L’Iran menace de lancer des missiles sur Israël et le Golfe

Un média iranien proche de la ligne dure des gardiens de la révolution iranienne a publié une vidéo mardi menaçant Israël, ainsi que les capitales de l’ Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis, de lancer des attaques de missiles, ce qui augmente encore les tensions régionales après l’attaque de militants séparatistes contre un défilé militaire en Iran, ce week-end.

La vidéo twittée, et supprimée par la suite, par l’agence de presse semi-officielle Fars intervient alors que le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a accusé Riyad et Abou Dhabi d’avoir tué au moins 25 personnes et blessé plus de 60 autres.

La menace amplifie le malaise ressenti dans le grand golfe Persique, qui bouleverse l’économie iranienne, à la suite du retrait des États-Unis de l’accord nucléaire signé entre Téhéran et les puissances mondiales, ainsi que l’intervention des forces saoudiennes et émiraties en guerre au Yémen.

 

Par ailleurs, des responsables iraniens ont identifié mardi les cinq hommes qui ont mené l’attaque, accusés par les autorités d’être des séparatistes arabes. Au moins deux des hommes identifiés ont figuré dans une vidéo diffusée par le groupe État islamique dans sa propre revendication de la responsabilité de l’attaque d’Ahvaz. Cela complique davantage le processus de détermination de l’identité exacte de l’agression.

La vidéo de Fars montre des images d’archives de missiles balistiques lancés par la Garde Révolutionnaire, puis un passage graphique montrant une lunette de tir à la carabine sur Abu Dhabi aux Émirats arabes unis et à Riyad en Arabie saoudite.

On entend la voix de Khamenei dire : « L’ère du  » tir en rafale et de la fuite  » a expiré », dans la vidéo, d’après un extrait tiré d’un discours prononcé en avril par le chef suprême. « Une lourde punition est sur le point de tomber. »

L’Iran a tiré deux fois ses missiles balistiques avec rage ces dernières années. En 2017, en réponse à une attaque de l’État islamique contre Téhéran, la Garde Révolutionnaire a tiré des missiles sur des cibles en Syrie,dont 9 sur 10 ont échoué. Puis, au début du mois, elle a lancé une frappe lors d’une réunion des séparatistes iraniens kurdes dans le nord de l’Irak, tuant au moins 11 militants kurdes et en blessant une quarantaine.

Les Gardiens de la Révolution, une force paramilitaire responsable uniquement devant Khamenei, a le contrôle exclusif du programme de missiles balistiques de l’Iran.

Sous les ordres de Khamenei, l’Iran limite maintenant ses missiles balistiques à une portée de 2 000 kilomètres, ce qui donne à Téhéran la possibilité de frapper Israël, des pays du Golfe comme l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, ainsi que des bases militaires américaines régionales.

L’attaque de samedi visait l’un des nombreux défilés en Iran marquant le début de la longue guerre du pays avec l’Irak dans les années 1980, dans le cadre d’une commémoration connue sous le nom de « Semaine de la défense sacrée ». Des militants déguisés en soldats ont ouvert le feu alors que des rangs de soldats défilaient devant des responsables à Ahvaz.

 

Les séparatistes arabes de la région ont revendiqué l’attaque et des responsables iraniens les ont accusés de l’assaut. Les séparatistes accusent le gouvernement iranien, dominé par les Perses, de faire de la discrimination contre sa minorité ethnique arabe. La province iranienne du Khuzestan, dont Ahvaz est la capitale provinciale, a également été le théâtre de récentes manifestations sur la sécheresse au niveau national et ds manifestations économiques en Iran.

L’Etat Islamique (Daesh) a également revendiqué l’attaque de samedi, en fournissant initialement des informations incorrectes à son sujet et en publiant plus tard une vidéo de trois hommes qu’il a identifiés comme étant les attaquants. Les hommes de la vidéo, cependant, n’ont pas prêté allégeance ou ne sont identifiés comme des adeptes de Daesh.

Lors de la première attaque majeure de l’État islamique en Iran, en juin 2017, Amaq a publié des images de la scène. Cette vidéo a fourni des preuves de première main que les loyalistes de Baghdadi étaient coupables. [Voir le rapport du FDD intitulé Long War Journal , Analyse: Les premières attaques terroristes majeures de l’État islamique en Iran .]

L’organisation de Baghdadi a revendiqué à plusieurs reprises la responsabilité du massacre d’Ahvaz. Amaq a publié deux courtes déclarations quelques heures après l’attaque terroriste. Dans le premier message, Amaq a affirmé que les inghimasis du groupe, ou des guérilleros bien entraînés, avaient frappé le défilé alors que le président iranien Hassan Rouhani était présent. Amaq a rapidement publié une correction disant que Rouhani n’était pas présent.

L’État islamique a ensuite publié une revendication de responsabilité plus longue, affirmant que le groupe Wilayah Khorasan (ou «province du Khorasan», qui opère principalement en Afghanistan et au Pakistan, mais comprend également l’Iran) a mené l’attaque. Amaq a également publié un autre message, rappelant les pertes subies par les Iraniens. La dernière déclaration écrite d’Amaq comprenait une image d’autres combattants – pas les hommes présumés responsables de l’opération d’Ahvaz.

Puis, plus tôt, Amaq a publié sa courte vidéo.

Des images de la vidéo de l’État islamique montreraient trois des assaillants responsables de l’attaque à Ahvaz, en Iran:

Fars a déclaré plus tard que les responsables iraniens avaient identifié les attaquants comme étant : Hassan Darvishi, Javad Sari, Ahmad Mansouri, Foad Mansouri et Ayad Mansouri. Il a dit que deux d’entre eux étaient des frères et un autre était leur cousin.

Darvishi et Ayad Mansouri sont tous deux apparus dans la vidéo du Daesh. Un troisième homme de la vidéo ressemblait à Ahmad ou à Foad Mansouri, mais l’Associated Press n’a pas pu vérifier son identité de manière indépendante.

Les responsables iraniens ont maintenu que les séparatistes arabes ont mené l’attaque. Un porte-parole d’un groupe séparatiste d’Ahvaz a également identifié samedi l’un des attaquants, Ahmad Mansouri, dans une interview accordée à des journalistes de l’AP.

La télévision d’Etat a rapporté lundi soir que les autorités avaient arrêté 22 suspects liés au groupe derrière l’attaque et confisqué des munitions et du matériel de communication.

Le commandant par intérim des Gardiens, le général Hossein Salami, a juré de se venger lundi des auteurs et de ce qu’il a appelé le « triangle » de l’Arabie saoudite, d’Israël et des États-Unis.

« Vous êtes responsable de ces actions, vous en subirez les conséquences », a déclaré le général. « Nous avertissons tous ceux qui sont derrière l’histoire, nous nous vengerons. »

Khamenei, qui a le dernier mot sur toutes les questions d’Etat, a déclaré lundi que l’attaque avait montré que l’Iran avait « beaucoup d’ennemis », selon des propos publiés sur son site internet. Il a lié les attaquants aux États-Unis, à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.

« Certainement, nous punirons sévèrement les membres » de l’attaque terroriste, a-t-il ajouté.