Mossoul, deuxième ville d’Irak, célèbre sa libération et la coûteuse victoire des forces gouvernementales contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), en dépit d’ultimes poches de résistance, mais l’EI détient encore d’importantes portions du territoire irakien.

Le bureau du Premier ministre irakien Haider al-Abadi a indiqué dans un communiqué qu’il avait félicité « les combattants héroïques (…) pour cette victoire » dans la ville « libérée ».

Mais le Premier ministre a affirmé plus tard qu’il ne déclarerait officiellement la victoire qu’une fois les dernières poches de résistance nettoyées, des coups de feu et des frappes aériennes étant encore audibles dans l’après-midi.

« Il ne reste seulement qu’une ou deux poches de jihadistes de Daech », a indiqué dans un communiqué M. Abadi.

« La victoire est certaine, et les derniers jihadistes sont encerclés (…) c’est une question de temps pour nous avant d’annoncer la grande victoire à notre peuple », a-t-il ajouté.

Lors d’une réunion au quartier général de la police fédérale, dans l’ouest de Mossoul, le Premier ministre avait ordonné plus tôt « d’éliminer les derniers (jihadistes) défaits (…), d’établir la sécurité et la stabilité dans la ville libérée, et de la débarrasser des mines et explosifs », selon son bureau.

La reprise de la deuxième ville d’Irak, principal bastion de l’EI, est le plus important succès de Bagdad depuis que le groupe extrémiste sunnite s’était emparé en 2014 de vastes portions du territoire.

– « Pas le coup de grâce » pour l’EI –

Mais la victoire, obtenue au prix de milliers de morts et blessés, d’un immense exode de la population et d’énormes destructions, ne marque pas pour autant la fin de la guerre contre l’organisation ultra-radicale, responsable d’atrocités dans les zones sous son contrôle et d’attentats meurtriers dans le monde.

« Ca n’est pas le coup de grâce pour l’EI », a prévenu Patrick Martin, analyste à l’Institut américain d’études des guerres, pour qui l’EI peut encore « resurgir et capturer du terrain urbain ».

L’EI contrôle toujours quelques zones en Irak, notamment les villes de Tal Afar et Hawija, au nord de Bagdad, et des zones désertiques de la province d’Al-Anbar (ouest), frontalière de la Syrie.

Le groupe extrémiste tient également des territoires en Syrie même s’il a perdu du terrain et que son fief de Raqa (nord) est assiégé par des forces soutenues par Washington.

A Mossoul, des membres des forces irakiennes ont brandi des drapeaux irakiens et ont fait le signe de la victoire.

« Cette victoire, c’est pour tous les Irakiens, pas seulement pour nous », a déclaré à l’AFP Mohanned Jassem, un membre du service du contre-terrorisme irakien (CTS), fer de lance de l’offensive lancée le 17 octobre, soutenue par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Le président français Emmanuel Macron, dont le pays est un membre actif de cette coalition, a déclaré que la France rendait « hommage à tous ceux, avec (ses) troupes, qui ont contribué » à ce que Mossoul soit « libérée ».

Le ministre britannique de la Défense Michael Fallon a adressé ses félicitations à Bagdad, mais estimé qu’il y avait « encore à faire » dans la région.

Les combats se sont intensifiés à mesure que l’étau se resserrait sur les jihadistes dans la vieille ville, un espace étroit et densément peuplé.

– Revanche pour Bagdad –

« Les combats ont été très durs, spécialement dans le Vieux Mossoul. C’était la plus difficile des batailles », a confié Haitham Mouhan Inaad, un soldat de la 9e division blindée de l’armée, qui dit avoir livré combats dans d’autres villes.

Pour les forces irakiennes, la victoire à Mossoul sonne comme une revanche.

La chute de la cité, le 10 juin 2014, avait été le symbole de l’effondrement de l’Etat irakien et de la débâcle de ses forces face aux jihadistes qui avaient déferlé sur l’ouest et le nord du pays.

L’armée avait alors laissé derrière elle armements et véhicules militaires, précieux butin pour les jihadistes.

Les neuf mois de campagne militaire ont entraîné une crise humanitaire majeure, marquée par la fuite de 920.000 civils, selon l’ONU dimanche, dont 700.000 sont toujours déplacés.

Piégés dans la ville, ls civils ont vécu dans des conditions « terribles », subissant pénuries, bombardements et intenses combats, et servant de « boucliers humains » d’après l’ONU.

« Les combats sont peut-être terminés, mais pas la crise humanitaire », a prévenu dimanche Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak.

– Civils traumatisés –

Parmi les centaines de civils qui fuyaient quotidiennement ces derniers jours, des journalistes de l’AFP à Mossoul ont vu une soixantaine de femmes et enfants, inconsolables et traumatisés.

Parmi eux Fatima, qui venait de revoir le ciel après quatre mois passés dans un sous-sol, sans « presque aucune nourriture ni eau ». Quand son groupe s’est mis en marche, son frère a été touché par une balle de sniper jihadiste, a-t-elle raconté.

Plus loin, une mère de famille, le visage défiguré par le chagrin, a dit à un soldat qu’elle venait juste de perdre son fils de 7 ans dans un bombardement au moment de leur fuite. « Je n’ai rien pu faire », criait-elle.

Mossoul était un symbole pour l’EI: son chef Abou Bakr al-Baghdadi y avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique après la proclamation d’un « califat » sur les territoires conquis en Irak et en Syrie.

Le sort de Baghdadi demeure incertain: probablement tué dans une frappe en Syrie, selon la Russie en juin, mais aucune confirmation n’est venue.

AFP

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