Parquet de Paris (Illustration). — A. GELEBART / 20 MINUTES
Meurtre de Sarah Halimi: Traoré va-t-il échapper à son procès?
Le caractère antisémite du crime était déjà écarté, dans une certaine indifférence
Les juges d’instruction estiment qu’il y a « des raisons plausibles » de conclure à l’irresponsabilité pénale du suspect.
Alors qu’il devrait être renvoyé aux assises, s’il est déclaré irresponsable pénalement, il ne sera pas jugé.
Le caractère antisémite du crime est également écarté, dans une certaine indifférence. De quoi indigner les proches de la victime !
Un bref rappel s’il en était encore besoin : dans la nuit du 3 au 4 avril 2017, Sarah Halimi, une sexagénaire juive, a été surprise dans son sommeil par Kobili Traoré, son voisin d’une vingtaine d’années, qui l’a martyrisée pendant vingt minutes aux cris d’ « Allahou Akbar », de « j’ai tué la sheitan » et d’insultes avant de la défenestrer du troisième étage.
Après une instruction de plus de deux ans pendant laquelle la circonstance aggravante d’antisémitisme avait été accordée avec peine du bout du stylo et les différentes demandes des parties civiles toutes rejetées (retenir la qualification d’actes de tortures et de barbarie, retenir la préméditation, procéder à une reconstitution…), après un réquisitoire définitif demandant enfin la mise en accusation de M. Traoré devant la Cour d’Assises de Paris, les juges d’instruction ont, quant à eux, estimé le 12 juillet dernier que ce dernier était susceptible d’être pénalement irresponsable et ont ordonné la saisine de la chambre de l’instruction pour que celle-ci tranche le débat.
Sans plus de surprise d’ailleurs, les juges d’instruction estiment désormais que la circonstance aggravante d’antisémitisme ne serait plus caractérisée…
On voudrait s’étonner de cette ultime ordonnance mais on n’y arrive pas compte tenu de cette instruction pour le moins chaotique.
Et pourtant.
Pourtant les trois expertises psychiatriques se contredisent tant sur l’examen de M. Traoré que sur les conclusions médicales.
Qui d’une pathologie mentale chronique, qui de son absence, qui d’une altération du discernement, qui d’une abolition…
Pourtant Kobili Traoré avait bien conscience de l’arrivée de la police sur les lieux de son crime au point de leur crier qu’une femme allait se suicider avant de la défenestrer.
Cette anticipation cynique de sa défense n’a pas éveillé la curiosité des juges d’instruction.
Pourtant Kobili Traoré a vécu vingt ans juste en dessous de chez Mme Halimi, au deuxième étage d’un immeuble dans lequel tous les occupants savaient que la victime était juive.
Pourtant Kobili Traoré a reconnu que la vue d’un chandelier à sept branches et d’un livre de prières en hébreu l’avait rendu plus agressif encore.
Pourtant Kobili Traoré fréquentait la mosquée Omar, rue Jean-Pierre Timbaud, connue pour ses accointances salafistes, et y était encore la veille de son crime.
Pourtant il arrivait à Kobili Traoré de rentrer chez lui en passant par les balcons, comme il l’a fait le soir du crime pour aller martyriser Mme Halimi. Lire la suite
Avec la justice de ce pays plus rien ne m’étonne.
Mes pensées vont à la famille de Sarah Halimi.
ROSA