Analyse: médias, djihad et antisémitisme, un cocktail explosif par Marc Brzustowski

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A l’occasion de la sortie de son livre, “Médias, djihad et antisémitisme, les liaisons dangereuses”, CoolAmNews a interviewé Marc Brzustowski, ‎Chercheur socio-anthropologie, éthique médicale et sciences politiques, rédacteur de Jforum.fr et auteur de plusieurs ouvrages sur l’islamisme.

 

CoolAmNews: pourquoi ces « liaisons dangereuses » entre médias, djihad et antisémitisme ?

Marc Brzustowski: Il fallait expliquer le caractère « hybride » d’une coresponsabilité dans la montée de l’antisémitisme en France. Pour l’opinion, la crédibilité de la source (médiatique) est prédominante. De l’autre côté, il existe des relais, des gangs qui manipulent l’information et s’en servent comme prétexte. Au bout du compte, « les mots tuent ».

 

CAN: Pourquoi une partie des élites françaises adopte, d’emblée, un discours déséquilibré sur le conflit israélo-palestinien?  

Imputer l’échec de la paix au camp réputé « le plus fort » sert à construire la position de l’Europe dans le jeu des puissances. Il y a une place à prendre pour faire contrepoids. En France, la victimisation des Palestiniens devient une sorte de « manne » ou une monnaie d’échange avec des franges désocialisées. Le conflit externe est l’exutoire à l’intégration qui fonctionne mal.

Dans le « Rêve Brisé » (2002) d’Enderlin, Arafat est une sorte de « Justine ou les malheurs de la Vertu » (de Sade), malmené par les calculs des différents dirigeants israéliens, excepté Rabin. Enderlin impute sa mort à l’ensemble de la « droite ». Toute son œuvre « historique » ne sert qu’à expliquer cette « prophétie auto-réalisatrice ». Au-delà de ce journaliste-vedette, on observe l’inflation d’un journalisme militant, qui accumule rapidement les interprétations tendancieuses :

Le « déclenchement de l’Intifada » par la montée de Sharon au Mont du Temple, où les incidents réels ne commencent que 30 heures plus tard. L’affaire Al Dura, ou Tuvia Grossman, en Une de Libération ; l’affaire Sarah Daniel, parlant de viol délibéré par la soldatesque sioniste… Ces légendes urbaines sont une redondance de l’antisémitisme moyenâgeux, relookée façon 2.0. On veut prouver que l’Intifada serait un « mouvement de colère  spontanée ». Or, les archives palestiniennes (j’insiste!) démontrent qu’elle est le résultat d’une stratégie à forte utilisation d’enfants en première ligne. Bandar Bin Sultan, des renseignements saoudiens, dit à Arafat que « ne pas accepter l’offre de paix n’est pas une faute, mais un crime » (interview 2003).

Les intellectuels font caisse de résonance par des dizaines de voix concordantes autour de ce “diagnostic” : E. Morin, R. Debray, S. Hessel, ou Balibar, Bourdieu, Derrida, la fine fleur… pétitionnent pour Marwan Barghouti, sorte de « Mandela » [Donc, ce ne sont pas que quelques municipalités communistes isolées et en perte de vitesse, du côté de leur popularité. C’est un « consensus » faussement « humaniste » qui délégitime le système judiciaire d’un Etat démocratique, comme s’il s’agissait d’une république bananière].

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CAN: Quelle est la part de responsabilité de ces “élites” dans l’aggravation du climat? 

En marketing, l’inscription dans la durée de messages répétitifs, vrais ou faux, a un effet capital : Chirac en personne boit les paroles de Leïla Shahid, qui désigne Sharon comme le coupable par excellence. Ces élites, dans la veine sartrienne, ont donné une légitimité à une forme de lutte « armée » contre des civils : le terrorisme-suicide.

Dès le début (2001), l’importation du conflit devient un enjeu électoral fort, par la lettre de Pascal Boniface au PS. Le clientélisme ne fait que s’aggraver, après Charlie-Hebdo-HyperCacher, en janvier 2015.

Mais  là où on croit ou feint de croire que les aspirations vont se porter sur un discours « laïc » de « solution à deux Etats », on se trompe lourdement. On est en bute à un « antisémitisme musulman », préalable à l’éclatement du conflit, qui ne supporte pas l’existence de cet Etat Juif. Cela sert de catalyseur aux défilés pro-Hamas, dont les cibles sont plus « juives » qu’israéliennes : synagogue de La Roquette, Sarcelles…

La cause des « Palestiniens » se cimente à partir d’une imagerie partagée via la culture télévisuelle, pour des Merah, Coulibaly,  Kouachi, qui ont grandi, nourris au biberon de la haine.

En culture musulmane, contrairement aux “milieux intellectuels qui prétendent l’établir avec “subtilité”, on ne fait pas la distinction entre “Juif” et “Sioniste”.

 

CAN: sans un encadrement politique radicalisé, pourrait-on plus efficacement, combattre cet antisémitisme 2.0 (qu’on dit : « nouveau »)?

Des groupes comme l’UOIF (Frères Musulmans) ont la bride sur le cou (1000 des 2 500 mosquées) ; continuer de commercer avec l’UOIF ou les Salafistes, c’est produire, chaque année, de nouveaux aspirants djihadistes. [NDLR : malheureusement, cette « prédiction » plus ancienne s’est avérée exacte le surlendemain de l’interview par CoolAmNews…]

La société française ne parvient pas à imposer une laïcisation ou modération à des « masses » musulmanes, dont certaines franges sont séduites par la radicalité… Elle est enseignée dans des écoles payées par le Qatar, où des gens comme Boniface viennent soutenir « l’effort de guerre idéologique » des Frères Musulmans. Sid Ahmed Ghlam enseignait dans une Mosquée UOIF de Saint-Dizier.

 

CAN: en conclusion : la paix est-elle morte à Camp David ou, plus tôt, avec I. Rabin, comme on veut le croire? 

La modération, s’il y en a une, viendra de l’extérieur des territoires palestiniens. Arafat n’est pas venu faire la paix avec Rabin, mais reprendre en main le Hamas et les Tanzim. Sa mort a scindé la cause en deux. On ne peut pas recoller les morceaux, à cause de l’état actuel de la région et des dissensions internes. Le Hamas fait la synthèse d’une cause panislamique indifféremment sunnite ou chiite -qui est celle des Frères Musulmans-, mais radicalement antijuive. Or, le modèle est en crise (Syrie-Irak-Yémen).

Il n’y aura de “solution à deux Etats” qu’entre deux sociétés à fortes tendances et institutions pluralistes et démocratiques (comme la France et l’Allemagne américanisée et… occupée d’Adenauer). Il paraît que ce n’est pas veille d’élection à Ramallah… Il faudra, d’abord assurer la stabilité de la région.

coolamnews.com

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