Charlottesville: Ce que l’on sait des violences lors d’un rassemblement d’extrême-droite
ETATS-UNIS Une voiture a foncé dans une foule composée de contre-manifestants…
Un rassemblement de mouvements d’extrême droite américaine a dégénéré en violences qui ont fait un mort et des dizaines de blessés samedi à Charlottesville (Virginie), suscitant une controverse après une prise de position ambiguë du président Donald Trump. Voici ce que l’on sait.
Que s’est-il passé ?
Une voiture a foncé dans une foule composée, selon des témoins, de contre-manifestants hostiles au rassemblement d’extrême droite. « On marchait dans la rue quand une voiture, une berline noire ou grise, nous a foncé dessus, elle a percuté tout le monde. Puis elle a reculé et nous a encore heurtés », a déclaré un témoin à l’AFP. « Une fille au sol a été mutilée. C’était volontaire, ils ont fait exprès de faire marche arrière », a raconté un autre homme qui avait assisté à la scène.
Dans une vidéo amateur diffusée sur les réseaux sociaux, on voit une voiture de couleur sombre percuter violemment un autre véhicule par l’arrière, puis repartir vivement en marche arrière, au milieu des manifestants. D’autres images montrent des blessés étendus au sol.
Qui sont les victimes ?
La personne renversée par la voiture est une femme de 32 ans. Par ailleurs, deux policiers sont morts dans l’accident de leur hélicoptère aux abords de la ville, sans qu’un lien ne soit établi entre cet accident et les violences. Une quinzaine d’autres personnes ont subi des blessures à d’autres moments des manifestations et contre-manifestations.
Quel était ce rassemblement ?
Il réunissait toute la droite radicale américaine : néo-nazis, suprémacistes blancs, Ku Klux Klan (KKK) jusqu’à la droite alternative ou Alt Right, dont une partie au moins avait soutenu Donald Trump à l’élection présidentielle. Ces mouvements d’extrême droite voulaient dénoncer le projet de démontage de la statue d’un général sudiste et favorable à l’esclavage de la guerre de Sécession.
Le rassemblement, qui se présentait comme l’un des plus importants de cette mouvance politique depuis au moins une décennie avec des centaines de participants, selon les organisations antiracistes, suscitait les plus grandes inquiétudes. Dès le début de la journée, de nombreux manifestants arboraient des armes semi-automatiques, comme le permet la loi en Virginie. De nombreux partisans de l’extrême droite brandissaient des drapeaux confédérés, que beaucoup d’Américains considèrent comme un symbole de racisme. Certains faisaient le salut nazi.
Les militants anti-racistes agitaient des drapeaux du mouvement Black Lives Matter (BLM), qui proteste régulièrement contre les décès de Noirs victimes d’usage excessif de la force par la police. Ils scandaient des slogans comme « Nous disons non à la peur raciste » ou « Pas de nazis, pas de KKK, pas de fascistes aux USA ».
Qui est le conducteur de la voiture ?
Selon la chaîne de télévision CNN, le suspect, arrêté et placé en garde à vue, s’appelle James Alex Fields Jr, 20 ans, originaire de l’Ohio. Il a été inculpé de meurtre, de blessures et de délit de fuite. Le FBI a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les circonstances du drame.
Pourquoi la réaction de Donald Trump a-t-elle été critiquée ?
Le président américain a condamné les violences de Charlottesville, sans se prononcer sur la responsabilité de l’un ou l’autre des camps en présence. « Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles cette énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties », a-t-il déclaré depuis son golf de Bedminster (New Jersey), où il passe ses vacances.
En semblant renvoyer dos à dos les deux camps, le président américain a provoqué l’indignation chez les Démocrates mais aussi un malaise chez les Républicains, son propre parti. « La haine et la division doivent cesser, et elles doivent cesser immédiatement », a lancé le président. Interpellé par des journalistes, il a refusé de condamner spécifiquement les mouvements d’extrême droite.
Hillary Clinton, battue par Donald Trump à l’élection présidentielle de 2016, l’a critiqué sans le nommer. « Chaque minute où nous permettons à cela de se poursuivre par un encouragement tacite ou par inaction est une honte et un danger pour nos valeurs », a-t-elle tweeté.
Le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio, est lui aussi intervenu sur Twitter. « Très important pour la nation d’entendre le président décrire les événements de Charlottesville pour ce qu’ils sont, une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs ».
L’ex-président Barack Obama est sorti de sa réserve en citant Nelson Mandela : « Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion ».
Dans la soirée, le ministre de la Justice Jeff Sessions a dénoncé « l’intolérance raciale et la haine ». Les violences de Charlottesville « trahissent nos valeurs fondamentales et ne peuvent être tolérées », a-t-il dit.
20minutes.fr