QUELLE SOLUTION POUR RÉTABLIR LE CALME ENTRE ISRAËL ET GAZA?  PIERRE LURÇAT

Quelle solution pour rétablir le calme entre Israël et Gaza?  Pierre Lurçat

“Quand les Juifs pourront de nouveau réciter le Hallel à Goush Katif…”

« Le Juif n’apprend pas par des raisonnements rationnels : il apprend par les catastrophes. Il n’achètera pas un parapluie simplement parce que des nuages s’amoncellent à l’horizon : il attendra d’être trempé et d’être atteint de pneumonie… » Max Nordau (1)

Comme l’écrivait Yoav Shorek il y a quelques semaines (2), “lorsqu’un idiot jette une pierre au fonds du puits, plusieurs sages ne suffisent pas à la retirer”.

La métaphore est parlante : le puits, c’est Gaza et la pierre c’est le Hamas, arrivé au pouvoir à la suite du retrait israélien – la “Hitnatkout” – dont Israël ne finit pas de payer les conséquences désastreuses.

Si l’histoire nous a pourtant appris une chose, depuis 1948, c’est qu’il n’est pas possible de laisser la souveraineté à une quelconque entité autre qu’Israël, entre la Mer et le Jourdain.

Toutes les tentatives faites en ce sens – dans un cadre bilatéral (accords d’Oslo), multilatéral (résolution de l’ONU sur l’internationalisation de Jérusalem) ou unilatéral (retrait de la bande de Gaza) – se sont soldées par un cuisant échec.

La synagogue de Névé Dekalim, détruite après le retrait de Gaza

Je me souviens avoir assisté au spectacle terrible des cercueils des habitants morts au Goush Katif, sortis de leurs tombes et portés en procession dans les rues de Jérusalem – car même les morts avaient été expulsés ! – une des images les plus effroyables qu’il m’a été donné de voir en 25 ans de vie en Israël.

Yoav Shorek évoque à ce sujet une autre image terrible, celle de l’incendie des synagogues du Goush Katif le 12 septembre 2005.

Cet événement symbolique”, écrit Shorek, “a conclu le processus de Hitnatkout (retrait) de Gaza et est resté gravé dans la mémoire collective. Treize ans plus tard, les localités voisines de la bande de Gaza vivent toujours dans l’incertitude sécuritaire quotidienne, et dans une guerre d’usure dont on ne voit pas l’issue”.

Ceux qui considéraient qu’il s’agit du prix à payer pour ne plus assumer la souveraineté (ou le simple contrôle militaire) à Gaza ont été lourdement démentis par les faits.

Car non seulement le retrait de Gaza n’a pas amélioré, comme l’avait promis son génial architecte, la sécurité intérieure d’Israël et son image sur la scène internationale, mais les deux se sont dégradées depuis, au point que la bande de Gaza est devenue – après l’Iran et le Hezbollah au Nord – la deuxième menace stratégique pour Israël. Le tir de missiles ce matin sur Beer-Sheva et le Goush Dan n’est qu’une douloureuse piqûre de rappel à  cet égard.

La maison de Beer-Sheva détruite par un missile tiré de Gaza (photo Eliyahu Hershkovitz)

“A l’heure des missiles, les territoires n’ont pas d’importance” (Shimon Pérès)

Comme je l’écrivais en 2011, l’affirmation saugrenue faite par Shimon Pérès, en pleine euphorie des accords d’Oslo, a montré depuis lors son caractère illusoire et trompeur.

Les territoires sont devenus plus essentiels que jamais à l’heure des missiles, comme le savent bien les habitants de Sdérot, de Beer-Sheva et d’Ashdod (liste partielle…), placés sous le feu des missiles du Hamas par le retrait de la bande de Gaza…”(3).

Non seulement le retrait de Gaza s’est avéré (comme l’avaient prédit de nombreux observateurs à l’époque) stratégiquement erroné, mais il a surtout constitué une erreur sur le plan psychologique.

Les habitants de Gaza – et le Hamas en premier lieu – ont en effet interprété ce retrait (comme tous les autres retraits israéliens, du Sud-Liban et de Judée-Samarie) comme un signe de faiblesse.

La faiblesse, disait Charles Krauthammer, fin observateur politique, est toujours un facteur négatif sur la scène internationale.

Cela est d’autant plus vrai dans notre région, face à des ennemis habités par un complexe d’infériorité-supériorité, qui interprètent toute marque de faiblesse comme la confirmation de leur volonté destructrice.

Cela est vrai à Gaza, où le “généreux” retrait israélien a été récompensé par la destruction humiliante de nos synagogues, et par une pluie de missiles incessante depuis lors.

Cela est vrai aussi en Judée-Samarie et à Jérusalem, où la faiblesse israélienne, notamment sur le Mont du Temple, est interprétée par le monde musulman comme une preuve supplémentaire que les juifs sont des intrus à Jérusalem et qu’ils n’y ont aucun droit(4).

“Quand les Juifs pourront de nouveau réciter le Hallel au Goush Katif…”

Ceux qui pensent pouvoir régler le problème de Gaza par des opérations militaires limitées à des bombardements aériens se bercent d’illusions.

Les solutions provisoires”, écrit encore Shorek, “ne modifieront pas l’équation à Gaza, équation créée par le retrait, qui ne sera modifiée que lorsqu’Israël osera changer les règles du jeu et reviendra à Gaza pour y neutraliser la bombe. Pour nettoyer la bande de Gaza des armes et des infrastructures militaires et pour en refaire un lieu de vie, en offrant à ses habitants des perspectives d’avenir… Le prix inévitable du retrait est celui-ci : Tsahal devra retourner à Gaza et la reconquérir”.

Je n’ai rien à ajouter à ces lignes, sinon que le retour au calme à Gaza ne se fera que le jour où la synagogue de Névé Dekalim sera reconstruite, et que les prières juives retentiront de nouveau entre ses murs.

Ce jour-là, qui n’est sans doute pas aussi lointain qu’il n’y paraît aujourd’hui, ce ne sont plus les appels au djihad et à la guerre qu’on entendra à Gaza, mais les mots du Hallel et ceux du prophète Jérémie : “Tes enfants reviendront dans leur territoire”.

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Pierre Lurçat

Notes

(1) Cité dans Histoire de ma vie, Les Provinciales 2011.

(2) “Treize années de conflagration”, Hashiloach numéro 11, septembre 2018.

(3) Article repris dans mon livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition 2016, page 156.

(4) Sur ce sujet essentiel, je renvoie à au dernier chapitre de mon nouveau livre, Israël le rêve inachevé, à paraître en novembre aux éditions de Paris.

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Edmond Richter

J’ai quelques idées pour 1) faire cesser cette incroyable et effroyable impuissance d’Israel face aux marches du retour, aux incendies et aux roquettes 2) ceci sans entrer dans gaza pour faire une 4ème guerre avec des dizaines de morts israéliens 3) tout en appliquant les idées de Martin Sherman (Israeli Institute for Strategic Studies) sur l’incitation financière à l’émigration des gazaouis dans d’autres pays arabes.

https://infos-israel.news/lettre-ouverte-aux-habitants-de-gaza-par-edmond-richter/

Bonaparte

Le problême c’est qui ?

Eh bien le détruire .

C’est aussi simple que cela .

On a tout essayé , alors passons la vitesse supérieure .

S’ils avaient les moyens de nous détruire ils n’auraient pas hésité une seconde avec la complicité de tous les collabos de la planéte .

trender

Une seule solution a cette erreur historique , 2 avertissements aux terroristes du Hamas comme pour l’EI , puis si rien ne change , destruction pure et simple après avertissement aux populations de se retirer en Égypte, en Jordanie , Syrie ou en Irak, leur lieu d’origine puis enfin un manteau de bombes incessant et black out à l’ONU , l’Europe et les autres le temps de nettoyer le terrain définitivement sinon , Israël subira guerres larvées sur guerres larvées de plus en plus meurtrières…. Cela semble cruel , mais il n’existe aucune solutions avec les barbares du Hamas….

Daphné

Je ne pense pas que les gazaouis accepteront un jour l’occupation militaire de leur mince bout de terre sauf à tous périr sous les bombardements.Si c’est la seule alternative proposée pour un solution au conflit elle est minable et nazie. S’il s’agit d’expulser les gazaouis et de les déporter pour qu’ils ne gênent plus je ne vois que des camps au désert; aucun pays n’en veut plus, qui les ont déjà acceptés : 700 000 au petit Liban et plus d’un million en Jordanie où ils sont devenus des Jordaniens nostalgiques de la Palestine. Les juifs n’ont pas quitter la Palestine à cause des Palestiniens mais à cause des romains . Ce sont eux qui ont détruit le 2ème temple. Nous n’avons pas cessé de nous installer dans d’autres pays pendant 2000 ans. Qui est resté pour faire fleurir le pays devenu premier producteur d’oranges pour l’Angleterre pendant ce temps? Devinez!Et maintenant on leur dit « DEHORS! Vous n’avez aucun droit, pas même celui de vivre sur vos terres; » C’est péché.
je pense qu’il y a d’autres solutions que les armes et le génocide. Entre les tirs de roquets des Gazaouis et les bombardements de Tsahal il n’y a aucune commune mesure et quand le loup est en cage il se défend de toutes ses dents. Je pense que le fond de la pensée de Sharon était de dégager nos compatriotes de Gaza pour pouvoir bombarder la bande sans crainte de toucher un Israélien ce qui a été fait par la suite.La situation me rappelle une autre mais là il s’agit de leur patrie aussi. En ce temps là nous nous n’avions pas d’autre pays que nos patries d’accueil. Regardons en arrière et voyons ce que nous étions et ce que nous sommes devenus!

Miraël

Que c’est triste de voir cette belle synagogue détruite.

Albert

L’analyse est bonne. La préconisation finale l’est moins.
Revenir à Gaza serait une folie car administrer 1.8 millions de gazaouis porteurs de haine contrer Israel et les Juifs sera beaucoup plus meurtrier.
Plus simple serait de décapiter le Hamas en éliminant ses chefs. Ces gens profitent de la situation car la moitié sinon plus de l’aide reçue va dans leurs poches.
Certes à un chef succédera un autre, mais ces chefs-là sont bien plus attachés à la vie qu’on ne le croit. Ils aiment bien envoyer à la mort les jeunes palestiniens, mais eux-mêmes ne s’exposent pas et leurs enfants non plus ne s’exposent pas. Quant ces chefs verront qu’ils sont en première ligne de Tsahal, quelquechose changera, j’en suis sûr.

Ixiane

Alors imaginez la JUDEE SAMARIE , ne serait-ce qu’une petite partie , aux mains de ces barbares !!!
Mais comme dit l’auteur , les dirigeants ne comprennent pas avant que le ciel ne leur tombe sur la tête !!

Marc

C’est archi-faux, encore des rumeurs larguées pour discréditer Israël. Aucun parti, en Israël n’a l’intention de faire quitter la Judée-Samarie aux 500.000 Juifs qui y vivent. Même le plan de désengagement Sharon reposait sur un compromis avec Bush : le retrait de Gaza contre le maintien en Judée-Samarie. On a parlé à ‘époque d’un document signé par Bush, qui a démenti un peu plus tard.