« Enquête exclusive » aux côtés des anti-EI : tous ne sont pas chrétiens ou d’extrême droite

LE PLUS. Depuis les attentats de janvier, ils sont de plus en plus en nombreux à quitter la France pour combattre Daesh. Qui sont ces Français qui n’hésitent pas à prendre les armes ? C’est ce qu’ont voulu comprendre les équipes du numéro d' »Enquête Exclusive » diffusé ce dimanche à 23h sur M6. Bernard de la Villardière nous raconte les coulisses du tournage de l’émission.

« Jeunes français et anti-djihadistes : ils partent combattre l’État islamique » sera diffusé sur M6 le 21 juin (CAPTURE DAILYMOTION).

 « Jeunes français et anti-djihadistes : ils partent combattre l’État islamique », c’est le sujet de notre reportage, diffusé ce dimanche dans « Enquête exclusive » sur M6.

Nous avions déjà réalisé un premier documentaire sur Daesh il y a quelques mois. À cette occasion, nous avions infiltré un réseau djihadiste via Facebook, en créant un faux profil à notre journaliste. Il lui avait permis de se faire passer pour une candidate au djihad.

 Cette fois, nous avons voulu en savoir plus sur l’autre face de cette guerre, en rencontrant ceux qui combattent Daesh.

 Les motivations des anti-Daesh sont variées

 Ce mouvement est difficile à quantifier, mais je dirais qu’il regroupe une centaine de personnes à travers le monde. Parmi eux, on retrouve des Américains, des Australiens, des Canadiens, mais aussi quelques Français.

Pour les approcher, mes équipes ont une fois de plus utilisé les réseaux sociaux. Ce fut un travail de longue haleine : l’enquête et le tournage ont duré environ six mois.

On pense souvent que les anti-djihadistes sont des chrétiens pratiquants ou des personnes proches de l’extrême droite. C’est parfois le cas, mais il ne faut pas faire de généralités, car les motivations peuvent être variées.

Parfois, les anti-djihadistes ont simplement des idéaux, pour lesquels ils sont prêts à tout donner. Il ne s’agit pas forcément d’individus violents.

 La loi française les considère comme des mercenaires

 C’est le cas de William, un Français de 44 ans que mes équipes ont suivi. Après les attentats contre « Charlie Hebdo » et contre l’Hyper Cacher, il a décidé de partir en Syrie pour combattre l’EI auprès des milices kurdes.

 Pendant que des milliers de personnes manifestaient, il a décidé d’agir, en allant directement au front.

 Les personnes comme William sont sous le coup de la loi française, qui les considère comme des mercenaires. Elles sont, la plupart du temps, conscientes des risques qu’elles prennent, mais veulent défendre leurs idéaux coûte que coûte. Pourtant, elles ont généralement la tête sur les épaules, malgré un côté tête brûlée, qui les pousse probablement à aller au bout de leurs convictions.

 L’EI ne vit pas dans le luxe et l’abondance

Grâce à William, mes équipes ont pu se rendre sur la ligne de front, en Syrie. Elles ont ainsi constaté que Daesh utilisait des jeunes comme de la chair à canon, en les envoyant directement du côté des anti-djihadistes à bord de voitures piégées, par exemple.

Convaincre ces jeunes de se sacrifier permet à l’EI de repérer la ligne de front et de traumatiser ses adversaires.

Mes équipes ont pu vivre un moment marquant grâce à William. Ce dernier les a emmenées dans un bâtiment que Daesh venait tout juste de délaisser. Là, elles ont pu prendre conscience des conditions de vies épouvantables de ces combattants.

 Contrairement à ce que l’on peut voir sur les images de propagande, l’EI ne vit pas dans le luxe et l’abondance. Bien loin des villas de rêves, les membres de l’organisation terroriste dorment sur des matelas à même le sol, dans des conditions sanitaires atroces.

 Les journalistes ont pris de vrais risques

Mes équipes se sont aussi rendues sur la ligne de front, à Damas, avec l’armée syrienne. Pour obtenir les autorisations nécessaires, des négociations de plusieurs mois ont été engagées.

 Les journalistes qui ont réalisé l’enquête ont reçu des consignes de sécurité : on leur déconseillait de se rendre sur le terrain. Ils ne se sont pas laissés dissuader et ont rejoint l’armée syrienne.

 C’était très courageux de leur part, car ils ont pris de véritables risques. Sur place, il n’y avait aucune mesure de sécurité : ils étaient exposés aux attaques de Daesh.

 Une guerre d’usure, de harcèlement

 Au cours de cette expérience, ils ont pu observer le quotidien de l’armée syrienne. Certains soldats leur ont d’ailleurs assuré qu’ils entendaient parler français du côté de l’EI. Il y aurait donc un certain nombre de Français parmi les combattants de Daesh, comme parmi les anti-djihadistes.

 Les uns contre les autres, ils mènent une guerre d’usure, de harcèlement, car les combattants de l’EI n’ont pas peur de mourir. Ce sont des terroristes, il ne s’agit donc pas d’une guerre classique, mais d’un combat inégal. Pour l’heure, le combat des anti-djihadistes n’a pas porté ses fruits, puisque Daesh ne cesse de progresser.

Propos recueillis par Anaïs Chabalier.

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