January 26, 2021, Barcelona, Catalonia, Spain: In this illustration, a hand of a person seen holding a syringe in front of the AstraZeneca logo. (Credit Image: © Thiago Prudencio/DAX via ZUMA Wire)

Coronavirus : Pourquoi les 65-74 ans ne sont-ils toujours pas éligibles à la vaccination anti-Covid ?

VACCINATION Trop jeunes pour recevoir les vaccins à ARN messager et trop vieux pour le vaccin d’AstraZeneca, les 65-74 ans ne sont toujours pas éligibles à la vaccination anti-Covid.

  • Alors que la vaccination des plus de 75 ans se poursuit, dès ce jeudi, les personnes âgées de 50 à 64 ans souffrant de comorbidités pourront elles aussi se faire vacciner contre le Covid-19.
  • De leur côté, celles et ceux qui ont entre 65 et 74 ans, eux, ne sont toujours pas éligibles à la vaccination.
  • Trop jeunes pour recevoir les vaccins de Pfizer ou Moderna et trop vieux pour celui d’AstraZeneca, les 65-74 ans ne bénéficient à ce jour d’aucune solution vaccinale contre le coronavirus.

Ils vont encore devoir patienter. Alors que les plus de 75 ans peuvent se faire vacciner depuis le début de l’année, et que dès ce jeudi, ce sera également possible pour les personnes âgées de 50 à 64 ans souffrant de comorbidités, toutes celles et ceux qui ont entre 65 et 74 ans ne sont pour l’heure toujours pas éligibles à la vaccination anti-Covid.

La faute au manque de vaccins disponibles, qui n’ont en outre pas reçu d’indications pour cette tranche d’âge. Et avec les retards de livraison, les 65-74 ans devraient attendre au moins le mois d’avril pour recevoir un vaccin. Mais une nouvelle étude pourrait changer la donne.

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Trop jeunes pour Pfizer et Moderna, trop vieux pour AstraZeneca

En élaborant sa stratégie vaccinale, le gouvernement avait anticipé des livraisons de vaccins au compte-gouttes et, faute de pouvoir vacciner massivement l’ensemble de la population, a déterminé les personnes prioritaires. Premiers appelés à se faire vacciner les résidents d’Ehpad, suivis des plus de 75 ans vivant à domicile. Logiquement, les suivants devaient être les 65-74 ans, qui se sont finalement fait griller la priorité par les moins de 65 ans souffrant de comorbidités.

La faute aux vaccins disponibles, et aux indications dont ils sont assortis. Suivant les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui a relevé le manque de données de l’efficacité du vaccin à vecteur viral d’AstraZeneca chez les plus de 65 ans, les aînés sont tous vaccinés avec des sérums à ARN messager, ceux mis au point par Pfizer-BioNTech et Moderna. Le vaccin élaboré par le laboratoire britannique AstraZeneca et l’université d’Oxford est donc réservé aux moins de 65 ans. Une rapide lecture de ces prescriptions laisse ainsi apparaître un trou vaccinal : pour l’heure rien n’est prévu pour vacciner les 65-74 ans : trop jeunes pour prétendre aux vaccins à ARN et trop vieux pour recevoir le sérum britannique.

le vaccin AstraZeneca a-t-il « une efficacité absolument phénoménale » ?

Le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué mercredi qu’une étude écossaise montrait « pour la première fois une efficacité absolument phénoménale du vaccin AstraZeneca chez les personnes âgées, même de 65 ans et plus ». Les résultats doivent toutefois être analysés avec prudence.

Il arrive en ville mais… sans faire l’unanimité. Troisième vaccin autorisé au sein de l’Union européenne, le sérum développé par AstraZeneca commencera à être injecté dès jeudi par les médecins généralistes. Mais les personnes âgées, prioritaires pour se faire administrer les doses, ne sont pas concernées : le vaccin AstraZeneca n’est pas autorisé pour les plus de 65 ans. « Ce n’est pas pour un manque d’efficacité », rappelle Frédéric Adnet, chef des urgences à l’hôpital Avicenne (Bobigny). « Simplement, dans le design de l’essai clinique qui a validé le vaccin, les personnes âgées n’étaient pas inclues. »

Une décision qui semble avoir abîmé son image et provoqué une certaine défiance. Le président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer, a même été obligé de monter au créneau pour rappeler que le produit d’AstraZeneca « n’est pas un vaccin de seconde zone »« Il a une efficacité prouvée et il faut que les Français y aient recours », a renchéri ce mercredi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à l’issue du Conseil des ministres.

Le ministère de la Santé veut désormais « utiliser tous les leviers pour augmenter sa consommation », afin qu’il « rencontre sa cible »« Si une étude répond aux bonnes pratiques de recherche clinique, il n’y a aucune raison biologique ou fondamentale qui permettrait de dire que le vaccin ne marcherait pas chez les personnes âgées », continue Frédéric Adnet.

Plus de 90% d’efficacité sur les hospitalisations.

Des travaux publiés en début de semaine et réalisés par des chercheurs écossais montreraient justement l’efficacité du vaccin AstraZeneca chez nos aînés. « Je suis prudent, mais une étude écossaise en pré-print montre pour la première fois une efficacité absolument phénoménale de l’AstraZeneca chez les personnes âgées, même de 65 ans et plus », a relevé le ministre de la Santé mardi, au cours d’une prise de parole au Conseil économique, social et environnemental. « Je ne vais pas le donner tout de suite aux personnes âgées de 65 ans et plus, j’attends d’abord que l’article soit ‘reviewé‘ [Ndlr : revu par d’autres scientifiques], et que les autorités sanitaires disent que, sur la base de cette étude, nous pouvons y aller. »

Cette étude, encore non publiée car non relue par les pairs, démontre en effet une efficacité de 94% du vaccin AstraZeneca sur les hospitalisations en Écosse, et de 85% pour le vaccin Pfizer. Tous sérums confondus, la réduction est même de 81% chez les plus de 80 ans. « Les résultats sont encourageants », commente Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille. « Le gros problème de cette épidémie, c’est la saturation des hôpitaux et des réanimations. Les Écossais ont regardé les hospitalisations, et visiblement, cela diminue. »

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« Il faut rester prudent ».

Toutefois, cette étude présente de nombreuses limites. « Les auteurs ont regardé les hospitalisations, mais restent très prudents, notamment parce qu’il y a d’autres points à considérer, comme les entrées en réanimation ou les morts en dehors de l’hôpital », poursuit l’épidémiologiste. « De plus, seulement quatre semaines de suivi sont valables pour l’AstraZeneca. Et cette étude, réalisée à partir d’une base de données, n’a pas encore été évaluée par les pairs. »

L’étude écossaise ne permettra donc pas de lever tous les doutes. « Pour prendre une décision sur les personnes les plus âgées, les auteurs eux-mêmes disent qu’il faut avoir plus d’effectif » que dans leur étude, poursuit Philippe Amouyel. « Lorsqu’ils font une analyse par classe d’âge pour se prononcer sur la question de l’autorisation chez les plus de 65 ans, ils disent qu’ils ne peuvent pas répondre parce qu’ils n’ont pas assez de sujets, exactement comme dans l’étude d’AstraZeneca. Il faut donc rester prudent. »

JForum – LCI – 20 Minutes

 

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