Le général de Gaulle aurait dit avec sa verve et son humour habituels : vaste question ! Et en effet, dans ce pays, on ne sait par quel bout prendre les problèmes, contrairement à nos amis et voisins allemands qui prennent le taureau par les cornes (den Stier bei den Hörnern fassen) alors que les Français renvoient les questions difficiles au lendemain, (auf die lange Bank schieben) voire au surlendemain.

Mais voilà, arrive un moment où l’on ne peut plus reculer car on est soit au pied du mur, soit, pire encore, au bord de l’abîme. C’est ce qui est en train de se passer dans ce pays que ses habitants considèrent comme un pays de cocagne. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, on constate avec effarement que tous les fleurons de l’industrie française (Alstom, par exemple) tombent les uns après les autres dans l’escarcelle de pays étrangers. D’où la question : mais qu’est ce qui ne va pas en France ?

Pourquoi, ailleurs, cela marche plutôt bien, et ici pas du tout ou presque ? La question est bien posée mais il faut prendre garde à ne pas lui apporter une mauvaise réponse.
Il règne dans ce pays une mentalité, un climat qui opposent, sans qu’on en comprenne bien les raisons, les Français entre eux. Un secrétaire d’état frais émoulu du PS a dit assez justement ceci : quand on dit les entreprises, les adhérents du PS comprennent : les patrons… Et du coup ils plongent dans les sous marins après avoir fermé hermétiquement les écoutilles. C’est donc un climat, un état d’esprit qui enténèbre le cerveau des gens, au lieu de se dire, enfin, que ce sont les entreprises qui créent les emplois, alors que durant deux ans on a feint de croire le contraire… Il y a donc, au fondement même de la formation politique des citoyens de ce pays, un problème d’équivalence : on ne place pas les mêmes concepts derrière les mêmes mots.

Un autre exemple : on a appris avant-hier que les fins de semaines prolongées du mois de mai, les ponts et les viaducs, coûtent à ce pays pas loin de deux milliards.

C’est énorme, quand on sait que l’Etat recherche parfois, en se tordant les mains, le moindre million d’Euros pour colmater tel ou tel déficit. Eh bien, dans un autre pays, on aurait pris des mesures, expliqué aux gens que cela n’est plus possible et qu’il convient de réagir au plus vite, car après il sera peut-être trop tard…

Voulez vous un autre exemple ?

Les fraudes aux allocations familiales, à l’assurance maladie et aux indemnités de chômage. L’administration sait parfaitement où le bas blesse, le président l’a lui-même dit dans une récente allocution, et pourtant on ne fait rien car les gens concernés font partie de l’électorat de la gauche…

Mais les gouvernements, celui-ci comme les autres, masquent la réalité et ne disent pas la vérité aux gens. Exemple : on présente le pacte de responsabilité comme la dernière potion amère administrée au pays avec les 50 milliards d’économie. Or, tous les experts savent que ce n’est que le début et qu’il faudra beaucoup plus pour équilibrer les comptes… C’est dire !

Une anecdote susurrée à mes oreilles lors d’une réception dans une grand ambassade européenne : le ministre plénipotentiaire, profitant de la fin d’un discours me dit : comment voulez vous avec tout ceci : partir en vacances trois fois par an et revendiquer une retraite à taux plein avant 65 ans ?

C’est là toute la question. Quand on aura compris cela, on pourra redresser les comptes publics et remettre la France sur les rails…
Enfin, il y a la violence, la crispation du dialogue social. Je sais bien, c’est la tarte à la crème, mais cela atteint ici des proportions inquiétantes sans qu’aucun gouvernement n’ait pris la peine d’expliquer aux citoyens qu’on ne prend pas les patrons en otage, on ne menace pas de faire sauter son usine avec des bonbonnes de gaz, on ne bloque pas les routes, on n’envahit pas les plateaux de télévision en plein h-journal de vingt-heures, on ne roule au pas sur les autoroutes, etc, etc, uniquement parce qu’on n’a pas satisfaction dans des revendications catégorielles…

Certes, je ne nie nullement la légitimité de certaines demandes (par exemple les greffiers) mais on doit faire aboutir ses revendications de manière civilisée.
Et c’est là tout le problème : il faut être civilisé des deux côtés. Ce n’est pas toujours le cas..

Maurice-Ruben Hayoun

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Richard

En France:  » on ne change pas une equipe qui perd » comme disait Brassens : « le temps ne fait rien a l’affaire, quand on est…….. »