Dans la comédie Histoire du Monde, Partie I, de Mel Brooks, Moïse apparaît en train de descendre du Mont Sinaï, muni de trois tablettes entre les mains. Alors qu’il déclare : « Voici que je vous apporte les 15 Commandements », une lui échappe des mains et se brise, et Moïse se corrige : « er (voilà donc)… les Dix Commandements ». 

Les Juifs, y compris les plus observants, trouvent ça plus drôle qu’offensant. Comme on vient de l’apprendre, une fois encore, à Garland, au Texas, les Musulmans ne rient pas des blagues sur Mahomet, l’auteur présumé du Coran (tout comme Moïse est l’auteur de la Torah). Deux aspirants djihadistes, munis de fusils d’assaut et de gilets pare-balles n’ont pas été de taille à affronter un agent de la circulation ayant une arme sur le côté, mais l’incident aurait pu tourner à un massacre pire que le meurtre de l’essentiel de l’équipe rédactionnelle de Charlie-Hebdo, en janvier dernier. 

Pourquoi, donc, les Juifs, autant que les Chrétiens -mais surtout pas les Musulmans- arrivent à rire des plaisanteries sur les fondateurs-mêmes de leur religion? 

La réponse, c’est qu’il s’agit de déités radicalement différentes qui sont en question. Le Judaïsme fait son entrée par une Alliance entre D.ieu et les êtres humains – Abraham et ses descendants – ce qui correspond à un partenariat dans lequel D.ieu est, normalement, mais pas toujours, le Partenaire principal. Comme le fait observer le Rabbin et Lord Jonathan Sacks, les sages juifs de l’antiquité envisageaient Moïse comme pouvant agir en tant que juge de D.ieu, ce qui a permis que D.ieu annule sa menace de détruire le peuple juif, après le péché du Veau d’Or. C’est inimaginable en Islam, tout comme il est inimaginable que le D.ieu chrétien s’humilie sur la croix. 

L’humour est provoqué par la tension impossible entre un D.ieu infini et un homme fini. 

 

Cela ne diminue en rien la sainteté de l’ordonnance divine : si un rouleau de la Torah tombe accidentellement au cours d’un office juif, la loi juive oblige la communauté à un mois de jeûne. Mais le D.ieu des Juifs (d’où, aussi, celui des Chrétiens) permet à ses enfants de Lui adresser un plaidoyer, comme Abraham l’a fait à propos de Sodome et Gomorrhe et comme Moïse le fait en plusieurs occasions. L’humour provient de la tension impossible entre un D.ieu infini et un homme fini. « L’humour est intrinsèque au Christianisme » écrivait le théologien danois Søren Kierkegaard, « parce que la vérité est cachée par le mystère ». 

Les écritures juives et chrétiennes sont des récits humains d’une rencontre avec D.ieu. La fondation de la Bible chrétienne est constituée de quatre rapports (ou Evangiles) sur le ministère de Jésus de Nazareth, qui, sous certains aspects, se contredisent les uns les autres. 

Faire la lumière sur Mahomet, c’est contester Allah lui-même. Il n’est pas blasphématoire de rire de Moïse, dont les défaillances humaines l’ont empêché de conduire le peuple d’Israël jusque sur la terre promise. Cela dit, humaniser Mahomet constitue un acte de  lèse-majesté contre le Dieu des Musulmans. Cela n’a rien à voir avec le fait de plaisanter sur Moïse, Saint Thomas ou Saint Matthieu. 

Le Coran, on peut en être sûr, continent aussi des éléments contradictoires, auxquels répond la fameuse Théorie de l’Abrogation (Naskh), qui permet à un verset coranique d’être annulé par un autre. Mais la révélation du Coran par Mahomet n’est pas tant un récit humain qu’une transcription sténographique des paroles présumées de D.ieu. Aucun Musulman ne prétend, pourtant, que Mahomet était plus qu’humain, mais, pour des finalités pratiques, il est indissociable d’Allah, parce qu’il n’était, tout simplement, que le véhicule ou le réceptacle par lequel Allah est supposé avoir donné ses directives. 

Personnellement, je trouve plus convaincant l’argument de cet Allemand converti à l’Islam, le Professeur Muhammed Sven Kalisch, disant que le Prophète Mahomet n’a, tout simplement, pas existé – au moins pas en tant qu’homme qui ressemble, d’une manière ou d’une autre, au personnage dépeint dans le narratif musulman. Ceci, parce que, d’une certaine façon, c’est sans rapport avec la vértiable question : il n’y a pas de rencontre entre l’homme et Dieu, en Islam, pas de révélation proprement dite, mais seulement la sélection d’une bouche humaine comme porte-voix par qui Allah déclare son Coran. Allah aurait pu, tout aussi bien, employer un rocher parlant. Le dieu musulman, par conséquent, demeure tout-à-fait distant et distinct des humains, d’une puissance illimitée et arbitraire dans ses actions. Ce n’est dû qu’au caprice d’Allah que les électrons tournent autour du noyau d’un atome, ou que les planètes décrivent une ellipse autour du soleil. 

Comme l’a observé Franz Rosenzweig, les action de D.ieu sont indiscernables de l’observation naïve du monde naturel. Elles sont, simplement, ce que les choses sont et pour aucune autre raison que tel est le caprice d’Allah qu’il en soit ainsi. Un athée qui croit que le monde est tout-à-fait chaotique et hasardeux verra que le monde procède exactement de cette façon, mais avec une grande différence :

qu’il en soit ainsi, pour les Musulmans, intègre les couches sédimentaires successives des siècles de pratiques tribales : le fait de battre sa  ou ses femmes, l’esclavage, la punition par amputation, les mutilations génitales féminines (cela ne dépend que de l’histoire propre à la tribu concernée) et ainsi de suite. Faire affront à Mahomet, et par extension à Allah, signifie la ruine de la façon dont les choses vont en ce monde, la dissolution des liens qui maintiennent la société comme un ensemble à peu près cohérent. Commencer à remettre en question la façon dont vont les choses serait une façon d’inspire le chaos social. 

Et c’est bien pourquoi la plupart des Musulmans, dans les pays arabo-musulmans les plus peuplés (aux exceptions notables de l’Indonésie et de la Turquie d’autrefois) pensent que l’apostasie doit être punie de mort. C’est aussi pourquoi, à partir du moment où le taux d’alphabétisation grimpe à 80% dans les pays musulmans, la proportion de gens s’affirmant comme non-religieux s’élève aussi. 

guerre-de-religion

L’Iran, le premier pays musulman à s’approcher de la moyenne universelle d’alphabétisation, est, de loin, le moins religieux, malgré son régime théocratique qui le maintient encore sous ce joug. Dès que le régime tomberait, comme cela surviendra en définitive, nous découvrirons qu’il n’y a pas plus de Musulmans en Iran qu’il ne subsistaient de communistes en Union Soviétique. Le niveau d’assistance à la Mosquée est le plus faible du monde musulman, à moins de 30%, selon une estimation, et encore plus bas, selon d’autres évaluations. .

Questionner la façon dont sont les choses en Islam est un blasphème. L’observance religieuse en Iran, s’est effondrée en parallèle au taux de fertilité du pays ( qui a chuté de 7 enfants par femme en 1979 à, à peine, 1, 6 en 2012), ce qui permet de jauger à quelle rapidité la société traditionnelle s’est dissoute. 

Les organisateurs de l’exposition sur les caricatures de Mahomet, à Garland, au Texas – l’homme politique Geert Wilders et les promoteurs de campagnes anti-djihad,Pamela Geller et Robert Spencer – sont parvenus à faire la preuve de ce qu’ils avancent : chercher à apaiser les Musulmans, et les conforter dans leur résistance contre la modernité exigerait de l’Occident qu’il renonce à être l’Occident. La résurgence actuelle du fondamentalisme musulman tient de la Danse des Fantômes (voir Belphégore), le grand épanouissement d’un désespoir existentiel,avant que les choses telles qu’elles sont ne se transforment selon ce que les choses étaient et ne seront plus jamais. 

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Pamela Geller, en compagnie de Bat Ye Or. Bientôt la fin de la dhimmitude?

Par David P. Goldman
Asia Times Online
5 mai 2015

http://www.meforum.org/5220/muslims-laughter

 

David P. Goldman est chercheur principal au Centre Londonien de Recherche Politique et détenteur de la Chaire de la Famille Wax au Middle East Forum (Forum sur le Moyen-Orient). Son livre ;  How Civilizations Die (and why Islam is Dying, Too) [Pourquoi meurent les Civilisations et pourquoi l’Islam meurt aussi] a été publié en Septembre 2011. Un volume de ses essais sur la culture, la religion et l’économie, It’s Not the End of the World – It’s Just the End of You [ Ce n’est pas la Fin du Monde, seulement votre Fin à vous], est également paru cet automne.

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ced
marman68

Je suis d’accord

Armand

Qu’est ce qui nous font chier ces muzz avec leurs principes a la con . Ils ont tous les droits mais il ne faut pas toucher a leur prophete .

Ils ont le droit de tuer , de violer , d’envahir , de pratiquer le proselythisme au nom de ce meme prophete qu]on a meme pas le droit de dessiner