Le drone Bayraktar TB2, héros turc de la guerre en Ukraine

À un million de dollars pièce, il bouleverse la guerre moderne.

Symbole et fer de lance des succès grandissants de l’industrie de l’armement turque, le Bayraktar TB2 est sans doute l’un des appareils ayant le plus profondément changé la nature de la guerre ces dernières années.

Comme nous l’expliquions déjà l’an passé, cette petite mais très létale chose produite par Baykar a déjà joué un rôle décisif dans la lutte de l’armée azerbaïdjanaise pour la reconquête des territoires du Haut-Karabakh contestée par l’Arménie, soutenue par la Russie.

Cette dernière retrouve donc la même épine dans le même pied dans un autre conflit, en Ukraine cette fois, où le Bayraktar TB2, utilisé en conjonction avec d’autres drones, certains «indigènes» comme le plus petit et rustique «Punisher», fait un malheur sur les chars, véhicules blindés, convois de ravitaillement ou batteries antiaériennes de l’envahisseur.

L’une des caractéristiques les plus importantes du drone turc est son prix. Estimé à 1 million de dollars pièce pour certaines commandes, il permet aux David de ce monde de rééquilibrer quelque peu les forces face à leur Goliath: nul besoin d’être une superpuissance financière et technologique pour donner du fil à retordre à des armées supposées bien plus puissantes.

L’Ukraine aurait ainsi commandé vingt Bayraktar TB2 à Baykar avant le conflit, avant de repasser commande à son constructeur de vingt-quatre exemplaires supplémentaires quelques jours avant le début du conflit.

Vingt-sept heures en vol

Ayant effectué son premier vol en 2014, le Bayraktar TB2 est un drone de combat dit «d’altitude de croisière moyenne et de longue autonomie» («medium altitude, long endurance», ou MALE). Modeste en taille avec une masse maximale de 650 kilos, une longueur de 6,5 mètres et une envergure de 12 mètres, il n’en est pas moins capable de grande choses.

Grâce à la propulsion de son hélice arrière, sa vitesse maximale est fixée à 222 km/h. Son plafond opérationnel est de 18.000 pieds maximum et son rayon d’action est de 150 kilomètres. Son autonomie est gigantesque: le Bayraktar TB2 est capable de voler pendant vingt-sept heures sans discontinuer.

Comme le décrit Popular Mechanics, il est également doté de tout le nécessaire électronique (caméra infrarouge, viseur laser…) pour «allumer» et viser ses cibles, de jour comme de nuit. Il peut ainsi faire de discrets ronds dans le ciel pendant des heures, tel un spectre menaçant, jusqu’à ce qu’à des dizaines de kilomètres de là son opérateur humain et ses supérieurs se décident à le faire passer à l’action.

 

Il est capable de lancer des bombes légères MAM-C ou MAM-L (plus lourde), dites «Smart Micro Munition» par son constructeur, également turc, Roketsan. Celles-ci sont d’un format réduit mais leur guidage laser, leur portée (8 kilomètres pour la MAM-C, 15 pour la MAM-L) ainsi que les têtes diverses qu’il est possible de leur adjoindre (perforante, incendiaire voire thermobarique) leur offrent une efficacité redoutable.

L’Ukraine, indique Popular Mechanics, utilise notamment et intensivement le Bayraktar TB2 pour supprimer ou annihiler les défenses antiaériennes russes, ce qui explique l’étonnante difficulté de l’armée de l’air de Moscou à prendre définitivement le dessus dans un conflit où elle aurait dû régner en maître.

Il fait également merveille contre les convois de blindés ou de ravitaillement, et participe largement à sa façon à la grande résistance au sol des troupes et milices ukrainiennes.

Thomas Burgel    korii.slate.fr
Petit, mais létal. | Birol Bebek / AFP

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