La Bataille pour le Sinaï : la prochaine force émergente de Daesh

Alors que les yeux du monde se focalisent sur l’Etat Islamique en Syrie et sur ses activités en Europe, la puissance de sa branche de l’organisation dans le Sinaï – Ansar Bait al-Maqdis – augmente et l’avion de ligne russe abattu pourrait n’être que le début de son intégration dans la guerre internationale menée par Daesh. Ronen Bergman souligne le profil de l’un des défis les plus menaçants et les plus intrigants auquel est confrontée la communauté des renseignements israéliens et internationaux, à seulement quelques kilomètres du sud d’Eilat. 

Le crash de l’avion russe dans le Sinai, le 13 octobre, qui a fait 224 morts, reste toujours très préoccupant pour les services de renseignements à travers le monde. Des renseignements remis à jour reçus par certains services de renseignements occidentaux révèlent que durant les quelques jours qui ont précédé cet attentat, on a assisté à une augmentation du volume des communications écrites ou verbales entre des membres importants de l’Ansar Bait al Maqdis (ABAM : « Les Partisans du Saint Temple »), organisation terroriste, qui s’est faite appelée la Province du Sinaï, l’an dernier, après avoir prêté serment d’allégeance à l’Etat Islamique, qui est active dans la zone de Sheikh Zweid dans la partie nord de la Péninsule.

En outre, il y a eu une augmentation radicale du volume de communications entre ces terroristes et des éléments appartenant au Conseil des renseignements et de la sécurité de Daesh en Irak et en Syrie. Cet organisme est responsable des actions secrètes les plus importantes de Daesh, dont les opérations spéciales et l’aide aux organisations à l’extérieur de la Syrie et de l’Irak, où se trouvent les ressources puissantes de l’organisation, y compris le commandement d’al-Maqdis.

Ansar al-Maqdis members operating in Sinai. A significant increase in volume of communication with elements affiliated with ISIS's Security and Intelligence Council in Iraq and Syria
Des membres d’Ansar al-Maqdis opérant dans le Sinai. Une augmentation significative du volume des communications avec des éléments appartenant au Conseil des Renseignements et de la Sécurité de Daesh en Irak et en Syrie.

Il n’existe apparemment pas d’enregistrement ni de documentation sur cette communication (conversations, chats, e-mails encryptés), mais des indications montrent clairement que ce volume a augmenté considérablement jusqu’au crash de l’avion. Peu de temps après le crash, cela a presque complètement cessé. Ces découvertes servent de preuve, bien que purement circonstancielles à ce moment-là, que quelqu’un au sein d’al-Maqdis a eu connaissance par avance de ce qui qui était sur le point de se passer, si ce n’est pas bien plus que cela.

Cette preuve n’est ni définitive ni sans équivoque. Chacun des éléments impliqués a un intérêt divergent dans la détermination des causes exactes de ce crash. Le Sheikh Abu Osama al-Masri, qui se présente comme le dirigeant d’ABAM (on n’est pas certain que ce soit son véritable nom, et il existe des divergences d’opinion au sein des services de renseignements pour savoir s’il est effectivement le Commandant en chef de l’organisation), a déjà diffusé des communiqués pour le compte de l’organisation, par le passé, revendiquant la responsabilité d’avoir abattu l’avion. Il ne fait aucun doute que Daesh ou un groupe qui lui est proche, a tout-à-fait intérêt à endosser le crédit de cette action meurtrière.

Les autorités russes qui ont annoncé que le crash de l’avion était un sabotage intentionnel, ont un double-intérêt à déterminer qu’il s’agissait bien d’un acte terroriste – à la fois dans le but de soulager la compagnie aérienne de toute responsabilité d’erreur technique et afin de justifier d’autant plus l’intensification de ses opérations en Syrie.

Par une remarquable coïncidence les sources gouvernementales égyptiennes ont annoncé qu’elles sont parvenues aux conclusions diamétralement inverses. Cela correspond, au moins peut-on supposer, avec les intérêts égyptiens de prouver qu’il n’y avait pas de faille particulière dans les dispositions sécuritaires à l’Aéroport de Sharm El Sheikh, où -selon les soupçons – une bombe a été placée dans l’avion, si effectivement il y avait bien une bombe.

Par conséquent, le monde attend des résultats plus évidents de l’enquête qui est simultanément menée par un certain nombre d’organisations des renseignements en Occident et au Moyen-Orient : réussiront-elles à déterminer si et comment Daesh est parvenu à prendre une revanche contre l’intervention russe dans le combat contre le Califat auto-proclamé?

Les noms de plusieurs archi-terroristes de cette organisation sont évoqués de manière répétée au cours des enquêtes sur le sujet : le nom le plus largement commenté est Abdullah Mohammed Sayyid Kishta, l’homme fort de l’amélioration des capacités d’ABAM au cours des deux années passées, qui a occupé dans le passé le rôle d’officier supérieurs des opérations de la branche armée du Hamas. Puis Kishta a quitté Gaza pour le Sinaï, grâce à un tunnel sous la Route Philadelphi ( qui sépare l’Egypte de la Bande de Gaza) et il est devenu chef des instructions passées à ABAM, concernant les opérations menées à l’aide de missiles antitanks et d’engins explosifs sophistiqués. 

Il est considéré comme l’un des meilleurs experts en méthodes de guerre avec des missiles antitank dans la région. Depuis qu’il a commencé à travailler au sein de l’organisation, il semble y avoir eu une augmentation extrêmement significative et des améliorations succinctes dans l’usage de missiles antitanks par al-Maqdis. Jusqu’à il y a deux ans, le groupe utilisait essentiellement des RPG, puis il s’est adapté au lancement de missiles bien plus avancés comme le Kornet (russe).

Kishta aide l’organisation à améliorer ses capacités terroristes, en développant et en assemblant des bombes avancées, dont des explosifs perceurs de blindage de tanks et des engins explosifs sur les routes et contre les bunkers blindés de l’armée égyptienne.

En mars et avril, les services de renseignements occidentaux ont reçu des informations sur les relations entre des membres de haut rang de Daesh en Irak et des membres de l’unité de fabrication de bombes d’al-Maqdis, dont Kishta. Un décodage de ces messages a révélé que les experts R&D de Daesh en Irak sont convaincus d’avoir réussi à développer une certaine formule permettant d’assembler des explosifs ayant une efficacité relativement faible, mais qui ne peuvent pas être détectés par des moyens de détection habituels.

Dans les mêmes messages, ils débattaient aussi de la possibilité de passer clandestinement des bombes ou des explosifs vers des zones contrôlées, en greffant des explosifs dans les organes d’un être humain, grâce à la chirurgie ou en les avalant.

Deux semaines après le crash de l’avion, la Province du Sinaï a diffusé une image d’une canette de boisson qui serait à l’origine du crash, selon le groupe. Shai Arbel, PDG de l’entreprise de renseignements Terrogence, composée d’anciens membres de la communauté des renseignements israéliens et qui est engagée – entre autres choses – dans la collecte de renseignements sur Daesh et ses différentes branches à travers le monde, déclare qu’une analyse des photos prises de cette canette et d’autres matériaux obtenus par son entreprise révèlent qu’il y a « de fortes probabilités » que cette revendication soit fondée et que c’est, effectivement, la raison pour laquelle l’avion s’est fragmenté en l’air. 

Arbel a refusé de donner plus de détails, mais il confirme que selon les enquêtes menées par l’entreprise, « la canette, qui a contenu une boisson douce qui n’est disponible qu’en Egypte, pourrait avoir contenu une quantité suffisante d’explosifs – pas nécessairement du type détectable par les capteurs des aéroports – pour provoquer l’explosion d’avions ». Il existe une probabilité raisonnable que les terroristes aient utilisé un mécanisme d’explosion assez primitif, plutôt qu’un déclencheur électronique mis en route à distance, une pression barométrique ou un minuteur, mais plutôt quelque chose du genre d’un préservatif rempli d’acide qui a absorbé progressivement le caoutchouc et ainsi activé le mécanisme d’explosion quelques temps après le décollage de l’avion. Un tel mécanisme n’aurait pu être découvert que par une recherche stricte et ciblée sur ce type de dispositifs.

 

Beheading 'Israeli spies' in Sinai
La décapitation « d’espions israéliens » dans le Sinai

Les sources des renseignements affirment que l’enquête se focalise sur le soupçon, soulevé par une information des renseignements, que la province du Sinaï est parvenu à recruter un travailleur local de l’aéroport de Sharm el-Sheikh, probablement un Bédouin originaire d’une des vastes tribus du Sinaï, qui a contribué à placer la bombe dans l’avion. Cela peut correspondre au récit concernant la canette, s’il s’avère que cet employé a « aidé » à la faire passer à travers l’un des mécanismes de contrôle et scanners à rayons X de l’endroit. S’il s’avère que c’est bien ce qui s’est produit, cela aura des conséquences bien plus graves pour le réseau international de navigation aérienne.

Haim Tomer, l’ancien chef de la Division des renseignements du Mossad, dit ainsi : « Mon instinct me dit que l’explosion de l’avion russe était bien une attaque terroriste. Et s’il s’avère qu’ABAM était bien derrière ce coup, nous parlons d’un incident qui une immense signification stratégique. Cela prouve que le chef de Daesh al-Baghdadi a la capacité d’opérer à travers des organisations satellites, en seulement en Irak, mais aussi bien en Syrie, au Liban, en Afrique et évidemment dans le Sinaï. Si c’est vrai, il a réussi en un laps de temps relativement court, en termes de préparations et d’exécution d’une opération, à prendre sa revanche sur les Russes, à cause de la guerre qu’ils mènent en Syrie. Si c’est bien le cas, sa capacité et la capacité de son organisation est bien plus importante que ce que nous pensions jusque-là ». 

Au-delà donc de ce crash de l’avion russe, l’organisation ABAM représente l’un des défis les plus menaçants et les plus intrigants auxquels est confrontée la communauté israélienne et internationale des renseignements. Dans ce cas, ce défi – et cette menace – a son siège à seulement quelques kilomètres au sud d’Eilat.

La cible : l’Egypte

Les renseignements israéliens ont entendu parler pour la première d’Ansar Bait al-Maqdis à Gaza.

« Au tout début des années 2000 », se rappelle Haïm Tomer, « Nous avons entendu parler de cellules radicales salafistes à Gaza qui portaient ce nom. A l’époque, c’était une organisation locale qui attirait d’anciens djihadistes de toutes sortes d’organisations et qui en étaient partis ou qui trouvaient  trop modérée la politique du Hamas, après différents accords de trêve passés avec Israël.

ABAM était d’abord composé d’un mélange de fragments divers et hétéroclites d’organisations et n’apparaissait pas particulièrement comme une réussite. Le contrôle exercé par la sécurité israélienne et la domination locale du Hamas rendait impossible pour l’organisation de prospérer réellement et il n’a, d’abord, pas laissé de trace marquante. Mais, en 2002, son nom est réapparu au sein d’organisations bédouines du nord Sinaï, puis ensuite dans tout le Sinaï.

« Nous sommes restés un moment perplexes », déclare une source majeure au sein de la division recherche de l’AMAN (le directoire des renseignements militaires de Tsahal). « Nous ne savions pas exactement s’il s’agissait des mêmes types que nous connaissions à Gaza, ou si ceux-ci ne faisaient qu’utiliser le même nom ».

Mais un examen plus minutieux conduit en Israël à l’époque a révélé que des éléments du djihad global – essentiellement des Egyptiens, des Libyens et des Saoudiens – sont arrivés dans le Sinaï dans le but de tirer avantage du succès international d’Al Qaïda à ce moment, après les attaques du 11 septembre et la vague d’attentats qui s’est déclenchée à travers le monde par la suite, afin d’y établir une organisation terroriste à cet endroit. Ces djihadistes se sont donc emparés d’un infrastructure locale de Bédouins et d’activistes salafistes sunnites qui s’étaient enfuis de Gaza.

Ils percevaient, à juste titre, le Sinaï comme une zone où l’armée et la police égyptiennes avaient la plus faible emprise, une endroit qui leur permettrait d’agir, de vivre et de se cacher pour une période très étendue de temps. les Bédouins avaient souffert sous la férule de Gamal Abdel Nasser jusqu’à la guerre des Six Jours et, quand le Sinaï est retourné à l’Egypte en 1982, on les a perçus comme des collaborateurs d’Israël. En pratique, le Sinaï recevait des budgets minimaux de la part du gouvernement égyptien et le Bédouins subissaient une discrimination. Dans ce décor, les recruteurs n’avaient aucun problème à les convaincre que c’est l’Islam radical qui avait raison.

Ces djihadistes, qui devaient être une centaine d’individus à l’époque, ont établi leurs quartiers-généraux dans la chaîne de montagnes du Jabal Yalak, la plus haute du Nord du Sinaï, et dans la chaîne montagneuse du Jebel Helal, des zones sans la moindre présence égyptienne et des conditions extrêmement difficiles sur le terrain. L’objectif de l’organisation jusqu’à 2010 était local – prendre pour cible l’armée égyptienne et les intérêts égyptiens à travers le Sinaï, et plus tard, s’emparer d’autres zones de la péninsule et porter atteinte aux touristes. 

Les trafics clandestins d’armes et de produits additionnels à travers le Sinaï vers Israël ont augmenté durant cette période. Les Bédouins sont un facteur important de cette industrie. Les gens d’ABAM ont bénéficié de cela et les membres de l’organisation ont acheté une grande quantité d’armes avec l’aide des Bédouins.

 

ISIS leader al-Baghdadi. An ability to operate through satellite organizations not only in Iraq but also in Syria, Lebanon, Africa and now in Sinai (Photo: MCT)
Le chef de Daesh, al-Baghdadi. Une capacité à opérer à travers des organisations satellite non seulement en Irak,mais aussi en Syrie, au Liban, en Afrique et dans le Sinai (Photo: MCT)

Au cours de cette période, l’organisation a reçu des financements locaux et les djihadistes ont levé des fonds parmi les tribus bédouines relativement sympathisantes, en demandant des dons envers différentes organisations islamistes, qui n’existaient pas forcément. Par crainte de l’infiltration d’informateurs des renseignements égyptiens, ils ne prélevaient, évidemment, pas de financements au nom de cette organisation; Cependant, « les Bédouins qui faisaient des donations savaient exactement où allait l’argent », dit un responsable du Shin Bet qui s’occupait de cette question à cette époque.

Le 7 octobre 2004,l’organisation avait exécuté son attentat le plus dévastateur jusqu’alors. Des cellules conjointes de Palestiniens, d’Egyptiens et de Bédouins avaient fait exploser trois voitures piégées de façon planifiée et conjuguée sur des sites touristiques dans le Sinaï qui attiraient les vacanciers israéliens. Trente-trois personnes avaient été tuées dans les attentats, dont 21 Israéliens et fait 171 blessés.

Les autorités égyptiennes ont réagi de façon offensive. Elles ont exécuté les auteurs de l’attaque qui n’avaient pas encore été tuées et arrêté 2400 suspects, dont la majorité étaient des Bédouins, qui ont été emprisonnés dans des conditions très brutales et parfois torturés au cours de leurs interrogatoires.

De plus, le gouvernement égyptien imposait une série de sanctions sévères à la population bédouine du Sinaï, qu’il percevait comme responsable des attentats, un grand embarras vis-à-vis d’Israël ( le Bureau du Contre-Terrorisme israélien avait mis en garde de façon répétée contre le danger, alors que les Egyptiens le démentaient) et un grave revers pour le tourisme.

Les arrestations, les enquêtes, les exécutions et les sanctions économiques ont marché sur le court terme. Mais comme c’est souvent le cas dans la guerre contre le terrorisme, ces mesures n’ont fait que radicaliser la situation sur le long terme. les détenus sont devenus encore plus radicaux dans les prisons, où ils ont pu prendre contact avec d’autres djihadistes salafistes sunnites. Au même moment, les terroristes du djihad global sont à nouveau arrivés dans la Péninsule pour obtenir un soutien accru.

La phase suivante de la rapide organisation d’ABAM s’est produite un an plus tard, en 2005, au moment du retrait israélien de Gaza. Ce retrait a conduit à une croissance majeure du transfert clandestin d’individus combattants, de produits divers, de nourriture, d’armes et de carburant sous la Route Philadelphi. Les Bédouins du Sinaï ont fait fortune grâce à ces trafics souterrains (environ 230 millions par mois, selon des statistiques produites à la Division de Recherche de l’AMAN, qui ont consolidé les fondations de la relation entre le Hamas et l’organisation dans le Sinaï.

Au milieu de l’année 2005, l’armée égyptienne a lancé une série d’attaques dans la chaîne montagneuse du Jabal Helal, où se trouvent les bases de l’organisation. L’armée égyptienne a subi de lourdes pertes et échoué à réaliser la plupart de ses objectifs. Plus tard, aux environs de 2006, les membres de l’organisation ont commencé à tenter d’infiltrer de plus en plus les zones peuplées du Nord Sinaï : Rafah, El-Arish, sur le chemin de Quneitra et du Canal de Suez. Cette activité s’est développée au même moment que la création des cellules dormantes de l’organisation, de l’autre côté des montagnes, sur la route entre Sharm El-Sheikh et Eilat, dont le seul but est de porter atteinte au tourisme dans le Sinaï.

L’un des problèmes pour l’activité de l’armée égyptienne concernait « le protocole de sécurité »‘ lié au traité de paix de 1979 avec Israël, d’après lequel il est interdit à l’Egypte de stationner des forces armées dans la Péninsule du Sinaï. Au cours des 13 dernières années, l’Egypte a plaidé de façon répétée auprès d’israël pour obteinr l’autorisation d’envoyer des forces spéciales mener des raids dans la zone et de renforcer significativement les forces de l’armée régulière stationnées dnasl a péninsule. Parfois Israël a donné son accord, mais à reculons.

« Israël a, évidemment, un intérêt clair à ce que l’Egypte combatte le terrorisme dans le Sinaï », dit le Colonel de réserve Ronen Cohen, ancien directeur du Bureau sur le Terrorisme et chef-adjoint de la Division de Recherche de l’AMAN. Aujourd’hui, Cohen est l’un des propriétaires d’Inspiration, une entreprise qui mène des projets portant sur la sécurité et fournit des services en matière de renseignements, de recueil d’information, de processus et d’analyses au Moyen-Orient et dans les pays du Golfe. « D’un autre côté, il était très important pour nous, toutes ces années, de maintenir l’accord de paix comme il était et de ne pas créer un précédent consistant à ramener les forces égyptiennes dans le Sinaï pour une période trop longue ».

Faisant suite au dilemme israélien, les forces égyptiennes sont entrées dans le Sinaï pour mener des raids offensifs et en profondeur contre les membres d’ABAM, mais ont été ensuite contraints de se retirer, afin d’honorer l’accord avec Israël. L’organisation terroriste a tiré parti de ces restrictions et s’est précipitée pour se réhabiliter à chaque fois.

L’échange de mauvais coups avec le gouvernement égyptien s’est poursuivi au fil des années suivantes, mais 2010 a été témoin d’un changement dans la façon dont l’organisation se perçoit : d’une organisation déterminée par un but local clair – porter atteinte au gouvernement égyptien – elle s’est hissée au niveau international.

Une sources dans les renseignements israéliens explique que l’association avec des éléments de stature internationale est idéologique,mais aussi tout-à-fait pratique : « Le monde est devenu plat et les connexions avec les éléments à travers le monde entier – grâce à Internet- est devenu relativement plus simple,mais dans un monde où ils sont surveillés. Ils savent pertinemment qu’ils sont surveillés. Leur gros problème dans le Sinaï est leur isolement physique : d’un côté Israël et de l’autre côté l’Egypte. Tout cela dans une zone sèche et désolée manquant de ressources. Ils ont besoin de toute l’aide qu’ils peuvent recevoir ».

Le Sinaï ne représente que 7% du total du territoire égyptien et a un peu moins d’1% de sa population (environ 600.000 personnes). Néanmoins, la péninsule est située sur un important point géographique pour le passage de quantités significatives de marchandises mondiales – ainsi que beaucoup de pétrole, naturellement.

« L’association avec Al Qaïda » d’après Ronen Cohen, « a dicté « la phase stratégique » pour l’organisation, avant l’instauration du Califat islamique dans le domaine arabe. Entre ces deux étapes, il y a un long processus graduel, et chaque phase dépend du succès de la phase précédente. L’association avec Al Qaïda s’est aussi reflétée par une augmentation significative des attentats terroristes ».

Haïm Tomer explique : « L’activité d’ABAM refèlte un processus qui s’est accéléré depuis le début du Printemps Arabe, dans lequel des éléments islamistes territorialisés ont fait équipe avec une entité globale. Depuis le début de cette décennie, des rapports disparates ont commencé à abonder sur les contacts créés entre l’organisation du sinaï et les éléments du Djihad Global. A ce stade, c’était encore uniquement Al Qaïda, principalement en Irak. Il y avait des échanges de messages, des transferts de savoir-faire et des combattants traversant le Sinaï pour aller s’entraîner en Irak et en Afghanistan ».

Faisant partie de cette activité internationale, l’organisation a stimulé ses actions contre Israël. Le 18 août 2011, un bus a été pris pour cible dans un attentat terroriste combiné à Eilat. L’Organisation a diffusé une vidéo et l’a dédiée aux prisonniers palestiniens. Les différentes phases de l’Opération, sa planification et son exécution ont été présentées par un porte-parole de l’organisation dont le visage était flouté et par un terroriste connu sous le nom d’Abu Musab, qui a pris part à l’attaque.

A la suite de cette opération grave, on a prétendu qu’Israël avait tiré sur l’Egypte, menant à une vague radicale de protestations et même à l’évacuation de l’Ambassade israélienne, ce qui était exactement ce que cherchait à faire l’organisation – compliquer les relations délicates entre Israël, l’Egypte et l’opinion publique dans le pays.

Le 21 septembre 2012, trois hommes armés et un soldat israélien ont été tués dans des échanges de tirs sur une zone montagneuse de la frontière israélienne.

En juillet 2012, l’organisation a diffusé une autre vidéo dans laquelle elle revendiquait la responsabilité d’une série d’explosions touchant les tuyaux de transfert de gaz naturel de l’Egypte vers Israël. Dans le cadre de séquences sur la préparation des attaques et d’un documentaire sur les explosions réelles, on entendait le dirigeant suprême d’Al Qaïda Ayman al-Zawahiri exhortant les djihadistes du Sinaï et en Egypte à prendre pour cible ce pipeline de gaz, d’une telle façon qu’elle impliquait forcément qu’ABAM agissait sous son inspiration et ses orientations.

De 2010 à 2014, l’organisation a tiré plusieurs fois des roquettes contre les communautés israéliennes et principalement vers Eilat, mais elle n’en a pas toujours revendiqué la paternité.

Morsi et al-Sisi

En juin 20123, le Président Mohamed Morsi, membre des Frères Musulmans, est arrivé au pouvoir en Egypte. Au cours de son mandat, beaucoup de djihadistes islamistes ont été libérés de prison. Lorsque Morsi a été chassé du pouvoir par Abdel Fattah al Sissi, de nombreux djihadistes se sont enfuis vers le Sinaï. Aujourd’hui, ce sont eux (et donc les évadés parmi les Frères Musulmans) qui représentent la colonne vertébrale de l’organisation. Beaucoup de ces activistes sont devenus des terroristes d’ABAM et ils ont largement renforcé la puissance de cette organisation.

Et ainsi un groupe de terroristes extrêmement compétents s’est formé dans le Sinaï : la plupart d’entre eux ont été entraînés par le Hamas, des officiers égyptiens qui soutenaient les Frères Musulmans ou étaient retraités ou sortis de l’armée à la suite du processus d’épuration mené par Al Sissi, aux côtés d’éléments d’Al Qaïda arrivés de l’extérieur de la péninsule, de djihadistes libérés de prison égyptienne et de Bédouins locaux qui méprisent le gouvernement du Caire.

 

Egyptian President al-Sisi. Dealing with operations against Egyptian government facilities, sometimes on a weekly basis (Photo: AFP)
Le Président al-Sisi. Il est confronté à des opérations contre les installations du gouvernement Egyptien parfois sur un rythme hebdomadaire (Photo: AFP)

 

En plusieurs occasions, une fois Morsi chassé du pouvoir, le dirigeant d’Al Qaïda al-Zawahiri s’est tourné directement vers les djihadistes du Sinaï et les a exhortés à attaquer des cibles israéliennes et occidentales. Cela faisait partie des efforts incessants d’Al Qaïda pour transformer ABAM en organisation à statutre réellement internationale.

Dans les dernières années, l’organisation a mené de nombreuses opérations, parfois à un rythme hebdomadaire contre les installations du gouvernement égyptien. Les attentats prenaient même certains traits caractéristiques d’Al Qaïda. En novembre 2012, par exemple, quatre Bédouins ont été décapités parce qu’accusés « d’espionner pour le Mossad israélien ».

Le 5 septembre 2013, l’organisation a commis une tentative déjouée d’assassinat du Ministre de l’Intérieur égyptien. Le 25 janvier 2014, l’organisation a enregistré une réalisation symbolique importante – abattre un hélicoptère d’attaque Apache de l’armée égyptienne grâce à un missile sol-air. La page twitter de l’organisation a fait l’éloge de l’opération et promis que beaucoup d’autres suivraient, également contre le « tourisme hérétique » dans le Sinaï.

L’aide précieuse et incontournable du Hamas 

Les capacités améliorées, au cours des trois années écoulées, ont démontré que l’organisation dépend essentiellement de l’aide qu’elle reçoit du Hamas. Les sources des renseignements auxquelles j’ai parlé, à condition de ne pas mentionner le pays où elles sont actives, disent que le Hamas de Gaza aide Al-Maqdis grâce à de l’argent, des armes, de l’équipement militaire et de l’entraînement.

D’après ces sources, l’attitude du Hamas envers les organisations salafistes opérant dans la Bande de Gaza est tout-à-fait différente, se polarisant en fait sur son attitude envers l’organisation opérant dans la Sinaï. Avec les premières, il est au beau milieu d’un conflit grave et parfois il fait usage de la force contre leurs membres et restreint leurs activités contre Israël, lorsqu’elles mettent en péril le fragile cessez-le-feu.

Avec l’organisation dans le Sinaï, de l’autre côté, il a formé des relations étendues, qui sont concentrées entre les mains de l’aile militaire du Hamas, les Brigades Ez-Al-Din al Qassam. Il n’est même pas évident que les cercles dirigeants de la vitrine politique de l’organisation islamique à Gaza ( qui résident essentiellement en Turquie et dans le Golfe Persique : Qatar) soient pleinement au courant de ces relations, qui demeurent dans le plus complet secret, du fait de l’ultra-sensibilité vis-à-vis du gouvernement égyptien.

L’intérêt du Hamas de rester en contact avec Al Maqdis découle essentiellement du conflit radical entre l’actuel gouvernement égyptien et le mouvement des Frères Musulmans et il n’a fait que s’accroître à la suite de l’éviction du Président Morsi. Le Hamas (alors que Morsi est accusé par l’Egypte d’avoir maintenu des realtions illégales envers lui) cherche à frapper le gouvernement égyptien,mais sans être directement impliqué dans le combat. En outre, comme Alex Fishman l’a révélé dans le Yediot Aharonoth cette semaine, le Hamas verse de l’argent à la Province du Sinaï pour que cette organisation veille sur ses dépôts d’armes itinérants, alors que les armes passent clandestinement à travers le Sinaï en route vers la Voie Philadelphie puis la Bande de Gaza.

Au cours de ces trois dernières années, le Hamas a aidé significativement al Maqdis à améliorer ses capacités opérationnelles et paramilitaires. Alors qu’il y a deux ans, les vidéos d’al Maqdis présentaient des paysans portant des ghalabias et équipés d’armes légères (fusils d’assaut Kalachnikov et grenades), aujourd’hui elles présentent leur activité à un niveau totalement différent : dotés de moyens de communications sophistiqués, d’armes de pointe et de capacités de camouflage et de combat dans une zone en plein développement.

Aujourd’hui, l’organisation utilise différents types de roquettes, y compris des Fajr iraniens, des systèmes de défense aériens dissuadant les charges en profondeur menées par l’armée égyptienne (alors qu’Israël a autorisé l’Egypte à envoyer des avions de combat et des hélicoptères d’assaut contre l’organisation dans le sinaï), des missiles antitanks avancés, des missiles anti-aériens portables à l’épaule, de larges quantités d’explosifs, des mortiers de différents diamètres, des moyens de communication avancés, certains codés et encryptés et des téléphones satellites.

Le Hamas ne fait, d’ailleurs, pas qu’envoyer des armes à al Maqdis. Récemment, par exemple, les douanes israéliennes ont saisi une livraison de vêtements destinés à parvenir à Gaza, selon les douanes, dans le but de coudre de faux uniformes, dont certains devaient être transférés dans le Sinaï. On a aussi révélé qu’après les attaques meurtrières contre des postes égyptiens avancés, le 29 janvier 2015, puis le 1er juillet 2015, certains des blessés d’al Maqdis ont été envoyés clandestinement à Gaza pour y recevoir des soins médicaux, avec l’approbation du Hamas.

Selon des estimations mises à jour, l’organisation compterait 500 à 1000 membres, dont 100 à 200 djihadistes qui voyagent en permanence pour recevoir un entraînement complémentaire et qui participent aux combats en Syrie et en Irak, font équipe avec les éléments du Jihad global et reçoivent une formation au combat en grandeur réelle.

Le serment d’allégeance à Daesh

En novembre 2014, à la suite d’un conflit ouvert et flagrant entre Daesh et Al qaïda, ABAM a juré allégeance et fidélité à l’Etat Islamique et à son dirigeant.

La lettre publique à al Baghdadi est rédigée, entre autres choses, de la manière suivante : « Ô frères fidèles, qu’Allah soit béni de nous avoir ordonné de suivre sa juste voie et de nous cramponner à la corde qu’il nous tend, d’unir nos efforts et nos puissances et éviter la division, pour que notre nation ne se perde pas et que tout ce qui déchire cessede déchirer… Notre Commandant Suprême le Calife Abu Bakr al-Baghdadi al-Qurayshi al-Husseini : Nous, les mujahidin d’Ansar Bait Al Maqdis, nous vous jurons allégeance en tant que Commandeur de tous les croyants et mujahidin au sein de l’Etat Islamique et en tant que Calife de tous les Musulmans, aussi longtemps que tu marcheras sur la route tracée par Allah et la Sunnah et son Prophète et dans la voie de nos ancètres les Justes. Nous jurons de t’écouter et de t’obéir, volontairement ou involontairement (que nous le voulions ou non) et ne jamais nous opposer à tes ordres. Nous ne laisserons personne exiger ce qu’il n’a pas le droit d’exiger après t’avoir prêté allégeance ». 

« Il ne s’agit pas seulement d’une déclaration symbolique, mais cela fait entièrement partie des controverse au sein du mouvement djihadiste », dit Ronen Cohen, en remarquant que l’organisation du Front al Nusra en Syrie est entré en plein conflit plein d’amertume contre al Bagdadi, à la suite de son annonce de l’instauration d’un Califat islamique, qui contredit la vision d’ensemble d’Al Qaïda. L’annonce du ralliement d’ABAM au Califat est, par conséquent, sa façon de tourner le dos à Al Qaïda et d’exprimer sa totale solidarité avec al-Baghdadi.

En effet, le Front al Nusra a été prompt à répliquer en accusant ABAM de corruption. Un djihadiste égyptien d’Al Nusra Abu Ubaida al-Masri a certifié qu’Ansar Bait al Maqdis avait été payé pour changer d’allégeance. Il a écrit sur son compte Twitter que « Grâce à Allah, les plans des membres de l’Etat Islamique consistant à acheter des serments d’allégeance au Pakistan, en Somalie  et dans la région du Caucase avaient échoué. Ils n’ont réussi qu’en Libye et dans le Sinaï ». 

« Cette déclaration d’Indépendance est essentiellement un défi majeur pour le régime al Sissi », explique Cohen, « puisque nous ne parlons pas simplement d’une organisation terroriste qui s’oppose au gouvernement, mais aussi qu’elle déclare – au sein d’un Etat fort et souverain comme l’Egypte – à la différence de ceux qui sont faibles, en Syrie et en Irak – l’instauration d’un nouvel Etat indépendant et séparé du reste de l’Egypte ».

 

Israel-Egypt border. New challenge (Photo: Yoav Zitun)
Frontière Israël-Egypte. Le nouveau défi qui poind à l’horizon (Photo: Yoav Zitun)

Comme on l’a mentionné, la Province du Sinaï opère sous la supervision du Conseil des Renseignements et de la Sécurité de Daesh. Ce Conseil a été fondé et a commencé à fonctionner sous les ordres d’Abu Muslim al-Turkmani (pseudo Ahmed Abdullah al-Hiyali), connu sous ce nom puisqu’il est originaire de la région turkmène dans le Nord de l’Irak, le troisième groupe ethnique par ordre d’importance, avec les kurdes et les arabes et qui a des relations étroites et approfondies avec la Turquie. Il était Colonel des forces spéciales de la Garde Républicaine de Saddam Hussein et, à la suite de l’invasion américaine et de la débandade d’une armée limogée, il a été parmi les tout premiers fondateurs de Daesh (alors Al Qaïda en Irak) et il est devenu l’un des adjoints d’Al Baghdadi et l’individu en charge en son nom de toute la zone de l’Irak (dont la prise de Mossoul) et des opérations spéciales. 

A la suite de sa mort le 18 août 2015, dans une attaque de drone américain, lui a succédé Abu Ali al-Anbari, qui comme son prédécesseur Turkmani, est originaire de Mossoul et a fait partie des fidèles du cercle rapproché de Saddam, atteignant le rang de Général de Brigade dans l’armée irakienne, avant d’être congédié par les Etats-Unis en 2003.Il a été nommé par al Baghdadi gouverneur de la région syrienne et a pris le contrôle du Conseil des Renseignements à la suite de l’exécution de Turkmani. 

Le 12 décembre, plusieurs organes de la presse arabe ont mentionné qu’al Anbari avait été tué avec 14 autres hauts dirigeants et membres de Daesh dans une attaque conjointe des forces américaines et irakiennes à la frontière syrienne. Ces rapports doivent encore être officiellement confirmés par ces organisations. S’ils sont véridiques, cela peut être considéré comme un succès tout-à-fait significatif pour les forces de la coalition; Daesh a cependant prouvé, au moins jusqu’à présent, qu’il s’avère plus coriace que la simple élimination de quelques-unes de ses têtes de réseaux, aussi importantes semblent-elles être, et que l’Etat Islamique tient le coup et poursuit ses offensives malgré les bombardements prenant l’organisation pour cible.

Les sources des renseignements ont produit d’énormes efforts, depuis qu’ABAM a prêté allégeance à Daesh et qu’il est devenu la Province du Sinaï, à surveiller les fréquences de communication entre les deux organisations. L’une de ces canaux, s'(est-il avéré, est l’application de messagerie instantanée russe très populaire, le Telegram, le même qu’utilisaient les terroristes dans Paris le 13 novembre 2015, dont le schéma d’encryptage est considéré comme particulièrement difficile à infiltrer par des éléments extérieurs,même par les services de renseignements. Il s’avère que du fait du haut niveau de ce schéma d’encryptage, de nombreux éléments du djihad global utilisent l’application du Telegram pour communiquer entre eux. Les sources des renseignements ont découvert que ce Telegram sert d’excellent canal de communication entre les djihadistes de la Province du Sinaï et les individus ressources chargés de leur financements et de leur logistique en Syrie et en Irak.

Entre autres choses, Telegram est employé pour transférer des financements du Conseil des renseignements et de la sécurité vers la Province du Sinaï. Les sources des renseignements ont découvert que les financements transférés le sont grâce à de soi-disant ONG qui prétendent agir pour des objectifs humanitaires, opérant depuis la Turquie [Tout le monde aura repéré et reconnu l’IHH, propriétaire du Mavi Marmara et antenne des services secrets turcs] et grâce à la Western Union Company (qu’on peut considérer comme totalement innocente de ces transferts, en tant qu’entreprise légitime opérant de façon légale et ouverte).

Les relais du Conseil de la Sécurité et du Renseignement démontrent beaucoup d’expertise dans le transfert et le contrôle des financements. On révèle, par exemple, qu’ils savaient que les services de renseignements dans le monde surveillent les transferts de plus de 500 dollars et que, par conséquent, ils subdivisent leurs transferts en plus petites « doses ».

Ronen Bergman

Publié le : 25.12.15, 23:47 / Israel News

 

ynetnews.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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Mathias CORVIN

Bravo pour cette étude documentée,dont il
ressort que l,argent reste le nerf de toutes
les guerres….Il faut bien évidemment
assecher les ressources diverses et variées,
telles les aides européennes à Gaza….les
mêmes aides européennes à. La Turquie….
Les mêmes encore a l,Ukraine ( qui est
l,arsenal de tous les terrorismes…)…les aides
a toutes les O NG bidons qui ne sont que des
courroies de transmission….et sources de
tous les Intox……Il n,est quand même pas
impossible d,isoler le Sinaï….et d,y affamer
les djihadistes…..Si l,Egypte et Israël se
coordonnent…..les verrous peuvent sauter