Chers amis Musulmans,

Je ne vais pas y aller par quatre chemins. C’est comme cela que l’on doit faire avec les gens qu’on aime. Alors voilà : je ne suis pas d’accord avec ceux d’entre vous qui se lamentent ainsi : « Ca ne va pas être simple, après l’attentat contre Charlie Hebdo, d’être musulman ». Faux : c’est tout le contraire. Cela n’a jamais été aussi simple. Je propose, en effet, que désormais l’on appelle Musulmans ceux d’entre vous qui descendront volontiers avec nous, avec les laïcs, les athées, les catholiques, les protestants, les juifs, manifester dans la rue – pour le maintien de la paix, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité dans les rues de la République. Cela n’a jamais été aussi simple, pour un Musulman français républicain, que de montrer, que de prouver que l’islam n’a rien à faire, n’a rien à voir avec ce fascisme religieux qu’est l’islamisme.

Nous voudrions vous voir, en masse, vous, amis Musulmans français, défiler avec nous, signer avec nous des éditoriaux pour dire que vous n’êtes en rien concernés par les actes ignobles que quelques détraqués se réclamant du même Dieu que vous commettent ; nous voudrions défiler à vos côtés pour clamer que votre religion, fondamentalement, ne permet pas plus les atrocités qu’elle ne les contient. Non pas pour vous obliger à montrer patte blanche, pour vous contraindre à nous donner des gages, mais simplement pour le bienfait que cela peut apporter aux non-Musulmans.

Nous en avons envie, et nous en avons besoin. Notre 11-Septembre à nous s’est joué en deux actes. Acte un : les crimes de Mohammed Merah, où les victimes étaient triées ; acte deux : l’attentat contre Charlie, où les victimes étaient ciblées, nommées. Le terrorisme va, si j’ose dire, jusqu’à choisir à présent des victimes qui sont des non-anonymes, là où autrefois il était aveugle.

Nous voudrions, je voudrais que, pour une fois, on cesse de marcher sur des œufs avec vous, chers amis Musulmans français. On vous épargne trop, je trouve. Je vous le dis franchement. On a trop peur d’être pris (par vous) pour des racistes. Alors on n’ose pas. On s’excuse. Je n’ai pas à vous donner, à mon tour, des gages de non-racisme. Je n’ai pas, moi, en tant que Français républicain, à prendre de gants avec des citoyens français comme les autres, des citoyens comme les autres : les Français de confession musulmane. Je n’ai pas, chers amis Musulmans français, à vous traiter plus mal que les autres. Je n’ai, par conséquent, pas à vous traiter mieux non plus. Alors, amis Musulmans de France, je rêve que vous sortiez de votre mutisme relatif, mais somme toute réel, dans lequel vous êtes généralement blottis aux heures les plus noires du terrorisme salafiste, islamiste. Mieux que personne, amis Musulmans de France, parce que vous connaissez votre religion mieux que quiconque, pouvez nous expliquer pourquoi l’islamisme n’est pas l’islam. Nous voulons vous entendre. Non pas pour entendre vos explications (vous n’êtes pour rien dans cette barbarie), mais pour comprendre la maladie qui gangrène votre croyance. Cette croyance que nul, ici, n’entend remettre en question, en dehors de la Droite extrême.  Mais il y a un « mais » : vous n’êtes pas assez présents. Vous n’êtes pas assez pédagogues. Vous n’êtes pas assez conscients de la place que vous tenez au sein de notre pays, pays de la laïcité, c’est-à-dire pays qui sait, qui veut accueillir toutes les formes humaines de la foi. Vous n’êtes pas assez entendus, mais c’est aussi parce que votre voix ne semble pas complètement se faire entendre. J’ai pour vous un profond respect ; vous êtes un apport pour la société française.

Je connais bien votre religion, et je sais, pour l’avoir étudiée de près, pour être allé souvent dans les pays qu’elle irrigue, ce qu’elle comporte de beautés, de subtilités, de profondeur. C’est pourquoi, sans complexe, sans peur, sans scrupules (comme deux amis se disent les choses en face), je vous prends à partie. C’est pourquoi, dans ces quelques lignes emportées, écrites sous l’émotion, je vous malmène – avec autant de véhémence, de violence peut-être, que d’amour. Je ne supporte plus qu’on vous épargne, qu’on vous craigne (ni même qu’on vous conspue, qu’on vous néglige) : mais la vérité est que vous ne faites pas grand-chose pour nous aider à vous aider. Je sais bien ce que mon « vous » a d’absurde ; aucun Musulman ne ressemble à aucun autre. Mais vous comprenez bien ce que je veux dire. Ne jouons pas sur les mots. Aidez-nous, aimez-nous ; nous vous aiderons encore mieux, nous vous aimerons mieux. Merci. Choukran.

Yann Moix – La règle du jeu

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BENSIMON

Tout à fait d’accord

COHEN Patrick

C’est un très beau message de Yann Moix, ami indéfectible de la communauté juive, mais peut-être beaucoup trop subtile pour nombre d’intervenants de ce forum, c’est bien regrettable !

Maguid

C’est là la plus parfaite expression de la plus totale dhimmitude.

Inglorious bastard

Le texte dit tout haut ce que nous pensons et disons tout haut depuis des lustres à une exction près. Il ne s’agit pas de musulams français mais de français tout court. Â supposer que l’auteur s’arquebpute sur l’expression, pourquoi ne lui viendrait il- t pas à l’idée de nommer les choses correctement : à la limite, il pourrait davantge s’agir de FRANÇAIS. Musulmans. La nuance est de taille.
Cordialement.

mantione

Ci on est envahit par le térorisme c’est que le gouvernement ne fait pas son travail

Alex E. MERALI

Bla-bla que tout ceci. On ne descend pas dans la tranchée en talons-aiguilles, Monsieur. Vous prétendez « que l’islam n’a rien à faire, n’a rien à voir avec ce fascisme religieux qu’est l’islamisme », alors que la triste réalité est qu’il n’y a aucune différence entre les deux. Vous prétendez avoir bien étudié cette religion en « ce qu’elle comporte de beautés, de subtilités, de profondeur », mais vous omettez d’évoquer les horreurs qu’elle recèle et dont procèdent directement toutes les atrocités commises. Votre soi-disant lettre « un peu désagréable » n’est, en fait, qu’obséquiosité et acceptation de la terrible bien-pensance qui refuse de voir le terrible danger que constitue l’islam pour l’avenir des pays où il s’immisce, comme un cancer qui, peu à peu, ronge l’organisme jusqu’à sa destruction. L’aveuglement, volontaire ou non, se paie tôt ou tard. Lorsque vos « amis musulmans » vous présenteront leur note et que vous ouvrirez les yeux, il sera trop tard et vous et vos pays si accueillants serez perdus. Grand bien vous fasse.

Maguid

TOTALEMENT d’accord.

BENSIMON

Tout-à-fait d’accord;

Alex E. MERALI

Bla-bla que tout ceci. On ne descend pas da

MALACRIA Michèle

Voilà il nous faut des personnes comme çà qui osent dire ce que tout le monde pense. Très courageux témoignage. MERCI pour ces paroles de vérité.