Des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv développent une thérapie génétique pour le traitement de la surdité

le 27.12.2020 ami de tel aviv

Le Prof. Karen Avraham, du Département de génétique moléculaire humaine et de l’Ecole des Neurosciences de l’Université de Tel-Aviv, et Shahar Taiber, étudiant du programme intégré MD-PhD, ont mis au point un traitement innovant de la surdité, basé sur le remplacement des gènes défectueux des cellules de l’oreille interne par des gènes sains permettant à la cellule de continuer à fonctionner normalement. Selon les chercheurs, cette nouvelle thérapie pourrait conduire à une percée pour le traitement des enfants malentendants.

Karen Avraham and Shahar TaiberL’étude, réalisée en collaboration avec le Prof. Jeffrey Holt de l’Hôpital pour enfants de Boston et de la Harvard Medical School, avec la participation du Prof. David Sprinzak de l’École de neurobiologie, biochimie et biophysique de l’Université de Tel-Aviv, a été publiée dans la revue EMBO Molecular Medicine.

La surdité est le handicap sensoriel le plus répandu sur la planète. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, environ un demi-milliard de personnes dans le monde souffrent aujourd’hui de perte auditive, et ce chiffre devrait doubler dans les décennies à venir. Un enfant sur 200 vient au monde avec une déficience auditive et un sur 1 000 naît sourd. Dans environ la moitié des cas, la surdité est causée par une mutation génétique. Il existe actuellement environ 100 gènes différents associés à la surdité héréditaire.

Des résultats les plus prometteurs

« Dans le cadre de cette étude, nous nous sommes concentrés sur la surdité génétique causée par une mutation du gène SYNE4, un type de surdité rare que nous avons découvert, avec les membres de mon laboratoire, il y a plusieurs années chez deux familles israéliennes, et depuis lors également identifiée en Turquie et au Royaume-Uni », explique le Prof. Avraham. « Les enfants héritant de ce gène défectueux des deux parents naissent avec une audition normale, mais la perdent progressivement pendant l’enfance. Ce phénomène vient du fait que la mutation provoque une mauvaise localisation des noyaux cellulaires dans les cellules ciliées de la cochlée de l’oreille interne, qui servent de récepteurs d’ondes sonores et sont donc indispensable pour l’audition. Ce défaut conduit à la dégénérescence des cellules ciliées, et finalement à leur mort ».

Traitement sudité 1

Traitement sudité 1« Nous avons mis au point une technologie de thérapie génique innovante, basé sur la création d’un virus synthétique inoffensif que nous avons utilisé pour transmettre un certain matériel génétique, qui consiste en une version ‘normale’ du gène défectueux », explique Shahar Taiber. « Nous avons injecté ce virus dans l’oreille interne des souris, de sorte qu’il pénètre dans les cellules ciliées et y libère sa charge génétique. Nous avons ainsi pu réparer le défaut des cellules ciliées et leur avons permis de se développer et de fonctionner normalement ».

Le traitement a été administré peu après la naissance et l’audition des souris a ensuite été surveillée à l’aide de tests physiologiques et comportementaux. D’après le Prof. Holt: «Les résultats sont des plus prometteurs: les souris traitées ont développé une audition normale, avec une sensibilité presque identique à celle des souris saines qui ne présentent pas la mutation». Suite à cette étude réussie, les chercheurs développent à présent des thérapies similaires pour d’autres mutations qui causent la surdité.

Le Prof. Wade Chien, du programme de thérapie génique de l’oreille interne NIDCD / NIH et de la Johns Hopkins School of Medicine, qui n’a pas participé à l’étude, commente : « Il s’agit d’une étude importante montrant que la thérapie génique de l’oreille interne peut être efficacement appliquée à un modèle murin dans le cas d’une surdité de type SYNE4, et sauver l’audition. L’ampleur de la récupération auditive est impressionnante. Cette étude fait partie d’un corpus croissant de littérature scientifique montrant que la thérapie génique peut être appliquée avec succès à des modèles murins de surdité héréditaire, et elle illustre l’énorme potentiel de ce type de thérapie génique pour le traitement de la surdité ».

L’étude a été financée par la Fondation binationale des Sciences USA-Israel, les Instituts Américains de la santé (NIH), le Conseil Européen de la Recherche (ERC) et le Programme de partenariat israélien pour la médecine de précision de la Fondation Nationale des Sciences d’Israël.

 

Lien vers la publication: https://www.embopress.org/doi/10.15252/emmm.202013259

 

Photos:

Le (Crédit: Université de Tel-Aviv).
Rendu 3D d’une cellule ciliée d’une souris traitée: le noyau est coloré en bleu, le cytosquelette en vert et la protéine nesprine 4 en rouge (Crédit: Shahar Taiber).

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