un aspect méconnu de cette folle loi : la possibilité qu’aurait désormais le locataire de saisir les tribunaux pour obtenir un « juste loyer ».

Je ne suis pas le plus mal placé pour décrire ici l’état d’encombrement voire de paralysie dans lequel se trouve la justice française. Le recours pathologique à la judiciarisation de la vie sociale n’y est pas pour rien. Au demeurant, les juges y trouvent une excuse pour expliquer les dysfonctionnements qu’on leur impute. Ainsi, les tribunaux correctionnels sont aujourd’hui assaillis par les plaintes -souvent instrumentalisées par la CGT- en matière de harcèlement au travail. Les entreprises françaises et les hommes qui en vivent avaient-ils vraiment besoin de la pénalisation d’une infraction déjà réprimée par le droit du travail et les prud’hommes ?

S’agissant à présent des loyers d’habitation, les tribunaux d’instance, compétents en la matière, sont d’ores et déjà dans l’impossibilité de rendre une justice normale dans des délais normaux. Incapables, notamment, de décider des expulsions, à supposer qu’ils le désirent. Et c’est le moment qu’a choisi Mme Duflot (sans opposition ni réserves de Mme Taubira) pour imaginer une nouvelle source de contentieux qui va entraîner des dizaines de milliers de saisines.

Le plus triste de cette histoire tragi-comique réside dans le fait qu’elle va, comme souvent, se retourner contre ses prétendus bénéficiaires. Si d’aventure, la loi était définitivement adoptée, l’offre de logements va se réduire d’avantage encore pour cause de découragement de propriétaires dont les rendements locatifs sont médiocres. Mme Duflot ne sait-elle pas que les propriétaires, déjà effrayés par l’impossibilité de se débarrasser d’un locataire indélicat, exigent systématiquement des cautions et préfèrent louer à des fonctionnaires aux revenus réguliers ?

Mais peut-être que Mme Duflot s’en moque. L’important, c’est la pose.


Si je ne le dis pas, alors qui va le dire ?

Libération de cette semaine s’interroge sur la réalité précise des exactions commises par les islamistes sur les chrétiens syriens de Maaloula. À lire l’ensemble de la presse internationale, il semble acquis aux débats que les djihadistes ont obligé à des conversions sous les applaudissements de leurs voisins musulmans. Plusieurs jeunes hommes auraient été assassinés pour l’avoir refusé.
Il est vraiment dommage que Libération et la presse de gauche n’aient curieusement pas fait montre du même salutaire et professionnel esprit critique dans d’autres circonstances. Ainsi, ériger en doute les accusations péremptoires et sans preuves de Charles Enderlin à l’encontre des soldats israéliens dans l’affaire Al-dura n’était pas seulement envisageable mais relevait d’un communautarisme borné.

J’indique, à ce sujet, que de manière définitive (Cour de Cassation 10 septembre 2013) la justice française vient de reconnaître la légitimité de s’interroger sur les conditions de cette affaire. Elle a en effet débouté M. Jamal Al dura (père de Mohammed) de ses demandes à l’encontre de mon ami et client Clément Weill Raynal et du docteur David, le chirurgien qui avait mis en cause le lien entre certaines des blessures exhibées par le plaignant et la fusillade de Gaza.

Le syndicat CGT de FR3, qui dans l’affaire « du mur des cons » avait, avec une rare confraternité, capitalisé une condamnation de C. Weill Raynal, aujourd’hui infirmée, en sera pour ses frais.

Ainsi, Mme Karine Le Marchand vient-elle de renoncer à la plainte pour violences qu’elle avait déposée à l’encontre de son footballeur de mari et grande conscience de la gauche antiraciste, forcément antiraciste, M.Lilian Thuram. Compte tenu des accusations précises proférées par elle, soit elle a eu trop d’imagination, soit elle n’est pas rancunière. Je rappelle que son époux va recevoir incessamment la Légion d’honneur des mains de M. le Président de la République.
Je n’entends pas gloser, avec une ironie trop facile, sur une affaire sur laquelle j’ignore tout.

En revanche, le communiqué publié par l’avocate de l’épouse m’interpelle un peu.

Mme Le Marchand entend rendre un hommage appuyé aux « combats » de son mari.

Pourquoi faut-il toujours, et dans les pires circonstances, que la gauche se sente dans le devoir et la possibilité de se flagorner plutôt que d’épouser une humilité plus adéquate ?

Voilà qui me rappelle, dans une situation autrement plus tragique, cette pétition d’artistes et d’intellectuels cornaqués par Armand Gatti, publiée dans le Monde, et dans laquelle il était réclamé la plus grande des indulgences pour Bertrand Cantat (meurtrier de Marie Trintignant) parce qu’il avait été « de tous les combats »…

C’était ma contribution personnelle pour décomplexer une gauche morale, mais un rien sélective.

L’oeil de Goldnadel.

Chaque semaine, Gilles-William Goldnadel propose aux lecteurs de Valeurs actuelles son Regard sur l’actualité.

@Valeurs Article original

valeursactuelles.com Article original

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires