Covid-19 : Israël prend des mesures face à une forte augmentation des cas graves chez les enfants et adolescents

Les autorités sanitaires israéliennes ont ouvert la vaccination contre la Covid-19 aux 16-18 ans face à la hausse des cas. Israël a été parmi les premiers pays à avoir créé une unité pédiatrique dédiée aux malades du Covid-19.

Atlantico.fr : Assiste-t-on à une hausse des cas graves de Covid-19 chez les jeunes en Israël ?

Hagay Sobol : Avec les variants, on a observé que le virus ne touche plus seulement les adultes mais aussi la classe d’âge pédiatrique. Pour l’instant, on ne peut pas encore dire que le variant anglais présent sur le territoire israélien augmente les risques chez les jeunes. Il y a bien une augmentation absolue du nombre de cas mais celle-ci peut être liée à la plus grande virulence de cette souche faisant progresser la maladie plus rapidement dans la population. Il est pour l’heure, prématuré de conclure que la forme de la maladie liée au variant anglais est plus « grave » ou qu’elle touche plus les jeunes que la forme initiale. Par contre, d’après certaines données, le variant sud-africain pourrait être associées à des formes plus graves, voire à une moindre protection vaccinale. Mais il faut encore étayer cette thèse. D’où la nécessité de poursuivre les gestes barrières, voire les mesures de confinement en fonction de la situation sanitaire. Israël s’est préparé depuis la seconde vague pour faire face à ce phénomène et prend des mesures à l’égard de la jeunesse en conséquence.

Quelle est la politique de vaccination en Israël et notamment à l’égard des jeunes ?

Pratiquement un tiers du pays est déjà vacciné. Plus de 2,8 millions de personnes ont reçu une première dose et près 1,5 millions ont reçu les deux doses préconisées. La campagne a d’abord concerné la tranche d’âge des 60 ans et plus, les personnes fragiles, le personnel soignant et ceux des secteurs essentiels au fonctionnement du pays, puis les personnes de 50 à 59 ans. Depuis quelques jours, le gouvernement a élargi la campagne vaccinale aux 16-18 ans, c’est à dire aux lycéens qui vont passer leur bac, souvent moins complaisants aux gestes barrières et pouvant potentiellement contaminer leurs proches. En conséquence, pour assurer la continuité scolaire et maîtriser la diffusion du virus, ils sont considérés comme une priorité dans la campagne. Aujourd’hui, Israël a également autorisé la vaccination aux plus de 35 ans et étudie cette possibilité pour les enfants de moins de 16 ans vulnérables. Enfin, à la lumière de récents cas graves survenus chez des femmes enceintes, attribués au variant anglais, le Ministère de la santé de l’Etat Hébreu a décidé que « Toute femme enceinte qui le souhaite peut désormais se faire vacciner ».

Ce qui se passe aujourd’hui en Israël, n’est pas seulement important pour la population de ce pays, mais c’est aussi un grand espoir pour toutes les nations qui placent la santé publique au centre de leurs préoccupations. Cette campagne de vaccination méthodique et à très grande échelle, car concernant toutes les composantes de la société israélienne, va nous permettre collectivement de disposer de données indispensables à une meilleure compréhension de la maladie, sur les effets secondaires potentiels de la vaccination, et son efficacité, en particulier sur la réponse immunitaire face aux différentes souches. Et déjà les premiers résultats sont très encourageants et devraient convaincre même les plus réfractaires au vaccin. Dès la première dose, on observait déjà une diminution du risque d’infection de plus de 50 à 60 % chez les personnes vaccinées. L’objectif est d’atteindre une couverture vaccinale suffisante pour produire une immunité collective empêchant la transmission interindividuelle du virus. Car tous cluster non maîtrisé est à terme un risque pour la population toute entière du fait des nouveaux variants qui rendraient inefficaces tous les efforts consentis.

A terme, comme on le fait avec la grippe, il faudra certainement d’autres campagnes de vaccination et adapter les vaccins en fonction des différentes souches. Le virus, s’il ne disparaitra pas définitivement du paysage pourra par contre être maîtrisé afin de devenir un phénomène saisonnier sur une population déjà immunisée.

Les Israéliens sont parmi les premiers pays à avoir créé une unité pédiatrique dédiée aux malades du Covid-19. Pourquoi ce choix ?

Les autorités sanitaires se sont aperçues qu’il y avait des cas complexes de maladies inflammatoires qui apparaissaient dans la population d’âge pédiatrique, sans savoir si c’était lié au Covid-19 ou pas. Aussi, dès la deuxième vague, au Centre Shéba à Tel Hashomer, près de Tel Aviv, a été ouverte la première unité pédiatrique pour enfants atteints de Covid-19 avec une vingtaine de lits.
Non pas parce qu’ils nécessitaient forcément une réanimation mais parce que leurs pathologies pouvaient s’aggraver à cause de l’infection virale. Depuis, avec la recrudescence de cas graves pédiatriques, une unité de soin intensif pédiatrique vient d’être ouverte à l’hôpital Hadassah Ein Kerem à Jérusalem. C’est un autre exemple de la réactivité du système de santé qui transforme rapidement les données médicales en action sanitaire.

Hagay Sobol, Professeur de Médecine est également spécialiste du Moyen-Orient et des questions de terrorisme.

La police applique les restrictions de coronavirus sur la plage de Tel Aviv ( Photo: EPA )

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