Israël a-t-il une stratégie pour Gaza?
En économie, une façon de savoir quelles sont les priorités d’un acteur économique passe par ce qu’on appelle les «préférences révélées». Il suffit de regarder ce qu’elles font et de connaître leur ordre de priorité. Les préférences révélées peuvent facilement être appliquées dans le cas de la stratégie israélienne à Gaza. Alors, quelles sont les composantes de la stratégie à court et moyen terme d’Israël à Gaza, une stratégie connue, sous une formule devenue populaire, comme « l’offre de calme en échange de la préservation du calme » et reflétant l’intérêt d’Israël à éviter l’escalade et la volonté de vivre avec le statu quo?
- Faute d’autre solution possible, Israël est prêt à accepter le Hamas comme parti au pouvoir de facto dans la bande de Gaza. Il n’est pas facile de légitimer cette réalité de facto, car le Hamas est une entité terroriste engagée dans l’annihilation d’Israël, mais Israël pense que le Hamas et le terrorisme qui l’accompagne peuvent être limités et confinés pendant de longues périodes.
- Pour restreindre et contenir la terreur de Gaza, Israël utilise une combinaison d’outils censés garder le Hamas suffisamment puissant pour forcer sa volonté contre des éléments violents dans la bande de Gaza et en même temps faible et dissuadé d’attaquer Israël. Maintenir cet équilibre fragile pendant longtemps est délicat et, de temps en temps, Israël doit exercer davantage d’outils pour faire face aux écarts par rapport à cet équilibre délicat. La boîte à outils comprend une grande variété de capacités et d’opérations militaires, le blocus de sécurité, la pression économique occasionnelle et la coopération avec l’Égypte et d’autres acteurs arabes et internationaux.
- Israël est intéressé à améliorer le bien-être de la population de Gaza et à cette fin, il est disposé à encourager et à faciliter les investissements étrangers et arabes dans l’économie de Gaza, en plus de faciliter l’aide humanitaire en direction des habitants de Gaza. Malgré le contexte difficile, Israël envisage constamment d’aider les habitants de Gaza à améliorer leur qualité de vie. Israël est également favorable à l’amélioration de la capacité des Gazaouis d’entrer et de sortir de la bande tant que cela ne met pas en danger sa sécurité et est même prêt à envisager des démarches symboliques, comme de permettre l’entrée de marchandises par d’autres accès portuaires qu’Israël, à savoir par le port d’Ashdod.
- Il est essentiel qu’Israël coordonne et soutienne sa politique à Gaza avec l’Egypte, car le Caire partage avec Israël le contrôle des frontières de Gaza et a un impact considérable sur la capacité d’Israël à atteindre les deux premiers objectifs susmentionnés. Pour l’Égypte, la principale préoccupation est le potentiel des groupes islamistes radicaux à Gaza, y compris le Hamas, de renforcer les forces radicales en Égypte même, en particulier dans le Sinaï. Donc, fondamentalement, les stratégies de l’Égypte et d’Israël se chevauchent, bien que l’Égypte soit déterminée à ne pas assumer de plus grandes responsabilités à l’égard d’Israël.
- Israël voit plus d’avantages que d’inconvénients dans la séparation durable entre Gaza et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Le gouvernement est fermement opposé à l’idée qu’Israël ramène le Fatah à Gaza. Cela étant dit, Israël ne prendra aucune mesure pour faire obstacle à une éventuelle réconciliation palestinienne. Il croit simplement que la réconciliation ne se produira pas, parce que le Hamas et le Fatah refuseront de concéder un réel pouvoir à l’autre dans leurs domaines de contrôle respectifs.
- Israël est déterminé à minimiser les dommages collatéraux causés aux civils dans la bande de Gaza, à la fois parce qu’ils contredisent ses valeurs, ses intérêts et ses engagements en matière de droit international et qu’une des principales composantes de la stratégie globale d’Israël consiste à éviter les dommages causés à sa propre légitimité et à sa propre image.
- Israël veut s’assurer que le conflit à Gaza, considéré comme un risque de second ordre,, ne nuira pas à sa capacité de se concentrer sur les défis de premier plan tels que l’Iran ou le front nord.
- Tant que les patrons du Hamas, comme la Turquie, le Qatar et l’Iran, seront aux prises avec des problèmes beaucoup plus importants, le Hamas n’a pas l’effet de levier suffisant pour changer sa situation sans concéder quelque chose qu’Israël veut. La terreur du Hamas ne devrait jamais porter ses fruits. Au contraire, le Hamas doit payer le prix de toute utilisation de la terreur.
Quels sont les problèmes qu’induit cette stratégie?
- Il y a des tensions évidentes entre les différentes composantes et, chaque fois que l’on en privilégie une, il devient plus difficile d’atteindre l’autre. Par exemple, utiliser la pression économique pour affaiblir le Hamas et le convaincre d’abandonner la violence pour le moment, ce qui a plutôt bien fonctionné au dernier round -qui ne s’est pas transformé en guerre ouverte-, rend l’amélioration de la vie quotidienne à Gaza plus difficile et entrave le souhait d’éviter des dommages à l’image d’Israël.
- La stratégie de moyen terme se heurte, dans une certaine mesure, à la stratégie déclarée à long terme d’Israël de convaincre les Palestiniens d’adopter une position en faveur de la paix. En d’autres termes, changer les priorités pour les Palestiniens afin que les Palestiniens préfèrent améliorer leurs conditions de vie, au-delà de la lutte pour anéantir Israël. Par exemple, il est essentiel de modifier la nature de l’UNRWA pour faire progresser l’approche pacifique du côté palestinien. Si tout le monde acceptait le simple fait évident que les Palestiniens vivant dans un territoire sous contrôle palestinien ne sont pas des réfugiés et que la troisième génération de descendants des personnes initialement déplacées ne peut être considérée comme réfugiée, la paix serait beaucoup plus (vite) réalisable. Cependant, en raison de ses préférences à court et à moyen terme, il semble que le gouvernement israélien préfère éviter toute initiative qui porterait atteinte à l’UNRWA.
- En ce qui concerne les options militaires, Israël souhaite que le Hamas s’inquiète de la possibilité d’une offensive terrestre qui le priverait de son joyau, à savoir son contrôle de Gaza. Mais dans le même temps, le gouvernement israélien n’a manifestement aucun intérêt à une telle opération, car il veut éviter les pertes et s’abstenir de reprendre Gaza. Israël exige à plusieurs reprises et de façon répétée dans le temps, un prix à payer pour les attaques du Hamas, par des frappes aériennes ciblées et en privant le Hamas de la possibilité d’utiliser des options terroristes (roquettes, opérations navales, tunnels, ballons et cerfs-volants incendiaires). Tout ce qu’Israël est capable de faire sans recourir à une offensive terrestre.
- Depuis le désengagement de 2005, Israël ne s’est pas comporté et ne se considère pas comme une force d’occupation à Gaza, alors que les Palestiniens et de nombreux autres acteurs internationaux n’acceptent pas les perspectives (points de vue) d’Israël et que l’Égypte refuse d’assumer la responsabilité de ce territoire.
En résumé, Israël a une stratégie à court et à moyen terme pour Gaza, qui, comme la plupart des autres stratégies, contient des contradictions inhérentes et doit être pertinente dans une situation extrêmement complexe. Au cours de la dernière vague d’escalade, il a prouvé une fois de plus que l’utilisation de mesures plus sévères contre les provocateurs d’incendies et leurs commandants et la limitation des activités à Kerem Shalom avait la capacité de raccourcir ce cycle et mettre suffisamment de pression sur le Hamas à ce stade.
Cependant, l’instabilité et les provocations émanant des forces palestiniennes à Gaza remettent en cause la capacité d’Israël à maintenir cette stratégie. Elles ne sont pas disposés, par exemple, à renoncer à leur accumulation de forces et de moyens de guerre ou à éviter d’utiliser des boucliers humains et continuent de garder des corps de soldats israéliens en leur possession. Leur stratégie est turbulente, elle s’oppose à l’idée de stabilité et de prospérité, ce qui rend difficile le maintien de la stratégie israélienne.
Par le Général de Brigade Yossi Kuperwasser
La solution est pourtant simple : invasion de Gaza pour régler le problème de ce côté-ci, et poursuite des implantations en Cisjordanie si ça chauffe dans cette zone. C’est tout. Je ne vois pas ce qu’Israël peut faire d’autre. Quand au Hezbollah, à la Syrie, à l’Iran, faisons confiance à Tsahal, mais avant tout à Dieu.
Les « enfants palestiniens » (sic) : de grands enfants quand même : Haniyeh 55 ans, Abbas 82 ans …
C’est vrai que l’âge mental peut être très différent de l’âge réel …