LA REFORME DES STATUTS DU CONSISTOIRE EST-ELLE NECESSAIRE ?

Si je me bats aujourd’hui, c’est uniquement pour défendre ma conception d’un Consistoire, respectueux des lois et des valeurs éthiques de la Torah, qui doivent régner dans l’institution religieuse qui représente les juifs de Paris.

J’ai toujours eu le sentiment de mes responsabilités  au sein du Consistoire de Paris. C’est la raison pour laquelle, il ne m’est plus possible de rester silencieux  face au bouleversement qu’entrainera l’adoption des nouveaux statuts proposés aux adhérents lors de l’Assemblée Générale Extraordinaire du 29 Novembre prochain. En effet, beaucoup d’adhérents n’ont pas réalisé l’effet destructeur de ces changements statutaires et doivent être convenablement informés.

Cette réforme, si elle était adoptée, aboutirait à la déconstruction sournoise du Consistoire de Paris, par le biais d’une fusion présentée dans la confusion la plus totale, et qui lui  ferait perdre son indépendance. En mettant en place un Conseil commun et une Présidence unique, la  gestion de l’ACIP serait noyée au sein du Consistoire Central de France. On ne saura plus qui fait quoi, et qui représente qui.

On veut nous faire valider un projet incohérent et déraisonnable. Lisez l’article 10 des futurs statuts : «  Le Président du Consistoire de Paris – qui prendrait désormais le nom de Consistoire Juif de Paris (*) – est aussi Président du Consistoire Central juif de France «. Dans cette perspective, tout est confondu volontairement. En effet, par l’article 5, nous apprenons que le Conseil du Consistoire de Paris comprendrait également des membres du Consistoire Central de France. Cette proposition nous interpelle : en quoi des délégués de Marseille ou de Lyon seraient-ils habilités à régler des problèmes spécifiquement parisiens ? On nous rétorque qu’ils n’interviendraient pas dans ce débat ! Dans ce cas, à quoi rime leur présence si elle est inutile ? La notion de Conseil commun n’a aucun sens, d’autant plus que le Consistoire Central, dans sa forme actuelle, constitue précisément le lieu d’accueil de discussions communes.

En fait, chaque  Consistoire régional – comme celui de l’Ile de France – a sa spécificité propre, ses problèmes particuliers, son mode de gouvernance bien à lui et le fait de vouloir unifier à tout prix les gestions pour en faire une sorte d’administration commune, n’obéit à aucune justification véritable. Le judaïsme nous apprend que chacun doit respecter sa propre personnalité et défendre ses intérêts propres, tout en restant en harmonie avec les autres .C’est l’unité dans la diversité d’opinions, qui se traduit par un débat sain et  enrichissant. Rappelons-nous les échanges entre Hillel et Chamaï ! Inutile de créer  un Conseil commun, pour nous rendre compte que tout le monde partage la même opinion, qu’il s’agisse de la situation actuelle en France, de  l’antisémitisme, ou de la défense d’Israël. Et si débat il doit y avoir, il peut, comme toujours, se tenir au sein de l’entité fédérative du judaïsme, le Consistoire Central de France.

Notons que si le Président du Consistoire Central de France est statutairement aussi Président du Consistoire de Paris, cela ferme définitivement la porte à tout dirigeant d’un Consistoire de province qui souhaiterait accéder à cette haute fonction. Dans cette configuration, jamais Jean KAHN, zal, Président du Consistoire de Strasbourg n’aurait pu devenir  Président du Central.

L’article 10 confirme la double fonction – un cumul !- que Mr MERGUI s’est attribuée depuis quelques années : une seule et même personne  à la tête de toute l’institution, ce qui n’est pas conforme à l’esprit de la Loi. C’est contraire aux usages. C’est contraire aux traditions des fondateurs. C’est contraire à l’éthique la plus élémentaire.

Le Consistoire Central doit jouer le rôle d’un organe fédérateur, chargé d’arbitrer entre ses membres et de régler les litiges éventuels .S’il y a mélange des institutions et donc confusion inévitable, les contrôlés seront en même temps leurs propres contrôleurs. On comprend dès lors pourquoi le Conseil d’Etat  a rejeté, à juste titre, la fusion envisagée au départ. Les statuts proposés ont été délibérément retoqués et ne sont qu’un habillage pour contourner la loi, en somme une fusion déguisée !

Les dirigeants actuels, par l’intermédiaire de ces nouveaux statuts, ont imaginé le moyen de rester indéfiniment en place. A cette fin, ils rayent la démocratie communautaire, en supprimant le vote direct des adhérents et en le remplaçant par celui de grands électeurs (Présidents et administrateurs des Commissions administratives locales), empêchant par la même d’autres forces vives de se manifester et de se porter candidats éventuels ou simplement d’exprimer leur opinion personnelle. En effet, ces grands électeurs, même s’ils animent leur communauté respective, ne constituent qu’une toute petite minorité, relativement facile à manœuvrer. On notera, au passage, que les Commissions des synagogues sont très majoritairement composées d’hommes, ce qui exclura, ipso facto, toute velléité féminine  de participer activement au Conseil du Consistoire de Paris.

Tous les 4 ans, le Consistoire offre à ses adhérents, la possibilité de voter pour exprimer directement leur point de vue sur les questions qui les intéressent : gestion financière de la Communauté, éducation des enfants, formation des rabbins, coût des produits Cachère contrôlés par le Beth Din de Paris, rôle des femmes, conversions, régularisation des enfants de mariages mixtes, divorces religieux, etc…

Toutes ces questions essentielles qui vous tiennent à cœur, vous ne pourrez plus les défendre directement. Vous devrez nécessairement passer par l’intermédiaire d’un grand électeur, qui ne partagera peut-être pas vos préoccupations personnelles.

Ce sera fini ! La fin de la démocratie.

Le 29 Novembre prochain, vous avez le devoir d’aller à la Synagogue Berit Chalom, 18 rue Saint Lazare à Paris et vous voterez NON !

  • NON aux nouveaux statuts !
  • NON au cumul des fonctions !
  • NON à l’ultra-personnalisation du pouvoir !
  • NON à un habillage pour contourner la loi !
  • NON à une Présidence unique (Consistoire Central + Paris) !
  • NON à un Conseil commun (Consistoire Central + Paris) !
  • NON à la confusion des rôles respectifs !
  • NON à l’interpénétration des institutions !
  • NON au rejet de la démocratie !
Agissez en membres responsables de votre Communauté et venez nombreux pour rejeter cette réforme scandaleuse.
Et n’oubliez pas : Si ce projet de nouveaux statuts est adopté, ce sera la dernière fois que vous pourrez assister à une Assemblée Générale du Consistoire pour vous exprimer !

Moïse COHEN

Président d’Honneur du Consistoire de Paris

(*) il est regrettable de supprimer dans le sigle de l’institution la référence à ISRAEL, dont la connotation marquait notre attachement à la terre de nos ancêtres.

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AMAR Jean-Claude

Je ne vois pas en quoi la modification des statuts « partiel » réduirai le pouvoir du président du consistoire de Paris où d’autres consistoires , un consistoire central n’à pas l’autorité de modifier où supprimer la où les décisions des présidents de consistoire ? polémique inutile .