La crise ukrainienne provoque des étincelles en Israël.

Les tensions entre Kiev et Moscou suscitent de légers remous à caractère identitaire entre les Israéliens originaires d’Ukraine et ceux en provenance de Russie.

Les tensions entre l’Ukraine et la Russie suscitent des réactions et des conflits de loyauté en Israël, selon les origines géographiques des Israéliens ayant immigré d’Union soviétique.

Israël compte près de 1,1 million de Juifs originaires de l’ex-URSS, lesquels représentent 16 % de la population juive israélienne et ont pour la plupart immigré au début des années 1990.

Bien qu’indifféremment appelés “Russes” par les autres Israéliens, ces Juifs proviennent principalement d’Ukraine et de Russie et sont équitablement répartis entre ukrainophones et russophones (400 000 pour chaque groupe) au sein de cette communauté hétérogène et d’immigration relativement récente.

Longtemps, les Juifs ex-soviétiques s’étaient désintéressés de leurs républiques d’origine, se focalisant sur leur intégration dans la société israélienne. Mais tout a changé il y a huit ans, lorsque la Russie a envahi et annexé la Crimée, suscitant un intérêt nouveau pour les anciennes patries.”

À l’époque, les Juifs russes s’étaient majoritairement rangés derrière la position de la Russie, tandis que les Juifs ukrainiens prenaient largement fait et cause pour l’Ukraine.

“Pour eux, nous sommes tous des ‘Russes’”

C’est ainsi que, dans la foulée de la guerre de 2014, Anna Jarova, ancienne fonctionnaire de l’Agence juive, a fondé avec d’autres Israéliens d’origine ukrainienne l’Alliance israélo-ukrainienne (Ізраїльсько-український Альянс), un groupe de pression socio-économique pro-Kiev, ainsi qu’une association culturelle, les Amis israéliens de l’Ukraine (Ізраїльські друзі України).

Cofondateur de cette association, Viatcheslav Feldman souligne que ce n’est pas seulement le conflit de 2014 qui l’a motivé, mais aussi le fait que “la plupart des Israéliens ne savent pas faire de distinction entre les immigrants des différentes républiques de l’ancienne Union soviétique. Pour eux, nous sommes tous des ‘Russes’. Mon militantisme pro-ukrainien est en partie une réaction à cela.”

À l’inverse, Daniel Krivochapov, originaire de Russie, est hostile à l’Ukraine, mais pas pour les mêmes raisons. Il affirme ne pas être prêt à “pardonner aux Ukrainiens leur collaboration avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et leur participation au génocide des Juifs”.

Le fait que l’Ukraine ait désormais un président juif, Volodymyr Zelensky, n’y change rien. Les Ukrainiens considèrent encore Stepan Bandera [un dirigeant nationaliste ukrainien allié de l’Allemagne nazie, assassiné en 1959 à Munich par le KGB] comme un héros national”.

Un délicat exercice d’équilibriste

Cela dit, l’alignement n’est pas aussi systématique. Les Juifs arrivés récemment de Russie sont plutôt des intellectuels motivés par leur opposition à Poutine, tandis que certains Israéliens d’origine ukrainienne imputent la position actuelle de Kiev à une simple volonté de vouloir plaire aux Occidentaux, en vue d’une aide financière.

À tel point que Shimon Briman, ancien militant pro-ukrainien originaire de Kharkiv, la métropole mixte (ukrainophone et russophone) de l’est de l’Ukraine, estime que “60 % des Israéliens ex-soviétiques se désintéressent désormais de ce conflit”. Mais il reste tout de même 40 % d’“alignés”, un vivier électoral complexe qui “contraint la diplomatie israélienne à un délicat exercice d’équilibrisme entre Kiev et Moscou, d’autant que la Russie est un acteur incontournable de la guerre en Syrie”, souligne Judy Maltz.

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