66 Juifs furent raflés dans la nuit du 27 au 28 août 1942 et remis aux Français de Vichy; 9 ont survécu

Dans un geste de repentance sans précédent, le prince Albert II de Monaco a demandé pardon jeudi pour le rôle joué par la principauté dans la déportation des Juifs vers les camps nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

La police monégasque avait en effet raflé plusieurs dizaines de Juifs qui avaient cherché refuge sur le Rocher, pensant être à l’abri des persécutions des nazis et de leurs collaborateurs français.

Le prince Albert II a dévoilé jeudi une stèle au cimetière de Monaco qui comprend les noms des 90 Juifs monégasques ou résidents, dont 66 furent raflés dans la nuit du 27 au 28 août 1942. Seul neuf d’entre eux ont survécu. Cet anniversaire sera désormais un jour de commémoration. L’intervention du prince s’est faite en présence du Ministre d’État Michel Roger et de Serge et Beate Klarsfeld, qui œuvrent depuis des années pour une meilleure connaissance de la Shoah.

« Le dire aujourd’hui, c’est reconnaître un fait. Le dire aujourd’hui, devant vous, c’est demander pardon », a déclaré le souverain de la petite principauté au cours d’un discours émouvant.

« Nous avons commis l’irréparable en livrant des …femmes, des hommes et un enfant qui étaient venus se réfugier chez nous pour échapper aux persécutions dont ils étaient victimes en France », a jouté le prince.

« Nous ne les avons pas protégés. C’était notre responsabilité. Ils étaient dans la détresse, ils sont venus spécifiquement chercher refuge chez nous pensant qu’ils y trouveraient la neutralité », a-t-il reconnu.

Cette sortie du silence par Albert II intervient à la suite d’un long processus entamé par le prince Rainier III en 1993. Dès son avènement, le prince Albert avait souhaité mener à son terme le recensement de tous les Juifs de Monaco capturés et déportés. Au printemps 2011, une commission d’experts avait débuté la rédaction d’un rapport, remis au prince en février dernier.

Il a fallu se plonger dans les archives policières de la principauté en 1944, et identifier chacune des personnes raflées. Et c’est avec l’appui des archives de Monaco et de la Sureté Publique que le travail a pu se faire, ouvrant la voie au prince pour cette reconnaissance historique, qu’Il avait promise aux familles des victimes.

Le Palais royal a comparé cet acte de repentance à celui du président Jacques Chirac en 1995 qui avait reconnu le rôle joué par la France dans la déportation des Juifs durant la Shoah.

Le président du Congrès juif européen Moshé Kantor a chaleureusement accueilli l’initiative monégasque. « Nous nous félicitons de l’événement d’aujourd’hui et du désir de la principauté d’examiner de manière adéquate son rôle au cours des jours sombres de l’occupation nazie. Il n’y a pas de prescription pour une vraie introspection et pour les regrets », a dit Kantor.

La principauté de Monaco était officiellement neutre lors du déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale en 1939. Elle a été ensuite occupée par les Italiens, puis par les Allemands. Le gouvernement monégasque mentionne les efforts d’un prêtre, d’un chirurgien et de quelques autres personnes pour protéger les Juifs à Monaco, puis des pressions auxquelles les autorités de l’époque auraient été soumises de la part des Français collaborationnistes de Vichy.

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