This photo taken on December 23, 2018 shows workers checking lightbulbs that will be exported to the US at a factory in Wannian in China's central Jiangxi province. (Photo by STR / AFP) / China OUT

La Chine s’essouffle et inquiète le monde Frédéric Schaeffer

La croissance chinoise est tombée à 6,4 % au quatrième trimestre. Son rythme le plus faible depuis la grande crise financière de 2009.

Faut-il à nouveau s’inquiéter pour la Chine ? La deuxième puissance économique au monde est revenue au coeur des préoccupations des économistes et investisseurs, alors que se multiplient les signes de ralentissement.

Dernier en date, l’annonce, ce lundi matin, d’une croissance tombée à 6,4 % au quatrième trimestre, son plus faible niveau depuis la grande crise financière de 2009. Sur l’ensemble de l’année écoulée, le PIB chinois a augmenté de 6,6 %, sa plus faible croissance en 28 ans.

Sans surprise, ce chiffre – aussi politique qu’économique – est en ligne avec l’objectif que s’était fixé le régime communiste (« au moins 6,5 % »).

Faute de données fiables, les économistes s’interrogent sur l’ampleur réelle du ralentissement chinois. « Notre propre mesure suggère que la croissance a continué à ralentir à 5,3 %, contre 5,4 % au troisième trimestre », note Julian Evans-Pritchard, chez Capital Economics.

Exportations, vente de voitures, production industrielle… Plusieurs signaux ont récemment viré au rouge.

La guerre commerciale avec les Etats-Unis ne pouvait plus mal tomber pour la Chine, brisant la confiance des entreprises et des ménages, au moment où la demande intérieure était déjà pénalisée par les restrictions d’accès au crédit et la lutte contre le « shadow banking ».

 

 

Précédent de 2015-2016

Les craintes actuelles font aujourd’hui écho à celles de 2015-2016, lorsque les investisseurs s’inquiétaient d’un atterrissage brutal de l’économie chinoise, nourri par une forte chute des marchés et des sorties massives de capitaux hors de Chine.

« La croissance ralentit mais ne s’effondre pas », relativise-t-on chez Capital Economics. « La situation n’est pas encore aussi mauvaise qu’en 2015-2016, lorsque la Chine avait traversé une période prolongée de croissance faible et de déflation dans l’industrie », estime Louis Kuijs, chez Oxford Economics.

Plus pessimiste, Alicia Garcia Herrero, chef économiste chez Natixis à Hong Kong, estime que le ralentissement est plus grave qu’en 2015, à la fois pour des raisons structurelles (baisse de la productivité du travail, vieillissement et endettement croissant de la population) et des facteurs cycliques (restrictions du crédit, baisse des prix à la production…).

« Il y a un besoin urgent de stimuler davantage l’économie pour contrer le ralentissement économique », estime Alicia Garcia Herrero.

Le régime communiste, qui craint plus que tout une contestation sociale pouvant menacer sa survie, a promis de renforcer son soutien à l’activité, après une série de mesures décidées ces derniers mois (baisse des réserves bancaires, baisse d’impôts et de taxes, relance de projets d’infrastructures…).

L’ampleur du plan de relance sera déterminante pour la croissance mondiale. A ce stade, celui-ci reste plus limité qu’en 2015-2016 et sans commune mesure avec les mesures prises lors la crise financière.

Incertitudes sur la guerre commerciale

Pékin maintiendra l’activité « dans une fourchette raisonnable », a fait savoir le politburo du Parti le mois dernier, au risque de relâcher l’effort pour réduire le fardeau de la dette et ajourner encore les réformes structurelles. L’objectif de croissance – dévoilé chaque année en mars à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire – devrait être abaissé entre 6 % et 6,5 %, selon le « China Daily ».

« La plus grande incertitude pour 2019 est l’évolution de la guerre commerciale et son impact », estime Wang Tao, analyste chez UBS. Washington et Pékin se sont donnés jusqu’au 1er mars pour parvenir à un accord. L’essoufflement de la croissance met Xi Jinping sous pression pour lâcher quelques concessions, tandis que Donald Trump multiplie les déclarations optimistes.

Pour Wang Tao, les deux puissances pourraient se mettre d’accord afin de prolonger la trêve et éviter l’escalade.

Mais les chances d’un « grand deal » sont faibles, étant donné l’ampleur du fossé entre la Chine et les Etats-Unis sur des sujets lourds (ouverture du marché chinois, transferts de technologie,  rôle du PCC dans l’économie …). Le choc des superpuissances est là pour durer. Avec son lot d’incertitudes.

Frédéric Schaeffer 
Source: lesechos.fr

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